Généalogie de la famille DUCOS - PONTET

La famille du côté d' Amiet DUCOS

Son père : Paul "Charles" DUCOS

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Dans le temps :


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DUCOS
Marie
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Louis
ROSSIGNOL
Louisa
LALLEMAGNE
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Suzanne
LAROCHE
Julien
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CAREL
Alcide
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Ma
BOUSCARRUT
Richard
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RAYMOND
Jeantil
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MONNEREAU
Emile
JUSTE
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ABRIBAT
Charles
DUCOS
Louise
ROSSIGNOL
Charles
GUIBERT
Joséphine
PONS
René
PONTET
Lucienne
JUFORGUES
Henri
GOFFRE
Henriette
JUSTE
Amiet
DUCOS
Marcelle
GUIBERT
Henri
PONTET
Yvette
GOFFRE
Mon père Ma mère
Moi

 

(raconté par Pierre Ducos)

 

L'enfance


Carte des villages de Listrac-Médoc

 

 

Paul dit Charles DUCOS  8  est né le 13 mars 1873 à 15 heures, à Libardac. Il est le petit dernier d'une fratrie de 5 enfants, et grandit au milieu des vignes et des pins de Libardac avec ses soeurs Albertine, Laure, Anne (qui meurt quand Charles n'a que 4 ans) et son frère François. La perte de son père Bertrand DUCOS  16 , la même année que sa soeur Anne en 1877, est douloureuse pour l'ensemble de la famille, et sa mère Marie FATIN  17 devra avec énormément de courage élever seule les 4 enfants qui lui restent.


Avec ses yeux bleus, ses cheveux châtain foncé et son petit 1,58 m, Charles est le plus remuant de la famille. Il est d’abord le premier DUCOS à savoir lire et écrire, et fort de cette instruction, il ne trouve guère d'intérêt à travailler la vigne. C'est pourtant bien le métier qui lui est destiné, à lui comme à tous les hommes de la famille...

A 18 ans, il travaille comme domestique et vigneron dans la propriété de Pierre Edmond BOSQ, cultivateur à Libardac (recensement 1891). Mais Charles ne se sent décidément pas l'âme d'un paysan, et ne suivra pas le chemin qu'on a tracé pour lui : il commence sa vie en étant charretier.

 

Ses signatures : Signature Paul Ducos   Signature Charles Ducos

L'armée

Listrac-Médoc
Charles DUCOS à l'armée en 1893

Charles fait son service militaire dans la classe 1893, sous le numéro matricule 3782. Incorporé le 16 novembre 1894 à Belfort dans le 35ème Régiment d’Infanterie, 7ème Compagnie, il devient soldat de 1ère classe le 27 août 1896 et sera libéré le 28 septembre 1897. Par son livret militaire, on apprend qu'il ne sait pas nager. Cela ne l'empêche pas d'obtenir son certificat de bonne conduite. Dans le cadre de son instruction militaire, il met à contribution son goût pour l'aventure en occupant le poste d'éclaireur titulaire de la section gauche.

Entré dans la Réserve de l'armée active le 1er novembre 1897, Charles accomplira 2 périodes d’exercices dans le 144ème Régiment d’Infanterie de Bordeaux, 13ème Compagnie, en 1901 et en 1903.

 

Charles et Louise DUCOS
Charles et Louise DUCOS

 

Début de carrière

Côté coeur, Charles épouse Louise ROSSIGNOL  9  le 9 novembre 1899 à Moulis. Le couple s'installe à Libardac, dans la maison située à côté de celle occupée par sa mère Marie FATIN  17 et son frère François "Constant" DÉCAUX. C'est là que le jeune marié cultive momentanément le raisin, et donne bientôt naissance à un fils, Pierre dit Amiet DUCOS  4. Le recensement de Listrac de 1901 précise qu'à 28 ans, il travaille pour le propriétaire listracais TEYSSONNEAU.

Mais Charles n'apprécie vraiment pas de travailler la vigne, et le 6 février 1903, il part à Saint-Laurent-Médoc, proche de la gare, où il devient épicier. Il se révèle avoir plus de tempérament pour être commerçant, voire homme d'affaires, que pour être agriculteur.

Puis il embarque sa famille à Talence (quartier « Plume la poule »), dans une maison appartenant à ses employeurs, la famille LAPIERRE, gros commerçants dans l’import-export. Ce quartier « Plume la poule » fut appelé ainsi depuis l'instauration d'une taxe supplémentaire (l'octroi) aux éleveurs des alentours qui venaient vendre leurs volailles vivantes dans Bordeaux ! Pour éviter le paiement de cette taxe, ils tuaient et plumaient leurs bêtes avant d'entrer dans la métropole girondine.

Un beau jour de 1906, pour je ne sais quelle affaire, Charles doit prendre le train. Par oubli, ou par provocation on ne saura jamais, notre voyageur ne paie pas son billet... Le voilà donc devant le contrôleur en train de lui signifier son infraction, et on peut supposer que Charles ne se laisse pas intimider devant le représentant de la police des Chemins de fer ! Car la Compagnie le renvoie devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, le 30 novembre 1906. Le jugement rendu ledit jour le condamne seulement à un franc d'amende... Nul doute que l'éloquence et le bagou de l'homme d'affaires de 33 ans ont exprimé tout leur potentiel pour le tirer de ce mauvais pas !

La même année, on retrouve Charles, Louise et le petit Amiet listés dans le recensement, mais habitant au bourg de Listrac. Dans la profession du chef de famille, il est écrit "voyageur de commerce" pour divers patrons ; on dirait aujourd'hui VRP... Mais dans l'acte de décès de sa fille, Madeleine-Marie, le 18 mai 1907, ils habitent à La Poterne, un hameau de Listrac ! Décidément, ce bonhomme ne tient pas en place... Sa profession est alors "commissionnaire", c'est-à-dire qu'il se charge de transporter des marchandises pour LAPIERRE, moyennant un droit de commission.

Puis, le 9 février 1908, Charles part s'installer à Cenon, dans la banlieue est de Bordeaux, chez M. ESTRADE. Cette dernière information est notée sur sa fiche matricule, dans la rubrique "Localités successives habitées", mais je n'ai pas de précisions sur qui était M. ESTRADE et pourquoi Charles habitait chez lui... Habitait-il temporairement chez un ami, avant de faire le grand voyage ?

Pour remonter plus loin...

Pour le jugement du tribunal correctionnel de Bordeaux, le document des arrêts correctionnels pour l'année 1906 porte la côte 2 U 545, mais n'est pas en ligne.

Sur la liste de recensement de 1906 à Cenon (p.178/573), on trouve Léonard ESTRADE, né en 1872 à Beynotte, propriétaire agriculteur, vivant au bourg de Cenon avec sa famille et 2 domestiques. En 1911 (p.248), ESTRADE est patron et négociant, ce qui implique qu'il ne travaille pas chez LAPIERRE. Mais pas de Charles DUCOS vivant chez lui. Soit il est déjà parti en Amérique, soit il n'a pas été compté par le recenseur puisqu'il ne réside pas dans la commune (comme il est écrit dans la notice administrative p. 238).

Dans l'Annuaire du tout Sud-Ouest de 1907-1908 (Gallica), qui liste tous les notables de la région, j'ai cherché la trace de ce monsieur, mais je n'ai rien trouvé... Il y a par contre un J.B. LAPIERRE (p.468), "Ile Patiras à St-Androny, Blaye, Etaulier" mais je ne crois pas que ce soit le négociant qu'on recherche puisqu'il est au Paraguay.

Dans l'Annuaire de 1904 et celui de 1911, pas d' ESTRADE non plus, mais le même LAPIERRE. Apparté : ces annuaires contiennent de très belles gravures de portraits et de châteaux du département.

Dans l'annuaire de 1891 (version papier), j'ai trouvé un ESTRADE négociant à Ste-Hélène (p 1395), mais rien à Cenon. Je n'ai pas trouvé de LAPIERRE (Jean, Etienne ou Stéphane) à Talence, ni Gradignan, ni Villenave-d'Ornon.

 

L'aventure américaine

Ets Lapierre au Paraguay
Les Etablissements LAPIERRE y Cia au Paraguay

 

A Asunción, capitale du Paraguay en Amérique du Sud, se trouve une entreprise d'import-export fondée en 1884 : "LAPIERRE y Cia". Cette entreprise se situe à l'angle des rues Montevideo et Benjamin Constant. Elle a été créée par deux français, les frères Esteban A. et Juan LAPIERRE, et est spécialisée dans l'importation d'articles de magasin, de mercerie, de bazar, et dans l'exportation de tabac, d'essence de fleurs, et d'huile de petit-grain (distillat de fleurs et de branches d'oranger et de citronnier, utilisé en parfumerie et en cosmétique) vers l'Europe et les Etats-Unis.

Ci-contre, la photo de Esteban A. Lapierre. Source : site desdeparaguayonline.com.

 

 

Pour remonter plus loin...

Quelques recherches sur l'employeur de notre ancêtre, Esteban LAPIERRE :

  • J'ai trouvé un fascicule "Notices sur le Paraguay", édité par Enrique Plate en 1899, vantant les mérites du pays au niveau de l'investissement que les étrangers peuvent y faire et des bénéfices qu'ils peuvent en retirer. Plus loin, on trouve une liste d'entreprises d'import-export qui sont déjà implantées. Parmi elles, une entreprise nommée "La Industrial Paraguaya" se trouve située rue Paraguayo Independiente, à Assomption. Elle est spécialisée dans la production de la Yerba Maté, une plante dont la consommation est très prisée à l'époque en Amérique du Sud à l'instar du café ou du thé en Europe. Le gérant de cette société, au capital de 8 millions de dollars, est Esteban LAPIERRE.

Question : pourquoi Esteban LAPIERRE n'est-il que le gérant de cette société qui n'est pas l'entreprise LAPIERRE, et pourquoi la société LAPIERRE ne figure-t-elle pas dans cette liste alors qu'elle fut créée en 1884 ?

  • Dans un autre document sur l' "Historique de la Chambre Nationale de Commerces et de Services du Paraguay", on trouve la liste de ses dirigeants et de ses membres depuis sa création en 1898. Don Esteban LAPIERRE est cité comme membre de la CNCS à partir de janvier 1903. Il en devient le 2ème vice-président en février 1909, puis 1er vice-président en avril 1912 jusqu'en mars 1917. Ensuite il n'est plus cité du tout jusqu'en mars 1920 où il redevient 2ème vice-président jusqu'en 1921. On ne le trouve plus après cette date.

LAPIERRE travaille pour la Chambre du commerce en parallèle de son activité d'import-export. C'est à l'époque où il en devient vice-président que Charles DUCOS part pour le Paraguay. Est-ce parce que, le poste de vice-président demandant plus d'implication de la part de LAPIERRE, celui-ci avait moins de temps à consacrer à sa société, qu'il demandait à Charles de venir le "remplacer", ou du moins le seconder dans la gestion de ses affaires ? Cela me paraît plus que plausible.

  • Dans le "Bulletin de l'union Pan-Américaine" de juillet 1913, volume 37, l'ambassadeur du Paraguay à Washinton donne des renseignements dans le bulletin mensuel. Parmi ceux-ci, cette information traduite de l'anglais par mes soins : "Le gouvernement équatorien a créé un consulat général à Asuncion à la charge de Sieur Esteban LAPIERRE".

Dirigeant de société, vice-président de la Chambre du commerce du Paraguay, et ambassadeur de l'Equateur à Asuncion, ça fait un peu beaucoup pour un seul homme quand même ! Un homonyme ? Peut-être, mais l'alliance du prénom Esteban et du nom Lapierre ne doit quand même pas être courante au Paraguay !

  • Dans le "Bulletin des tribunaux" de janvier, février et mars 1921, on trouve au 10 mai 1919 un drôle de document écrit en espagnol sur une action judiciaire : "Plainte pénale déposée par Marcelino Jorba contre Esteban Lapierre pour injures et calomnies dans cette capitale". Les faits sont bien antérieurs, et un premier jugement daté du 7 mars 1914 est rendu. Mais le 3 avril, LAPIERRE oppose une prescription des faits pour suspendre le jugement. Le 7 mai, le juge lui donne raison et ne l'inflige d'aucune peine, même s'il est prouvé que les injures ont bien été proférées ! Le plaignant Jorba demande alors à casser ce jugement, mais celui de 1919 confirme le jugement précédent.

Deux questions ici : cet Esteban est-il bien le patron de notre ancêtre ? Et qu'a-t-il bien pu dire comme injure à ce Jorba et pourquoi ? Marcelino Jorba est un des directeurs de la Banque de la République créée en 1908. Un différend sur la façon de prêter aux entreprises, et sans doute sur les conditions, est sûrement à l'origine de cette brouille, les intérêts des banques n'étant pas les mêmes que ceux des entrepreneurs. Mais ceci ne nous apprend rien sur notre ancêtre.

 

Charles connaissait certainement quelqu'un en Gironde qui travaillait en partenariat pour cette entreprise. Peut-être est-ce Léonard ESTRADE, négociant pour son propre compte mais qui faisait sans doute affaire avec les LAPIERRE ? En tout cas, vers 1911, il prend une décision qui va changer sa vie et lui donner l'occasion de s'épanouir pleinement dans les affaires. Charles et sa femme prennent le bateau pour un voyage qui dure un peu plus de 3 semaines.

Traversée Atlantique
Le périple de Charles et Louise vers l'Amérique du Sud

Le couple monte à bord d'un paquebot des Messagerie Maritimes (ou bien de la Compagnie Générale Transatlantique). Ce bateau dessert les ports de Bordeaux, Lisbonne, Dakar, puis traverse l'océan au plus court pour faire escale dans l'état brésilien de Pernambouc (capitale Recife), puis dans l'état brésilien de Bahia (capitale Salvador), ensuite Rio de Janeiro, Montevideo et enfin Buenos Aires. De là, Charles et Louise s'embarquent par un autre moyen de transport à Asunción.

 

Amérique du Sud
L'Amérique du Sud : Asunción au Paraguay, puis Buenos-Aires en Argentine

 

Bateau Amazone

Port de Buenos-Aires
En haut : le paquebot "Amazone" entre 1905 et 1912. - En bas : Buenos-Aires, passagers embarquant sur le paquebot "Atlantique" des Messageries Maritimes
Pour remonter plus loin...

Le but est de trouver des informations sur le trajet : sur quel bateau, la date du départ et celle de l'arrivée, et si possible les conditions du voyage.

Ce site d'un passionné nous donne quelques éléments généraux.
Ici un site sur les familles qui ont émigré vers l'Argentine et le Paraguay.
Le site des immigrants français en Argentine Gen Francesa : rien sinon une veuve DUC née DUCOS (p. 28) qui a pris le bateau en 1925.
Ce registre du Consulat de Buenos Aires (p. 10), où on trouve un DUCOS Gaston Charles, avec le matricule 20146. Pas de Rossignol.
La page concernant les départs du port de Bordeaux, mais les résultats trouvés ne semblent correspondre qu'aux 18è et 19è siècles. On nous dit en espagnol que beaucoup des registres ont été perdus...
Le site des visas en Bordelais semble prometteur, mais ne s'intéresse qu'au 19è siècle... (sauf liste passagers jusqu'en 1909).

Sur ce site d'immigration en Amérique latine (Buscador CEMLA), écrit en portugais, la première ligne est assez surprenante :

Apellido Nombre Edad Estado Civil Nacionalidad Lugar de Nacimiento Profesión Fecha de Arribo Barco Puerto
DUCOS P. 33 S FRANCESA DESCONOCIDO JORNALERO 1905/01/13 AMAZONE BURDEOS
DUCOS JUAN 49 C URUGUAYA DESCONOCIDO DESCONOCIDA 1906/10/09 MAGELLAN BURDEOS
DUCOS CELINE 28 S FRANCESA DESCONOCIDO MODISTA 1909/08/29 ASTURIAS CHERBURGO
DUCOS C. 800 D DESCONOCIDA SIN DATO DESCONOCIDA 1910/04/09 ARAGUAYA CHERBURGO
DUCOS CECILE LALEU 28 C FRANCESA DESCONOCIDO PROPIETARIO 1910/09/10 ASTURIAS CHERBURGO

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En clair, un P. Ducos (Paul ?), âgé de 33 ans (en 1905, soit né vers 1872), d'état civil S (Solterão, soit célibataire ?), de nationalité française, lieu de naissance inconnu, profession de journalier, date d'arrivée en Argentine le 13 janvier 1905 sur le bateau Amazone (paquebot de la Compagnie des Messageries Maritimes), venant du port de Bordeaux. Beaucoup d'éléments semblent correspondre (l'âge, la nationalité, la profession et le fait de partir de Bordeaux), mais le fait qu'il soit déclaré célibataire (alors que marié en 1899) et la date d'arrivée en 1905 (alors qu'il habitait Cenon en 1908) ne collent pas. Et rien concernant une ROSSIGNOL sur ce site. Donc fausse piste.

Concernant le bateau Amazone, on trouve le site Visas en Bordelais, le Musée Ciotat, et le site des Messageries Maritimes. J'en cherche un qui donne la liste des passagers... Les site French lines semblait intéressant, mais après contact on me répond qu'il n'y a pas de Paul Charles DUCOS ni de Louise ROSSIGNOL dans leurs listes de passagers. Beaucoup de registres n'ont pas été conservés, notamment concernant les traversées à destination de l'Amérique du sud.

D'autres bateaux ont fait la traversée dans les années 1911-1912 : outre l' "Amazone", il y a aussi l' "Atlantique", le "Yang-Tsé", le "Chili", le "Magellan", le "Strathay", l' "Amiral-Ponty", le "Strathallan", le "John-Hardle", et la "Cordillière". J'ai relevé ces noms sur les différentes éditions de La Petite Gironde de 1911 et début 1912, dans la rubrique "Chroniques maritimes" ou "Dépêches maritimes" qui donne les noms des bateaux, leurs dates de départ ou d'arrivée, et leurs destinations.

Sur le site de France Diplomatie, Diplomate.gouv.fr, on trouve l'Etat général des fonds (p.44/228) :

BUENOS-AIRES (consulat, puis légation et ambassade) ◦ 132PO/2/1-131 (Env. 1880-1922)
143 articles (numérotés de 1 à 131), soit 15,04 m.l. - Etat de versement, poste et CADN, avril 1999, 12 p., dactyl.
Annexe 1 : Inventaire analytique des dossiers nominatifs contenus dans les articles 44 à 100, avril 1999, 30 p., dactyl.
Annexe 2 : Inventaire analytique des dossiers d’affaires contenus dans les articles 44 à 100bis, avril 1999, 31 p., dactyl.

Les fonds des archives France Diplomatie contenant les registres et dossiers d'immatriculation sont situés à La Courreneuve et à Nantes, la consultation se fait sur place (grrr) et "bientôt" en ligne... mais quand ?? Aucune date n'est précisée. A voir de temps en temps.

J'ai contacté l'ambassade de France à Asumpcion (Paraguay) en 2021 : ils m'ont répondu que les archives ont été transférées à Buenos Aires (Argentine) depuis la fermeture de la section consulaire au Paraguay. J'ai donc contacté l'ambassade de France en Argentine : ils m'ont dit de m'adresser au centre d'études migratoire qui peut délivrer un certificat d'arrivée en Argentine entre 1882 et 1929. Les coordonnées de ce centre : - Centro de estudios migratorios Padres scalabrianos
Independencia 20 - 1099 Buenos Aires
Téléphone :(54.11) 43.42.67.49 – 43.34.77.17
Fax :(54.11) 43.31.08.32
base@cemla.com

Rechercher aussi le passeport de Charles et Louise. Aux AD33, ils n'ont que des passeports de 1800 à 1889. Ceux des habitants de Listrac, Moulis et Avensan sont listés ici, mais rien qui nous intéresse.

Sur place aux AD33, les listes de passagers émigrants au départ à Bordeaux sont disponibles, pour les Messageries Maritimes, de 1902 à 1904 (4 S 290) et de 1905 à 1909 (4 S 291). Ont-ils la période suivante ?

Le Paraguay est alors en proie à l'instabilité politique, et connaît en alternance des périodes de stabilité et des coups d'état. C'est dans ce contexte pour le moins tendu que Charles travaille chez "LAPIERRE y Cia" à Asunción. Louise travaille également pour cette société en tant que cuisinière. D'ailleurs, quand elle sort pour aller faire les courses dans les magasins de la capitale, Charles est toujours inquiet qu'elle ne rentre pas, car avec l'accent espagnol il se plaint que "dehors, c'est la revoluciòn !".

Pour remonter plus loin...

Pourquoi est-il parti en Amérique ? Il y a peut-être une autre explication que le voyage pour son employeur. Le problème du phylloxera est d'une urgence absolue en ce début de XXème siècle, car il détruit la vigne française. La vigne américaine est, elle, immunisée contre cet insecte, et l'idée d'une hybridation entre la vigne américaine, résistante, et la vigne française, qualitativement incomparable, fait son chemin. Quoi de mieux, pour étudier la vigne américaine et sa greffe, que de partir pour l'Amérique ?

On sait que plus tard, Charles réussira dans l'ampélographie, les greffes des cépages, pour sauver les vignes dans le Médoc. Est-il allé chercher toutes les connaissances nécessaires à cette entreprise au Paraguay et en Argentine ? Une piste très intéressante, à mon sens, même si ni l'Argentine ni le Paraguay ne sont connus pour avoir participé de façon active aux recherches ampélographiques. L'Ecole d'Agronomie de Mendoza, fondée en 1853 au coeur de la zone viticole argentine, est peut-être le lieu où Charles s'est rendu pour acquérir des connaissances qui lui seront bien utiles par la suite.

Sources intéressantes : La vigne américaine au secours de l'Europe,

Asuncion
Vue d'Asuncion, Paraguay - 1905

 

Puis, après 1914, il change de pays pour travailler à Buenos-Aires, en Argentine. Il habite alors dans la capitale à l'adresse Calle (rue) Arroyo 838. Le pays est à cette époque en pleine prospérité économique : les investissements étrangers, et notamment européens, se multiplient pour développer l'infrastructure, l'exportation des matières premières et l'importation de produits industriels. Il y a tant à faire que de nombreux émigrés européens s'installent dans le pays, et un homme d'affaires aussi avisé que Charles ne peut que s'y épanouir. Sur son passeport, sa profession est simplement "employé", sans aucun détail supplémentaire.

 

Buenos Aires
Vue générale de Buenos Aires, Argentine - 1905

 

Calle Arroyo
838 calle Arroyo à Buenos Aires, Argentine, de nos jours - Photo : Google Maps
Pour remonter plus loin...

Le site Paraguay 1900 comporte une page intéressante (en espagnol bien sûr) sur l'entreprise Lapierre y Cia.

Que faisait-il exactement au Paraguay et en Argentine ? Si on sait qu'il travaillait chez Lapierre y Cia au Paraguay, on ne sait pas pour qui il travaillait en Argentine. Une succursalle de Lapierre ? Je ne trouve pas de trace de cette entreprise en Argentine sur le Web. Un concurrent ? Ou bien a-t-il totalement changé d'activité, certainement parce qu'il était mieux payé ? On n'a retrouvé aucun document le concernant, datant de cette époque. De ce fait, son rôle reste encore très mystérieux...

Pendant la Grande Guerre

Articje La Petite GirondeSur le plan militaire, le soldat Charles DUCOS passe dans l'armée territoriale le 1er octobre 1907 à l'âge de 34 ans. Mais le 27 février 1908, la commission spéciale de Bordeaux prend la décision de réformer Charles pour des problèmes de santé. Il est noté sur son carnet militaire " Réformé N°2 ", ce qui signifie une réforme pour infirmité, en l'occurrence des varices volumineuses, et qui le prive de toute pension ou solde.

Extrait du Petit Journal du 10 septembre 1914       

En effet, les veines de ses jambes sont endommagées, dilatées et tordues, et le sang qui revient vers le coeur y circule mal. Les valvules des veines, qui doivent empêcher le sang de refluer, ne font pas leur travail, et le sang stagne dans ces veines qui se dilatent, et forment des varices. Le soldat qui est atteint de cette maladie n'est pas admis dans le service armé.

A la veille de la Grande Guerre, Charles passe dans la Réserve de l'armée territoriale le 1er octobre 1913. Mais suite à une décision du conseil des ministres du 9 septembre 1914, qui siège à Bordeaux, nouvelle capitale provisoire, les hommes réformés n°1 et n°2 devront passer une nouvelle visite médicale. Cette mesure cherche à démasquer les tricheurs et à renflouer un peu plus les armées françaises en soldats.

Charles se plie donc à cette directive et passe alors une nouvelle visite médicale devant le Conseil de révision, au Consulat de France à Asunción le 19 septembre 1914. Le Conseil confirme cette décision de réforme pour varices volumineuses, avec une justification du ministère des affaires étrangères datée du 16 septembre 1914. Une contre-visite en 1915 rend la même décision.

 

Charles ne fera donc pas la guerre de 1914, mais ses activités réelles en Amérique du Sud restent aujourd'hui encore une énigme. Il ne reviendra en France avec sa femme que le 25 octobre 1918, à l'âge de 45 ans, en débarquant en Espagne (certainement dans le port de Barcelone), et en entrant par le train sur le sol français à Cerbère.

Il est définitivement libéré du service militaire le 1er octobre 1919, à l'âge de 46 ans.

 

Pour remonter plus loin...

Concernant le trajet retour, je n'ai pas pu relever d'information dans les différentes éditions de La Petite Gironde d'octobre 1918, car la rubrique Chroniques maritimes qui donnait les noms des bateaux est plus espacée, et ne couvre pas la période qui nous intéresse. De toutes façons, comme il a débarqué en Espagne en provenance de Buenos-Aires, il était peu probable que ce soit écrit dans le journal girondin...

 

La maison de Libardac

Après leur retour du continent américain, les époux DUCOS reviennent donc vivre à Libardac. Ayant déjà hérité des landes à Bernones par son épouse du côté ROSSIGNOL, Charles commence, entre 1919 et 1926, à acheter des terres à Listrac (vignes sur la route de Donissan, au Tris, à Fonréaud et à Gayon).

Un premier achat a lieu le 6 janvier 1919 au cultivateur Pierre FAURE, pour un prix de 1 000 francs. Il s'agit des 2 parcelles suivantes situées à Listrac :

Le 17 janvier 1919, devant Me GOURDON notaire à St-Laurent, Charles achète au cousin de sa femme, Camille NIVEAUD, tous les immeubles qui lui appartiennent, à savoir :

Cette vente concerne aussi des meubles qui se trouvent dans une maison de Listrac appartenant à Armand NIVEAUD, frère de Camille le vendeur :

Le total des biens meubles est estimé à 400 francs, et celui des immeubles à 3 000 francs.

Les 25 janvier et 22 février 1919, c'est à Jean SAUTS, agissant au nom d'une institutrice de Jonzac qui ne peut se déplacer, Marie Sara FRAYSSINEAU, que Charles achète :

Le prix de cette vente est de 423,60 francs. Le domaine de Charles se constitue peu à peu.

Puis le 10 février 1919, Jeanne CONSTANTIN, veuve de Jean EYQUEM son premier époux et séparée de son second mari l'artiste-peintre Hugues Fernand ROPION, fait aussi une vente importante à Charles, pour un prix de 1 200 francs :

 

La maison du Coous à Libardac
La maison du Coous dans le village de Martins à Libardac

 

L'acte qui va suivre est d'une importance capitale. Le 20 février 1920, il achète la maison de Martin dit le « Coous » à Libardac, (une maison d’habitation, un chai, un cuvier et une écurie), avec les 2 près attenants (l'un de 62 ares, l'autre de 70 ares) et les bois qui l’entourent. Ce bien appartenait déjà à son grand-père Pierre DUCAUTS  32  , mais avait été saisi par huissier au préjudice de la succession de François DUCAUTS (le frère aîné de Bertrand DUCAUTS  16, décédé en 1877). Suite à cette saisie, M. et Mme CASSE l’achètent aux enchères le 27 mai 1881 pour 18 600 Francs, et en font don à leur fille, Mme AUPIN le 4 février 1897. C’est à elle que Charles, en homme d'affaires averti, rachète finalement la propriété, pour le prix de 8 000 Francs !

Etiquette Château St-MartinLa propriété qu'achète Charles n'est pas dans un bon état. C'est sans doute pour cela qu'il ne l'a payée très cher ! En effet, les vignes ont été mal entretenues, et peuvent difficilement (voire pas) produire du vin les premières années. Le premier travail est donc de remettre tout l'ensemble en état avant de lancer les premières productions. De plus, il faut trouver un nom sous lequel produire le vin. La maison se trouvant dans le lieu-dit Les Martins, Charles décide de donner au vin issu de sa propriété le nom de "Cru Saint-Martin". Pourtant situées sur un terroir idéal de graves et argilo-calcaire, les vignes, réparties en 70% de Merlot et 30% de Cabernet-Sauvignon, mettront cependant quelques années à produire du bon vin. Plus tard, il obtiendra l'autorisation de changer "Cru" pour "Château", terme bien plus vendeur !

Mais il faut savoir que depuis la fin du XIXème siècle, un puceron fait des ravages dans les vignes françaises, et donc celles du Bordelais : le phylloxera. Il s'attaque aux racines de la vigne et bloque la circulation de la sève ; le cep s'asphyxie et meurt. De plus, l'insecte se multiplie et prolifère extrêmement rapidement, faisant mourir de proche en proche les vignes du continent européen. Aux Etats-Unis, ce puceron existe aussi, mais la vigne américaine a développé une protection contre lui, des cellules ligneuses qui l'immunisent totalement. L'idée est donc d'importer de la vigne américaine en France, et en faire un hybride avec la vigne française pour bénéficier de la résistance de l'une et de la qualité de l'autre. Charles a bien compris que pour sauver son activité, il faut greffer la vigne européenne (greffon) sur la vigne américaine (porte-greffe), et se lance dans l'exécution de cette technique. Il n'est sans doute pas le premier à le faire dans le Médoc, mais "sa" solution fonctionne parfaitement, et produit à la fois des vignes résistantes et un vin de qualité.

Outre la propriété, cet acte comprend aussi la vente des biens suivants :

 

Sur sa propriété, il fait aussi travailler le cousin de Louise ROSSIGNOL, Camille NIVEAUD, le fils de Désiré NIVEAUD et de Catherine "Célina" ROSSIGNOL (recensement 1921). Pour cette occasion, Camille, qui a 36 ans, habite à Libardac avec Charles et Louise.

 

Charles ne fait pas qu'acheter des parcelles de vigne et de terre, il procède aussi à des échanges. Tel celui réalisé le 28 janvier 1923 avec Georges CHEMIOUX, propriétaire et maire de la commune de Listrac. Lors de cet échange, Charles cède une parcelle de terre de 3 ares à Gayon, et reçoit du maire une autre parcelle de terre de même superficie, également à Gayon, mais celle-ci attenante à une parcelle qui lui appartient déjà. De cette façon, Charles regroupe ses parcelles. Une sorte de défragmentation avant l'ère de l'informatique ! La valeur de chacune des parcelles échangées est estimée à 20 francs.

Puis le 18 novembre de la même année, Charles achète une parcelle de 15 règes de vigne au lieu-dit Mounot, contenant 800 pieds, aux enfants SAUTS alors dans l'indivision. Le prix : 240 francs. Comme cette vente s'est bien passée, les consorts SAUTS font une nouvelle vente à Charles le 5 décembre 1923. Pour 800 francs, l'homme d'affaires acquiert :

L'année suivante, au 20 mars 1924, Catherine TEYSSONNEAU, épouse de Jean DEJEANS, vend pour 1 200 francs :

Le 7 mars 1926, c'est au tour de Jean Elie RICHEBON, propriétaire à Listrac, de vendre à Charles le 21ème lot de leurs possessions, à savoir une pièce de 4 règes longues et onze règes courtes de vigne en friche. Cette pièce, située à Gayon, renferme 1 320 pieds et coûte à Charles 105 francs.

 

Puis, quand Amiet revient du service militaire, c'est lui qui prend la relève de Camille NIVEAUD (recensement 1926), et c'est tout naturellement qu'il prend sa place dans le travail de la vigne familiale. Charles mène tellement bien les affaires de sa propriété et son innovation d'ampélographie (travail sur les cépages et les greffes) que le Comice agricole de Médoc lui décerne le diplôme de la médaille de Vermeil lors du concours de viticulture en 1926 ! En effet, le comice est un "salon de l'agriculture" local, une grande fête qui permet aux agriculteurs de se rencontrer autour des nouvelles techniques et méthodes pour échanger sur le métier. Des concours sont organisés tous les ans pour récompenser les viticulteurs les plus avancés dans l'utilisation d'outils modernes et performants. La médaille de vermeil consacre l'exploitant le plus innovant en matériel et en organisation. Plus tard dans ce siècle, les médailles d'honneur agricole de vermeil récompenseront les 30 ans d'ancienneté d'un salarié agricole, ce qui n'est pas le cas à l'époque de Charles.

 

Un autre achat aux enfants PREVOT, le 1er avril 1927, amène dans le giron des DUCOS une pièce de 11 règes de vignes au Tasta contenant 260 m², le tout au prix de 40 francs.

Puis le 25 décembre 1927, Charles DUCOS et Charles DEJEAN échangent deux parcelles estimées chacune à 200 francs. DUCOS abandonne la parcelle de vigne de 10 ares au Mounot, et reçoit une parcelle de terre de 13 ares située route de Libardac, au lieu de Gayon, à côté d'une autre parcelle déjà à lui.

Une dernière acquisition a lieu le 26 février 1932 : Bernard Emile REGNIER et son épouse, propriétaires et demeurant au château Lestage depuis 1926, vendent à notre ancêtre une parcelle de terre détachée du domaine de Lestage, d'une contenance de 53 ares et 90 centiares. Cette pièce, connue sous le nom des "Quarante en Broustey", est en réalité située à Fonréaud. Elle est cadastrée sous les n° 813 et 814 de la section D, selon le cadastre de l'époque. Charles l'acquiert au prix de 900 francs.

 

En attendant, les voyages intercontinentaux et les opérations immobilières ne sont pas les seules aventures qui intéressent Charles. En effet, il se rend aussi de temps en temps dans le village voisin de Brach, pour affaires. Du moins, selon la version officielle, car en réalité il va rejoindre l'institutrice du village, avec qui il doit prendre (ou donner) des leçons particulières !

 

Le château Coufran

Alors que Charles produit son vin à Libardac, il reçoit un jour la visite d'un courtier qui l'a sans doute remarqué lors du Comice agricole de 1926 où il s'est particulièrement distingué. Après avoir goûté le produit, le courtier lui propose de faire affaire avec lui. La qualité du vin doit être aussi bonne que l'entente entre les deux hommes. Charles s'est toujours trouvé plus doué pour la gestion et le commandement que pour le travail effectif de la vigne. La façon dont il administre son domaine plait fortement au courtier, qui voit là une opportunité intéressante pour son propre château.

 

Château Coufran

Château Coufran
Saint-Seurin-de-Cadourne - Le Château Coufran

 

Car Louis MIAILHE, ce fameux courtier en vins de Bordeaux et spécialiste des Grands Crus de la presqu'île médocaine, est aussi depuis 1924 propriétaire du château Coufran, à Saint-Seurin-de-Cadourne, à 30 kilomètres au nord de Libardac, sur l'estuaire de la Gironde. Le nom "Couffranc" signifie "cohorte franque". Quand Clovis, roi des Francs, battit le roi Wisigoth Alaric à la bataille de Voué en 507, il s'installa un temps à Bordeaux, et implanta sur la côte de la Gironde une série de postes militaires. L'un d'eux fut basé à Cadourne, et prit ce nom de Couffranc.

Mais revenons au XXème siècle. M. MIAILHE propose donc à Charles de lui confier la gestion du domaine de Coufran. Ce dernier prend quelques temps pour réfléchir, et pour donner ses conditions. Il demande 600 Francs par mois, plus des gratifications dont 5% sur les bénéfices de la propriété. Ces conditions sont acceptées sans négociation par M. MIAILHE, qui lui envoie une lettre le 25 janvier 1929 (voir ci-dessous), dans laquelle il lui confirme toute la confiance qu'il lui porte.

Lettre Miailhe
Lettre de M. MIAILHE - 25 janvier 1929

 

Parti sur ces conditions, Charles loue la maison et la propriété de Libardac à un métayer, et part en qualité de régisseur au château Coufran, le 2 février 1929. Il emmène également sa femme Louise qui devient cuisinière du château (et qui s'occupe principalement de la volaille, comme précisé sur la lettre), et son fils, mon père Amiet  4  , qui travaille à la vigne. La 10ème édition de "Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite" par Charles COCKS et Edouard FERET, en 1929, indique que M. Louis MIAILHE "a porté à la reconstitution du vignoble les plus grands soins, particulièrement en ce qui concerne les cépages". Le propriétaire a lui-même reçu une médaille d'argent pour cette reconstitution. La vigne de Coufran a une superficie de 25 hectares, plantée de cabernet et de merlot, sur une propriété d'environ 200 hectares où l'on élève aussi des vaches laitières dans des prairies.

Les services de Charles sont très appréciés, et les résultats de l'exploitation par le nouveau régisseur de Coufran ne se font pas attendre. En plus des gratifications financières, M. MIAILHE donne à Charles un certain nombre de meubles qui trouveront leur place dans la maison de Libardac. En 1933, comme il l'avait fait 7 ans auparavant, Charles reçoit une nouvelle distinction du Comice agricole du Médoc : une médaille d'or vient récompenser le régisseur du château Coufran pour la bonne tenue de la propriété. Le courtier en vin ne s'est pas trompé, et prouve qu'il a eu du nez, qualité indispensable dans cette profession ! Mais pour la famille DUCOS, cette période prospère et heureuse à Saint-Seurin n'aura duré que 4 ans.

 

En effet, Charles tombe gravement malade. Les médecins diagnostiquent une "hernie étranglée", c'est-à-dire une occlusion intestinale, et décident de l'opérer. Pour la famille, Amiet et Louise en tête, la peur est grande car aller à l'hôpital est forcément synonyme de décès. Leurs craintes s'avèrent malheureusement fondées, car l'opération est un échec. On laisse alors Charles revenir chez sa sœur Laure à Libardac, qui a 5 ans de plus que lui, pour y mourir entouré des siens. C'est là qu'il décède à l'âge de 59 ans, le 27 novembre 1933. Laure, épouse ORNON est alors épicière dans la maison habitée aujourd’hui par le docteur POURQUIER, à l’entrée du village. A la mort de Charles, M. MIAILHE fait apposer une plaque à son nom sur le mur du vieux cuvier du château Coufran. Elle s'y trouve encore aujourd'hui (voir photo ci-dessous). Le nouveau régisseur qui remplace Charles en cette triste année 1933, fut Yvan SURGET, dont le nom se trouve sur la plaque à droite de celle-ci.

Château Coufran
Plaque commémorative - Château Coufran - Photo : Eric Miailhe

N.B. : Un grand merci à Monsieur Eric Miailhe qui est l'auteur de la photo de la plaque. Vous trouverez ici le lien vers le Chateau Coufran.

 

Vers sa femme        Louise ROSSIGNOL