La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
Explications sur les différents calendriers utilisés dans l'Histoire.
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Pour situer une date dans l'Histoire.
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Nos JUFORGUES sont originaires d'une localité située à environ 10 kilomètres au nord de Tarbes, dans le département des Hautes-Pyrénées. Vers le IXème siècle, leur lieu de vie faisait partie du comté de Bigorre, puis du comté de Foix en 1425. Il n'est rattaché au royaume de France qu'en 1607.
Le patronyme originel semble plutôt être JUSFORGUE. La partie "FORGUES" est assez simple à deviner, elle est issue de "forge". Nos ancêtres portant ce patronyme, il y a très longtemps, devaient être forgerons. Quant au préfixe "JUS", j'ignore ce qu'il veut dire ici. On trouve des traces des JUSFORGUES dans les registres de 3 communes voisines : Andrest, Sarniguet et Aurensan. Mais c'est surtout dans ce premier village que semblent provenir nos ancêtres.
En effet, Jean JUSFORGUES 416 est natif de la paroisse d' Andrest vers 1706. C'est pourtant dans la ville d'à côté, à Aurensan, qu'il rencontre une jeune femme nommée Charlotte SUS 417 . Cette demoiselle y est d'ailleurs née vers 1708. Une autre Charlotte SUS, sans doute sa soeur, est née le 26 avril 1723. Dans son acte de naissance, on trouve la précision "Charlotte dite joandolo..." mais la fin du surnom est caché dans le pli de la page du registre !
Les registres en ligne d'Aurensan commencent en 1615.
Ceux d'Andrest commencent en 1700. Mais je n'y trouve pas la naissance de Jean JUSFORGUES 416 vers 1706. J'ai tout passé au crible, le plus ancien Jean JUFORGUES né à Andrest a vu le jour en 1729, soit bien trop tard pour être celui que je cherche. Pourtant son acte de mariage indique bien qu'il est d'Andrest, et son acte de décès donne 1706 pour son année de naissance. Je ne trouve rien à Aurensan pas plus qu'à Sarniguet.
Concernant Charlotte SUS, il faudrait aller voir sur place la fin de son surnom sur le papier, et trouver ce que ça veut dire (Joan étant l'équivalent de Jean en catalan ou en occitan). Mais pourquoi attribuer un surnom dès la naissance ? ATTENTION : Charlotte SUS est morte en 1798 à l'âge de 90 ans environ, ce qui la fait naître vers 1708, et non 1723 ! L'autre doit être sa soeur ! Mais rien à Aurensan, Bazet, Marsac.
Enfin pour Sarniguet, on commence a l'année 1646. Je n'ai pas trouvé le décès de Marie MAILHOS entre 1832 et 1890 à Sarniguet. Où est-elle morte ?
On peut chercher dans les paroisses avoisinantes de Bazet , Siarrouy, et de Marsac.
Jean JUSFORGUES 416 et Charlotte SUS 417 reçoivent donc la bénédiction nuptiale dans l'église d'Aurensan le 15 janvier 1737. Une fois mariés, les jeunes gens s'installent à Aurensan, et ont au moins 7 enfants :
Dans le couple, Jean JUSFORGUES 416 est celui qui décède le premier, le 9 février 1776 ; il a environ 70 ans. Puis, le 9 décembre 1798, Charlotte SUS 417 disparait elle aussi, à son domicile, âgée de 75 ans.
Mariés en 1737 et leur premier enfant en 1745... Y a un loup quelque part. Ils ont du habiter ailleurs et avoir des enfants entre 1737 et 1745. Mais pas à Aurensan, ni à Sarniguet, ni à Andrest.
Je ne trouve pas la naissance de Jean JUFORGUES 208, ni à Aurensan, ni à Andrest. Il doit être né vers 1750 et 1754, mais pas d'acte à son nom dans les registres. Il est sûrement né dans une commune voisine, ou peut-être à Tarbes.
Je ne trouve pas non plus la naissance de Joseph GUINLE vers 1720 à Aurensan... Qu'est-ce qui se passe dans cette branche, au-delà de 1750 on ne trouve personne !
C'est toujours à Aurensan que vit la famille GUINLE. Joseph GUINLE 418 , né vers 1720, et son épouse au doux nom de Germaine DUTAC 419 (née vers 1719) reçoivent la bénédiction nuptiale le 10 février 1750. Je ne leur ai trouvé que 2 enfants :
Germaine DUTAC 419 a environ 66 ans quand elle décède le 12 décembre 1785. Neuf ans plus tard, c'est au tour de son mari Joseph GUINLE 418 de partir, le 10 février 1795, alors âgé de 75 ans.
Je cherche les f&s de Bernarde GUINLE à Aurensan, mais je ne les trouve pas. Non plus à Bazet, ni à Andrest.
Je cherche la naissance de Germaine DUTAC, née vers 1719. Rien à Aurensan, ni Sarniguet, ni Andrest.
Le laboureur Jean JUSFORGUES 208 , aîné de la fratrie que l'on surnomme Germain, rencontre Bernarde ou Bernardine GUINLE 209 quelque part entre Aurensan et Sarniguet, sans doute à l'occasion des fêtes de village qui rythment le cycle des saisons. Ils finissent par se marier le 24 février 1778 dans l'église d' Aurensan, donnant l'occasion d'une nouvelle fête, et s'installent à Aurensan où ils ont 8 enfants dont 6 meurent en bas âge :
Sur presque tous les actes qui le concernent, lui ou ses enfants, on nous dit que Jean "Germain" JUSFORGUES 208 ne sait pas signer son nom. Sur tous, sauf sur son acte de mariage et sur l'acte de naissance de son fils Pierre en 1794, où il signe avec les deux témoins qui l'accompagnent à la mairie pour l'occasion !
Bernarde GUINLE 209 exerce une profession, celle de ménagère. Mais le 24 juillet 1803, la jeune femme de 48 ans décède dans la maison familiale d' Aurensan. Son veuf Germain JUSFORGUES 208 reste seul avec ses enfants pendant presque 4 ans, puis à l'âge de 56 ans il se remarie avec Marie REIGNAC le 28 avril 1807. Sa nouvelle conquête est une femme de 42 ans, qui habite Marsac, tout près d' Aurensan. Malgré son âge, Marie met au monde une petite fille, le 27 octobre 1808 ; Germain JUSFORGUES 208 la prénomme Bernarde, comme pour rendre hommage à sa première épouse décédée. Elle deviendra journalière.
A mesure que l'âge avance, Germain JUSFORGUES 208 n'a plus la force physique de labourer les champs et de soutenir la rudesse du travail agricole. Alors il s'adapte avec une nouvelle activité, moins gourmande en ressources d'énergie : il garde des oies ! Sa femme Marie REIGNAC l'accompagne dans ce travail qui paie évidemment très mal. Au recensement de 1836, dans la case "Profession" du chef de famille, on trouve le mot "indigent" ! Germain quitte ce monde le 19 avril 1838 dans sa maison à Aurensan, âgé d'environ 90 ans. Marie REIGNAC le suit 2 ans plus tard, le 1er juin 1840, à 75 ans.
Pour le décès de Pierre JUFORGUES, j'ai trouvé un acte de décès en 1795 concernant un Jean JUFORGUES, sans précision sur ses parents, mais âgé d'un an. Or il n'y a qu'un JUFORGUE né un an auparavant : il s'agit de Jean né en 1794. Je pense que l'officier de l'état civil s'est trompé en rédigeant l'acte.
Les recensements d'Aurensan de 1836 à 1936. Malheureusement, ceux de Sarniguet ne commencent qu'en 1872, bien après que nos JUFORGUES en sont partis. Il n'y a pas non plus mention de Françoise MAILHOS à Sarniguet en 1872.
Dans le recensement de la population d'Aurensan de 1836 (p.3), sur un total de 590 habitants, on trouve Jean Jouandolou JUSFORGUES, propritétaire, veuf de 86 ans, décédé le 1er septembre 1836, et sans doute son fils vivant avec lui, Zacharie JUSFORGUES, laboureur de 40 ans. Un peu plus loin (p.5), on trouve un autre Jean JUSFORGUES, indigent de 85 ou 96 ans, son épouse Marie REQUET de 71 ou 80 ans, et leur fille Bernarde JUSFORGUES, journalière de 27 ans. Enfin (p.8), le charron Bernard JUSFORGUES, veuf de 62 ans, vit avec son fils Jean JUSFORGUES, journalier de 29 ans, et sa fille Domenge, journalière de 20 ans. C'est la 2ème famille qui nous concerne, Marie REQUET étant en fait Marie REIGNAC !
Dans le livre terrier de 1769 de Sarniguet, page 66/109, on trouve la possession de terre d'un François JUSFORGUE, habitant Andrest, sans que je puisse savoir réellement qui il est par rapport à nos ancêtres, mais il a su signer.
La branche MAILHOS est à cheval sur le département des Hautes-Pyrénées et sur celui du Gers.
A ma gauche, Pierre MAILHO 840 , son épouse Jeanne DUFAR 841 , et leur fils Pierre MAILHO 420 , vivent ensemble à Villecomtal (aujourdhui dénommée Cazaux-Villecomtal), dans le Gers mais tout près de la frontière avec les Hautes-Pyrénées. Nous sommes d'ailleurs à seulement 25 kilomètres au nord d' Aurensan, où vivent nos JUFORGUES.
Le fils Pierre est né vers 1707, et il est laboureur, mais il lui est arrivé d'être également tisserand. Il porte en famille le surnom de Peluzé. On peut noter que le nom est parfois écrit MAILHO sans le "S" final.
A ma droite, nous avons Simon DAZET 842 , laboureur né vers 1693 à Mazerolles, qui fait un premier mariage avec Marie COLLONGUES , née vers 1702 mais qui n'est pas notre ancêtre. Leur union a lieu le 19 janvier 1723, dans la paroisse de Moumoulous, dans les Hautes-Pyrénées, située presque à équidistance entre Villecomtal et Aurensan (15 kilomètres). En faisant un tour dans les plus anciennes pages des registres de cette paroisse (1659), on trouve son nom écrit "Momolous", ou bien "Montmolous". De ce mariage naissent 3 enfants :
Mais le deuil va frapper la famille, car le 27 juillet 1732, la jeune maman de 30 ans décède, certainement de maladie. Simon DAZET 842 doit alors se remarier, et trouve l'âme soeur en la personne de Jeanne DOLEAC 843 , une jeune fille née vers 1699. J'ignore cependant son lieu de naissance, qui doit être le lieu du mariage que je n'ai pas trouvé non plus. Ce mariage a lieu entre 1732 et 1734, et ensemble, ils s'installent également à Moumoulous où ils ont aussi 3 enfants :
Cette dernière naissance a un goût particulièrement amer, car elle se produit 13 jours après le décès du papa Simon DAZET 842 , qui a lieu le 2 mai 1743 alors qu'il n'avait que 50 ans. Jeanne DOLEAC 843 élève alors seule ses 3 enfants, et je suppose aussi les 3 du premier mariage de son défunt mari... Elle décèdera elle-même le 26 octobre 1764 à Moumoulous, âgée de 65 ans.
La distance entre Villecomtal et Moumoulous n'est pas un frein à la rencontre de Pierre "Peluzé" MAILHO 420 et Marie DAZET 421 , ni au mariage qui s'ensuit et qui a lieu dans l'église de Moumoulous le 22 novembre 1746. Et cette union sera très prolifique car ils auront ensemble 11 enfants à Moumoulous:
C'est vers 80 ans que meurt Peluzé, le 1er décembre 1787 à Moumoulous. Marie DAZET 421 , quant à elle, décède le 26 février 1795, aussi dans le domicile familial.
Je ne peux pas encore remonter au-delà de la Révolution française pour les MAILHOS : les registres paroissiaux du Gers ne sont pas encore numérisés. Ils devraient l'être en... 2022 ! Ben j'attends...
Je ne trouve pas le mariage de Simon DAZET et Jeanne DOLEAC qui a eu lieu entre 1732 et 1734, mais pas à Moumoulous. Si c'est à Mazerolles (cité dans l'acte de naissance de Marie DAZET en 1734) ou à Lahitau (cité dans l'acte de naissance de Domengea DAZET en 1743), ces deux paroisses n'ont pas les registres pour ces années-là.
Pour la naissance de Simon DAZET vers 1693, je n'ai rien trouvé à Moumoulous, et à Mazerolles les registres ne remontent qu'en 1737.
Je cherche la naissance de Jeanne DOLEAC vers 1699 à Moumoulous. J'en trouve 2 qui peuvent convenir : l'une née le 28 janvier 1698, fille de Dominge DOLEC et de Marie GARDARES, et l'autre née le 30 avril 1705, fille de Dominge DOLEAC et de Domenaca PUROUX. Mais sans l'acte de mariage avec Simon DAZET, je ne suis même pas sûr qu'elle soit bien née à Moumoulous...
Jean Damase MAILHOS 210 quitte Moumoulous pour partir à Aux, canton de Miélan dans le sud du département du Gers. A-t-il déjà rencontré son épouse Jeanne LAPORTE 211 qui en est originaire, quand il a déménagé, ou bien est-il parti à Aux pour trouver du travail, et fait la rencontre une fois sur place ? Pour l'instant, je l'ignore. En tout cas, Aux n'est situé qu'à 14 kilomètres au nord-est de Moumoulous. Le chef de famille exerce la profession de tailleur d'habits. Je n'ai pas encore la date de mariage (avant 1788) ; par contre, Jeanne LAPORTE 211 est née vers 1763, et elle est ménagère.
C'est donc à Aux qu'ils vivent, dans un lieu-dit nommé Lannefrancon, et encore plus précisément dans la rue de Forgue. Ce lieu était une commune à lui tout seul en 1793, mais très vite il est rattaché à celle d'Aux. Ils y mettent au monde leurs 4 enfants :
Cette petite famille ne s'agrandira pas car le 30 mars 1811, Jeanne LAPORTE 211 décède dans sa maison de Lannefrancon, âgée de 48 ans. Peu de temps après ce décès, Jean Damase MAILHOS 210 cherche à se remarier, alors qu'il a la cinquantaine. Il jette son dévolu sur Jeanne VIVENT, une servante âgée de 40 ans, native de Marseillan. Ce second mariage a lieu le 25 juin 1811 à la mairie d' Aux. Ensemble, ils ont un fils, Bernard MAILHOS, né vers 1813, et décédé le 13 septembre 1821 âgé d'environ 8 ans.
Je n'ai pas trouvé le décès de Jean MAILHOS 210 à Aux. Cette commune fusionne d'ailleurs avec sa voisine, Aussat, en 1822, pour devenir la commune d' Aux-Aussat. Jeanne VIVENT est pourtant déjà veuve quand elle décède à 70 ans le 13 juillet 1845 dans son domicile de Lannefrancon.
Je donne cette précision car ce n'est pas le choix de leur fille Françoise MAILHOS 105, qui va passer dans le département voisin des Hautes-Pyrénées pour s'installer à Sarniguet, un petit village très proche de Aurensan...
Dans les registres des AD65, pour la commune de Moumoulous. Marie DAZET y est morte après 1792.
Je ne peux pas encore remonter au-delà de la Révolution française pour Jeanne LAPORTE puisque les registres paroissiaux du Gers ne sont pas encore numérisés. A moins que Jeanne LAPORTE ne vienne aussi de Moumoulous, car on en trouve un paquet là-bas.
Chercher à Aux-Aussat le mariage de Jean MAILHOS et Jeanne LAPORTE, avant 1788, sur le site des Archives Départementales du Gers. Registres paroissiaux pas encore en ligne.
Jean MAILHOS 210 est décédé entre 1821 et 1845, date du décès de sa seconde épouse, mais je ne le trouve pas à Aux. Rien à Aurensan ni à Sarniguet.
Les listes des recensements d'Aux-Aussat commencent en 1861, mais la visionneuse merdouille gentiment : elle n'affiche rien !
François JUSFORGUES 104 et Françoise MAILHOS 105 ont eu sans doute de multiples occasions de se rencontrer, et de s'apprécier, puisqu'ils se marient le 26 mai 1823 à Aurensan. Après la naissance de leur premier fils, ils s'installent à Sarniguet. François cultive la terre pour nourir sa famille, et pour aider financièrement, Françoise fait des ménages.
Ils ont 4 enfants dont 2 seulement survivront :
François JUSFORGUES 104 est mort le 12 mai 1859 à Sarniguet, à l'âge de 60 ans.
J'ai eu un doute sur notre Sosa 104 qui est quand même un peu troublant... Quand il nait, quand il se marie avec Françoise MAILHOS et tant qu'il vit à Aurensan, il s'appelle Jean JUSFORGUES. Dès qu'il habite avec sa femme à Sarniguet, il s'appelle François. Je me suis donc posé la question : est-ce bien le même bonhomme ? Pourtant dans tous les actes, son épouse est bien la même. J'ai donc cherché à Sarniguet, avant 1825, des enfants nés de François JUSFORGUES et de Françoise MAILHOS, mais je n'ai rien trouvé en remontant jusqu'en 1813. Il a donc bien changé de prénom en changeant de lieu de vie !
Des archives concernant les matricules militaires des Hautes-Pyrénées sont en ligne. Mais la plus ancienne que j'y ai vue date de 1859 ; or si Bernard Jusforgues a fait son service militaire dans son département de naissance, ce doit être à 20 ans, vers 1852. Il faut pister de temps en temps pour voir si cette archive est devenue disponible en ligne.
Le dernier fils Bernard JUSFORGUES 52 ne reste pas sur Sarniguet. On s'aperçoit que très tôt, il quitte son département natal des Hautes-Pyrénées, sans doute par esprit d'aventure car son parcours montre qu'il aime beaucoup bouger ! En outre, les perspectives d'avenir à Sarniguet doivent lui sembler bien minces ; aussi Bernard préfère-t-il parcourir 220 kilomètres vers le nord pour se rendre à Bordeaux, où il trouvera certainement du travail plus facilement.
Le nom originel semble être CANTAGREL, mais a été décliné en CANTEGREIL et CANTAGRIL ; il est très difficile de le définir tant la prononciation des patronymes est proche. La signification du nom est cependant très claire : il veut dire "le grillon qui chante".
Nos CANTAGREL proviennent d'un village situé dans le futur département du Lot, à 28 kilomètres à l'est de Cahors, au coeur du Quercy : Prayssac. C'est au bourg de ce village que vit le premier couple de cette dynastie qui, par la suite a beaucoup voyagé, Jean CANTAGREL 1696 et Jeanne BESSIERES 1697 . Lui vient du lieu de Pescadoires, lové dans un des méandres de la rivière Lot ; de l'autre côté de la rivière se trouve Prayssac, d'où est originaire la jeune fille.
Les deux amoureux se marient dans l'église de Prayssac le 21 janvier 1665 sous le regard bienveillant de leurs parents et amis. Après leur union, ils s'installent ensemble à Prayssac où ils exercent la profession de tisserand. Outre le coton, ils tissent un lien familial avec leurs 7 enfants :
De leur côté, Pierre MALARET 1698 , né vers 1656, et Elizabeth ou Louise CLERC 1699 font leurs épousailles en novembre 1684, à Prayssac également. Ils ont au moins 2 enfants, ce qui est le minimum syndical :
Pierre MALARET 1698 décède à environ 79 ans le 26 décembre 1734, chez lui à Prayssac.
Aux AD46 pour Prayssac, je ne trouve pas la naissance d'Anne MALARET, qui doit se situer entre 1689 et 1702, période non couverte par le registre 1673-1710 de Prayssac. Mais je n'ai trouvé qu'une seule famille MALARET à Prayssac à cette époque, celle de Pierre et d'Elizabeth CLERC. Comme le nom de ses parents n'est pas cité dans son acte de mariage, je ne jurerai pas que ce soient les bons, mais je n'en trouve pas d'autres. Et puis Pierre MALARET est cité comme témoin dans 2 actes.
Quant aux CANTAGREL, je ne peux pas remonter sur les naissances de Jean CANTAGREL 1696 et de Jeanne BESSIERES 1697, avant 1645, car le registre numérisé de Prayssac (côte EDT 225 E 2) qui couvre la période 1629-1649 est le même que le précédent qui couvre 1594-1609 (côte EDT 225 E 1). J'ai signalé l'erreur sur le site des AD46, j'attends la rectification pour pouvoir accéder à cette période.
Les registres de Pescadoires, eux, commencent en 1674, soit trop tard par rapport à la naissance estimée de Jean CANTAGREL, avant 1645.
Il existe un certain nombre de branches CANTAGREL à Prayssac, et ce d'aussi loin que remontent les registres, c'est-à-dire 1673. Malheureusement, il manque le registre allant de 1710 à 1737 ! Cette lacune m'empêche de faire le lien entre notre plus ancien couple identifié, et d'autres personnages encore plus anciens...
Antoine CANTAGREL 848 est marchand d'eau de vie. Depuis le Moyen-Age, les alchimistes tentent de produire un élixir capable de prolonger la vie, et pensent y être parvenus en faisant évaporer l'alcool contenu dans le vin sous l'effet de la chaleur, au moyen d'alambics. Par condensation, ils recueillent cet alcool sous forme liquide, qu'ils appellent eau-de-vie. Ce "remède" produit par distillation était censé guérir tous les maux, de la simple fièvre jusqu'à la peste noire.
Il existe une autre explication pour le nom de cet alcool. Une coutume avait lieu lors des accouchements : on enduisait les nouveaux-nès de cette eau-de-vie, et on leur en mettait un peu dans la bouche : si le bébé pleurait, c'est qu'il était en vie !
Notre Antoine est donc dans le commerce de cet elixir, qui doit certainement être très lucratif ! Antoine CANTAGREL 848 et Anne MALARET 849 se rencontrent et s'épousent à leur tour le 1er octobre 1711 à Prayssac. La bénédiction nuptiale a sans doute été très bien faite puisqu'ils ont 11 enfants :
Sur les 8 premiers actes de naissance, il n'y a pas de précision sur le lieu d'habitation de la famille. Sur celui de Marthe en 1732, il est dit qu'ils habitent au bourg de Prayssac, c'est-à-dire le centre-ville. Mais sur les 2 derniers, ils vivent au lieu de La Serre. Or il y a 2 lieux-dits de Prayssac qui peuvent correspondre : La Serre du Théron (au nord-ouest de la paroisse), et Lasserre de Fantou, plus au sud. Je ne peux pas déterminer de quel lieu il s'agit pour l'instant.
Aux AD24 pour Cénac-et-St-Julien, je n'ai pas trouvé le décès d'Antoine Jean CANTAGREL. J'ai trouvé le décès d'une Anne CHARIOL à 85 ans le 26 novembre 1808, mais le nom de son époux n'est pas cité, et elle est dite fille de Jeane CHARIOL et de Jeanne ROCHETTE, et non de Jeanne PAPON.
Trois mois après la naissance de ce dernier enfant, Antoine CANTAGREL 848 décède le 2 mai 1739 au faubourg d'Aujou de la ville de Figeac, lieu de naissance de l'égyptologue Jean François CHAMPOLLION. Cette ville se situe à 90 kilomètres à l'est de Prayssac, mais toujours dans le département du Lot. Antoine n'avait pourtant que 55 ans.
Pour quelle raison s'est-il rendu là-bas, et de quoi est-il mort loin de chez lui ? Le faubourg d'Aujou est un lieu où existent plusieurs établissements hospitaliers. On peut supposer qu' Antoine CANTAGREL 848 était malade, et qu'il a été envoyé là-bas pour y être soigné. Malheureusement, il ne fut pas guéri, et il fut inhumé le lendemain dans l'église des pères Carmes, paroisse St-Thomas, de Figeac. Son décès a ensuite été retranscrit dans les registres de Prayssac, où il est dit que ses enfants François et Jean ne savent pas signer.
Après la mort de son mari, Anne MALARET 849 emmène sa petite famille dans le département voisin, la Dordogne, en plein Périgord noir.
Le voyage les emmène à 46 kilomètres au nord de Prayssac. Le village dans lequel ils arrivent s'appelle Cénac, aujourd'hui Cénac-et-Saint-Julien, situé à environ 10 km au sud de Sarlat-la-Canéda.
Aux AD24 pour Cénac-et-St-Julien, j'ai 2 décès d'un Jean PAPOU, qui peuvent être le père de Jeanne PAPOU 851 : l"un est décédé le 15 mai 1720 à 80 ans à Las Crozes (?), l'autre le 20 octobre 1720 clerc du village de Simon à 80 ans aussi. La veuve du premier s'appelle Françoise (je n'ai pas son nom de famille), et elle décède le 8 août 1723. J'ai aussi une Catherine GOUDOU, veuve de Pierre PAPOU, qui meurt à 75 ans le 3 septembre 1722 à Domme-Vielle. Ca va être dur de trouver qui sont les bons parents, sachant que je n'ai nulle part leurs noms !
Je ne trouve pas le mariage de Guilaume PAPON et Jeanne LAFARGUE à Domme avant 1692, ni la naissance d'autres f&s de Jeanne PAPON. Jeanne LAFARGUE doit venir d'une autre paroisse, où le mariage a du avoir lieu.
Les registres de Domme commencent en 1677, et me donnent la naissance de Jean CHARRIOL en 1686 mais pas le mariage de ses parents.
Les CHARRIOL sont une famille qui vient de la paroisse Domme (et non de Domme-Vieille dans la paroisse de Cénac !), en ce début de XVIIIème siècle. Il faut bien préciser que Domme Vieille est le nom qui a été donné à Cénac, il y a longtemps, car il se trouve en contre-bas du château de Domme. Mais Cénac et Domme sont bien deux villages distincts.
Ce petit village de Domme est distant de Cénac d'un petit kilomètre seulement. Domme fut fondée par le roi de France Philippe le Hardi en 1281, alors en croisade contre les Albigeois. Du fait qu'elle soit perchée sur un piton rocheux de 250 m de haut, dominant la vallée de la Dordogne, cette bastide médiévale joua un rôle important pendant la Guerre de Cent ans. En 1307, la Porte des Tours servira de prison aux Templiers qui y laisseront des graffitis émouvants et mystérieux...
Dans cette branche, nous avons Martial CHARRIOL 1700 , son épouse Thoinette MADRAT 1700 , et leur fils Jean CHARRIOL 850 qui vivent à Domme. Né le 2 mars 1686, Jean CHARRIOL 850 est dit "travailleur" sur les actes, c'est-à-dire qu'il laboure une terre difficile qui produit péniblement une quantité de maïs toujours trop faible pour nourrir toute la famille. Le blé, les châtaignes et la vigne donnent aussi très peu malgré l'ampleur du travail fourni, qui ne les sort pas de la misère.
Pendant ce temps, au bourg de Domme-Vieille dans la paroisse de Cénac (et non Domme, mais vous commencez à piger le truc !), vit une famille de laboureurs dont le plus ancien représentant est Guilhou PAPON 3404 , né vers 1637. Je n'ai pas le nom de sa femme ni de ses enfants, si ce n'est Guilhaume PAPON 1702 , né vers 1659 et qui devient lui aussi laboureur. Avec sa tendre épouse Jeanne LAFARGUE 1703 , Guilhaume a plusieurs enfants parmi lesquels une petite fille, Jeanne PAPON 851 , qui voit le jour le 28 juin 1697, également à Domme-Vieille. Cette naissance devrait faire le bonheur de la famille, et pourtant c'est le drame. Un mois avant la venue au monde de la petite Jeanne PAPON 851 , son père Guilhaume décède brusquement le 29 mai à seulement 38 ans. Onze jours après la perte irréparable de son fils, c'est Guilhou PAPON 3404 , grand-père de la petite, qui trouve la mort à une soixantaine d'années, le 9 juin 1697. Jeanne PAPON 851 a donc un début d'existence difficile, mais grandit à Domme-Vieille avec sa mère, jusqu'à devenir une belle jeune fille.
C'est avec elle que, le 16 juin 1711, Jean CHARRIOL 850 contracte un mariage dans l'église de Domme-Vieille, en présence d'un certain Jean PAPON, clerc de son état, qui est le seul à savoir signer son nom. Ce dernier fait est important, car outre le fait d'apprendre que certains des PAPON sont lettrés, il nous renseigne sur la réalité du patronyme, que l'on pourrait facilement lire "PAPOU" sur les actes, tant l'écriture du curé tend à uniformiser les "n" et les "u". Cela dit, sur des actes plus anciens, on peut lire effectivement "Papou" et parfois même "Papoun" !
Jean CHARRIOL 850 et sa désormais épouse Jeanne PAPON 851 s'installent au bourg de Domme-Vieille, certainement avec les parents de la jeune femme, et ont 6 enfants :
Travaiiler avec ses bras tous les jours et par tous les temps use la santé, et c'est à 50 ans que Jean CHARRIOL 850 meurt, le 30 novembre 1736, au village de La Traverse, autre village de la paroisse de Cénac. Jeanne PAPON 851 décèdera, elle, le 12 janvier 1771, à l'âge de 75 ans au bourg de Cénac.
C'est aussi à Cénac que Antoine Jean CANTAGREIL 424 épouse Anne CHARRIOL 425 , le 2 février 1751. Le père du marié est déjà décédé au moment du mariage, et il n'est pas précisé que sa mère fut présente à la cérémonie.
Antoine Jean CANTAGREIL 424 et Anne CHARRIOL 425 s'installent alors au bourg de Domme Vieille, où Jean exerce la profession de marchand et de tonnelier. Ils ont 7 enfants nés dans ce village :
Un petit apparté concernant une note écrite par BONNAL, le vicaire de Cénac-et-Saint-Julien en 1767 dans son registre (page 1058). Il y consigne que plusieurs malheurs remarquables sont arrivés. D'abord, à la Pâques au mois d'avril, le gel emporte une grande partie du seigle. Les vignes, elles, sont totalement gelées, non seulement les pousses qui étaient sorties avant le 19 avril, mais aussi celles d'après qui sont emportées par le gel du mois de mai. Le lac des Augustin est aussi recouvert d'une épaisse couche de glace. Par contre, l'été suivant est extrêmement sec, les rares pluies ayant à peine mouillé la terre. A cela s'ajoute la grêle qui emporte plus de la moitié de la récolte. Le vicaire pense que les châtaigners ne donneront pas grand'chose... Pour finir, une épidémie de dysenterie tue énormément de personnes, des "communs du peuple" qui n'ont pas les moyens de se payer les bons remèdes et des aliments convenables. De quoi nous replonger dans les difficultés de l'époque pour nos ancêtres paysans.
Un peu plus loin (page 1097), il explique que la gelée et les pluies trop abondantes de l'année 1769 ont fait de gros dégâts sur les blés d'hiver, si bien que la récolte n'atteint pas la moitié d'une année normale. En septembre, le gel mortifie les raisins des vignes, les blés sarrazin et les blés d'Espagne (maïs). Ce manque de récolte annonce, pour le vicaire, une année de misère extraordinaire.
Ainsi installé au lieu dit Domme vieille, Raymond CANTEGREIL 212 devient tonnelier, comme son père l'était. Nous sommes alors sous la Révolution Française.
Des représentants d'une autre famille vont maintenant nous intéresser. Le premier est Jean GUINOT 852 dont je ne sais rien, si ce n'est le nom de son épouse, d'une poésie absolue : elle se nomme Pardouze PRADAL 853 ! Ils vivent au bourg de Magnat-l'Etrange dans la Creuse, où ils sont certainement entourés d'enfants, mais je ne leur en connais que trois :
Il faut savoir que dans les années 1747 à 1749, une terrible épidémie de peste noire sévit dans le Périgord. Un grand nombre d'habitants périssent, et des villages entiers sont laissés à l'abandon. Une fois l'épidémie passée, on cherche à inciter des familles à venir s'installer dans ces villages fantômes pour repeupler la région, en échange d'une certaine somme d'argent. C'est ce qui semble s'être produit pour les GUINOT : pendant les années 1750, ils ont quitté la Creuse pour venir s'installer en Périgord, à Domme, où ils deviennent propriétaires, et fonder famille. De plus, Domme est avec Cénac un port de départ des gabariers, ce qui permet au tonnelier de transporter sa production par le fleuve jusqu'à Bordeaux.
J'ai cherché la naissance de François GUINOT (426) vers 1730, à priori à Magnat-l'Etrange. On sait qu'il vient de "Magnac" ou "Magnat", près du "diocèse de Limoges", est-il précisé sur son acte de mariage. Mais il y a plusieurs communes qui peuvent correspondre :
Il n'y a qu'à Magnat-l'Etrange qu'on trouve une famille GUINOT, dont le père se prénomme Jean (info qui vient de son acte de mariage). C'est ce qui m'a permis de retrouver un frère de François "Barrau", Pierre né en 1740, ainsi que le nom de leur mère. Malheureusement, les archives de cette commune commencent en 1737 ! Je n'aurai pas la naissance de François.
A Domme toujours, Jean LADIGNAC ou LADIGNAT ou LARINIAC 1710 est un laboureur né vers 1665. Il a pour surnom Jean de la Barte. Son épouse Anne ROUSSIGNAC 1711 est née, elle vers 1673, et donne 5 enfants à Jean :
Les enfants grandissent tranquillement sur cette belle terre périgourdine. Mais leur père Jean "de la Barte" LADIGNAC 1710 décède 2 janvier 1745 chez lui, à Domme, âgé de 80 ans. Sa femme Anne ROUSSIGNAC 1711 meurt 8 ans plus tard, le 19 juillet 1753, à peu près au même âge.
Notre Marie LADIGNAC 855 rencontre François LESCALMEL 854 , né vers 1711 et qui vit à Domme. Fait étonnant : lui aussi a pour surnom Barrau, tout comme François GUINOT 426 que l'on a vu plus haut. Les surnoms sont donnés pour différencier les individus qui portent souvent les mêmes prénoms ; même s'ils ont 26 ans d'écart, cela ne devait pas faciliter les choses entre François "Barrau" GUINOT 426 et son (futur) beau-père François "Barrau" LESCALMEL 854 !
Mais n'anticipons pas trop. Pour l'instant, le mariage entre François LESCALMEL 854 et Marie LADIGNAC 855 a lieu le 31 mai 1737 dans l'église de Domme.
A Domme, je n'ai pas la naissance de François LESCALMELS vers 1711 dans les registres. Il doit être né avant 1707, mais il manque les années 1692-1706. Pour la même raison, je ne trouve pas non plus le mariage de Jean LADIGNAC et Anne ROUSSIGNAC avant 1707.
J'ai cherché toutes les familles LESCALMEL à Domme après 1707. J'en ai trouvé 6 :
Je peux écarter la possibilité qu'Antoine le cordonnier, le dernier de cette liste, soit le père de notre François LESCALMEL 854, car le 1er mariage d'Antoine étant en 1708, j'aurais trouvé son acte de naissance dans les registres. Il s'agit donc de l'un des 5 autres. Mais lequel ? Aucune piste sur l'acte de mariage de François LESCALMEL, ni sur les actes de naissance de ses enfants.
Je n'ai pas encore donné sa profession :François LESCALMEL 854 est boucher ; au moins sa famille est-elle à l'abri du manque de viande ! A ce propos (je parle de famille, pas de viande), ils ont 5 enfants :
François LESCALMEL 854 trouve la mort le 2 mai 1777 ; il a environ 66 ans. Pour Marie LADIGNAC 855, ce sera le 25 décembre 1784, jour de Noël, exactement au même âge.
Notre François "Barrau" GUINOT 426 rencontre alors Marie LESCALMEL 427 , et leur mariage a lieu à Domme, le 8 novembre 1759. Ils ont au moins 8 enfants identifiés, nés à Domme :
François GUINOT 426 est dit propriétaire sur son acte de décès, ce qui confirme bien la théorie selon laquelle il est venu s'installer à Domme après la terrible épidémie de peste de 1747. C'est d'ailleurs là qu'il décède le 19 avril 1816 à 79 ans, et son "frère" Jean GUINOT le 24 novembre 1767 dans le même village.
Raymond CANTEGREIL 212 , qui est tonnelier, rencontre Marie ou Marianne GUINOT 213 , qui est dite "travailleuse", à Domme. Ce terme de travailleuse signifie implicitement travailleuse agricole. Leur mariage s'y déroule le 11 nivose An II de la République, soit le 31 décembre 1793. La maman de la mariée, Marie LESCALMEL 427 , décèdera le 29 août 1808 à l'âge d'environ 70 ans.
Ils ont pas moins de 9 enfants, tous nés à Domme :
Jean CANTAGREL 106 devient cordonnier. Pour une raison qui reste à définir, Jean quitte ses parents et la Dordogne pour le département des Pyrénées-Atlantiques, à plus de 300 km plein sud-ouest. Son père Raymond CANTEGREIL 212 reste vivre à Domme pour fabriquer ses tonneaux jusqu'au 13 janvier 1841, date de sa mort à l'âge de 80 ans. Onze ans après, c'est Marie GUINOT 213 qui décède le 27 février 1852 à 77 ans. C'est Jacques, le frère de notre Jean, resté à Domme où il est aussi tonnelier, qui va déclarer les décès de ses parents à la mairie du village.
AD24. Je ne trouve pas les décès de Jean CANTAGREL 424 et Anne CHARRIOL à Domme. Selon ce généanaute, lui serait mort le 29 mars 1796, mais je n'ai rien trouvé dans les registres de Domme, ni ceux de Cénac-et-St-Julien.
L'ascendance de la branche FAYET est issue du département des Landes, dans le village de Labatut, frontalier avec le département des Pyrénées Atlantiques. En remontant cette branche, j'ai été surpris de trouver autant de formes différentes de ce patronyme, en particulier la 1ère et la 3ème lettre. En effet, j'ai trouvé les orthographes FAGET, FAJET, HAJET, ou même HAIET. Aussi ne vous étonnez pas si dans le récit qui va suivre, le nom de famille se retrouve parfois déformé ! En parcourant les registres, je constate que le nom originel devait être "FAGET" ou "FAJET", et qu'au fil du temps il a évolué en "FAIET" et "FAYET".
Géographiquement, Labatut se situe à 20 kilomètres au sud de Dax, à mi-chemin entre Bayonne et Pau, en pays Chalossais. La ville est bordée au sud par le Gave de Pau. A l'époque de nos ancêtres, aux XVIIème et XVIIIème siècle, le seigneur de Labatut est Antoine de LALANDE-LAMOTHE. Il construit son domaine, le château de Conte, avec les pierres du château médiéval, situé sur l'éperon de Lamothe.
Mais nos ancêtres FAYET vivent plus modestement dans la maison du Corp, située à Labatut. J'essaie d'identifier le lieu exact de cette maison, qui à priori n'existe plus aujourd'hui... Il existe aussi une maison du HAIET dans laquelle vivent des personnages qui n'ont pas de rapport apparent avec notre famille. Peut-être dans un passé plus lointain ? En tout cas, cette maison du HAIET est me semble-t-il une source de confusion pour les prêtres dans l'écriture du nom des FAYET dans les registres paroissiaux. Plus globalement, les noms des maisons et ceux de leurs premiers habitants étaient les mêmes, mais avec le jeu des mariages où certaines filles héritent des maisons, leurs enfants prennent le nom du mari, et le noms ne correspondent plus. Si les patronymes possèdent une particule, il ne s'agit aucunement de noblesse : les "De FAYET" venaient juste de la maison Fayet ! Nous verrons plus tard qu'il ont tous un métier manuel difficile...
Dans notre généalogie, nous avons d'abord en ce milieu du XVIIème siècle, Pierre de FAYET 3424 qui est né vers 1658 à Labatut, dans la maison du Hâget. Il apprend le métier de charpentier, qu'il exerce avec tellement de brio qu'on lui confit des apprentis pour les former. Il devient alors Maître charpentier.
Le métier de charpentier, physiquement très rude et éprouvant, est un métier essentiel dans la société humaine. C'est lui qui exécute tous les ouvrages en gros bois qui entrent dans la construction des édifices, des machines, des ponts et des bateaux. Bien sûr, il est aussi sollicité pour la construction des maisons, des monuments publics et des édifices religieux.
Le 25 janvier 1687, Pierre de FAYET ou FAGET 3424 épouse une jeune fille du même village, Jeanne de LARRAT 3425 , qui est née dans la maison du Hourtic. C'est d'ailleurs dans la maison de la jeune mariée que le couple s'installe, et donne naissance à 5 enfants :
Ils ont peut-être d'autres enfants, mais à un moment donné (après 1692 en tout cas) ils quittent la maison de Hourtic pour vivre dans cette fameuse maison du Corp. C'est là que Pierre de FAYET 3424 décède, le 16 septembre 1713, à environ 55 ans.
Lien vers les registres de Labatut. Je ne suis pas encore sûr que ce Pierre de FAYET soit le père du personnage qui va suivre. Mais j'ai trouvé son acte de décès dans la maison du Corp, et son âge correspond bien à ce que pourrait être celui de son père.
Je ne trouve pas le décès de Jean de FAYET 1712 dans les registres de Labatut jusqu'en 1755, car il manque ceux allant de 1756 à 1792. Par contre, pour sa naissance j'ai trouvé plusieurs Jean de FAYET nés entre 1675 et 1689. N'ayant pas le nom de ses parents, ni son âge à son décès, je peux difficilement faire une sélection comme à la génération du dessous. Trois d'entre eux sont nés en 1675, 1677 et 1682, tous fils de Arnaud de FAYET et de Jeanne de La TAILLADE, à Loumé. Un quatrième est né en 1678, fils de Pierre du FAYET et de Marie de LABASTE, au Mantou. Enfin, le dernier est né en 1689, fils de Pierre de FAYET, Maître charpentier, et de Jeanne de LARRAT, dans la maison du Haget ou Hourtie. Par instinct, je penche pour ce dernier, et pour plusieurs raisons. D'abord, le métier du père, charpentier, comme ils le seront tous de père en fils par la suite. Ensuite, le prénom du père, Pierre, dont on retrouve le décès au Corp en 1713 (mais ça peut aussi convenir au quatrième). Enfin, le nom de la mère, LARRAT : on retrouve une Jeanne de LARRAT marraine d'un des enfants de Jean de FAYET et de Jeanne de POUJUSAN, le petit Adrian né en 1711.
Par contre, une chose ne semble pas normale avec lui : si c'est lui, il est plus jeune que sa future femme ! En effet, il y a bien une Jeanne de PUJUZAN 1713 qui est née le 18 octobre 1693, mais elle est morte le 15 janvier 1695 à un peu plus d'un an. Du coup, ce ne peut pas être elle. Et je n'en ai trouvé qu'une autre, fille de Jean de POUYUZAN et de Marie de PEYRES, au Harou, et née le 6 août 1678, soit 11 ans avant le cinquième Jean de FAYET. Si c'est elle, elle aurait eu son dernier fils à 52 ans en 1730, ce qui n'est pas bon non plus. Même en essayant de reconstituer toutes les familles FAYET et POUJUSAN à cette époque à Labatut, je manque d'éléments probants pour découvrir la vérité. Je n'irai donc pas plus loin pour cette branche, même si les registres remontent jusqu'en 1627.
Son fils Jean de FAJET ou de FAYET 1712 devient comme son père charpentier, puis Maître charpentier, ce qui signifie qu'il aura lui aussi des apprentis à qui il enseignera son savoir. Côté coeur, il rencontre une jeune femme du nom de Jeanne de POUJUZAN 1713 , née vers 1682, et ni une, ni deux, paf il l'épouse ! La cérémonie qui les unit pour la vie se déroule le 23 février 1710 dans l'église de Labatut. Ils s'installent ensemble dans la maison du Corp, et ont 5 enfants :
Il faut noter que sur l'acte de mariage qui se produira bientôt, le père et le frère du marié (Jean de FAYET 1712 et Adrian de HAIET) savent parfaitement bien signer leur nom, ce qui montre déjà une certaine instruction dans la famille.
Je n'ai pas trouvé le décès de Jean de FAYET 1712 . Par contre, je sais que Jeanne de POUJUZAN 1713 meurt le 23 décembre 1748, non chez elle mais dans la maison du métayer DARRICAU, également à Labatut. Elle a environ 66 ans, et bien que ce ne soit pas expressément écrit dans son acte de décès, il semble qu'elle soit déjà veuve.
En outre, dans les actes paroissiaux, les prieurs et vicaires de l'époque avaient malheureusement tendance à ne pas fermer le haut de leurs "g", ce qui les fait souvent confondre avec des "y". De ce fait, on pourrait lire indifféremment le patronyme "fayet" ou bien "faget". Mais les signatures des intéressés retrouvées dans les différents actes ne laissent aucun doute sur la prononciation originelle de leur nom : il s'agit bien de "fayet".
L'idéal féminin de notre Jean de FAYET 856 est personnifié sous les traits d'une jeune fille originaire d'un autre village landais, nommé Cauneille, situé seulement à 7 kilomètres à l'ouest de Labatut. Cette demoiselle se nomme Fabianne GARANT 857 , et c'est dans son église de Cauneille que le mariage entre les deux jeunes gens a lieu, le 11 avril 1739. C'est également là qu'ils habiteront et que naîtront leurs 3 enfants :
Lien vers les registres de Cauneille. Les registres commencent en 1737 : je n'aurai pas la naissance de Fabienne GARANT puisqu'elle doit être née avant 1720. Et je ne trouve pas non plus son décès à Cauneille entre 1745 et 1832.
Mais cette petite famille n'a pas le temps de grandir encore plus : le père Jean de FAYET 856 décède tragiquement alors qu'il n'a que 30 ans, le 18 novembre 1745, c'est-à-dire 4 mois avant la naissance de sa dernière fille ! Comment la pauvre Fabianne a-t-elle pu surmonter cette épreuve avec ses 3 enfants en bas âge ?
En ce qui concerne l'aîné des enfants, Adrian de FAYET 428 , il est recueilli après la mort de son père par son oncle et parrain, l'autre Adrian de FAYET qui devient alors son curateur, dans la maison du "Corp" à Labatut. Je n'ai pas trouvé d'acte de décès de sa mère dans les années qui suivent, ni à Cauneille ni à Labatut, qui pourrait justifier que les 3 enfants soient placés chez des membres de la famille. Fabianne GARANT 857 a dû survivre, courageusement, pour s'occuper de ses 2 dernières filles, ainsi "soulagée" de son aîné. Le jeune Adrian de FAYET 428 , quant à lui, grandit avec son oncle et devient charpentier.
A Labatut (Landes), j'ai cherché la naissance de Jean de FAYET vers 1715. J'ai trouvé 6 familles FAYET différentes à cette période-là ! Parmi elles, 4 dont le prénom du chef de famille s'appelle Jean. Parmi ces 4-là, seules 2 ont un fils qui s'appelle Jean. Sur ces 2-là, une seule a un autre enfant qui s'appelle Adrian, et une autre qui s'appelle Jeanne. Avec cette dernière famille, on colle à tous les indices que j'avais au départ, à savoir mon Jean de FAYET 856, son frère Adrian parrain d'un de ses enfants, une soeur Jeanne marraine d'un autre enfant, son père aussi nommé Jean. Et pour me conforter dans ma sélection, le chef de famille Jean de FAYET 1712 vivant à Labatut habite dans la maison Corp et en plus il est charpentier ! Le doute n'est plus permis, j'ai trouvé la bonne famille. Comme quoi, ça sert de regarder Colombo...
Etudions maintenant la branche LANDABURU, un nom qui sent bon le Pays basque ! Concernant cette branche, il semble même que l'on doive ajouter une particule, puisque notre ancêtre le plus ancien se nomme Pierre de LANDABURU 858 .
Le préfixe "landa" désigne en basque une terre agricole, une zone rurale. Le suffixe "buru" se retrouve dans plusieurs patronymes basques, comme nos LANDABURU, mais aussi LARRABURU, MOGABURU ou CARRICABURU. "buru" signifie "tête, extrémité, sommet". Je pense que les premiers LANDABURU habitaient sur des terres de haute-montagne, au sommet des Pyrénées. Rappelons que le Pays basque est un territoire basé sur la langue et la culture basque, qui regroupe 7 provinces à cheval sur 2 pays :
Pierre de LANDABURU 858 vit au village d' Undurein en Soule, au plus proche de la montagne et du Béarn, dans le département des Pyrénées Atlantiques. Il s'agit aujourd'hui de la commune d' Espès-Undurein, à 6,3 kilomètres au nord de Mauléon-Licharre, les deux communes d'Espès et d'Undurein en Basse-Soule ayant fusionné en 1842.
Son frère Joannès de LANDABURU, est le maître de la maison de "Landaburu" à Undurein. C'est ce dernier qui est sans doute l'aîné. La fratrie compte aussi une soeur, Marie de LANDABURU, que nous retrouverons plus loin, qui deviendra maîtresse de la maison de Saubat à Saint-Palais. Mais il y a une autre soeur, aussi nommée Marie de LANDABURU pour tout simplifier, qui reste vivre à Undurein où elle demeure maîtresse propriétaire de la maison de Landaburu. Elle est ainsi citée dans l'acte de naissance de Pierre de LANDABURU en 1740, frère de notre Marie LANDABURU 429 .
Au Pays basque, la maison ("etxe" en basque, qu'on prononce "etche") a une importance toute particulière, si bien qu'elle porte un nom. Ce nom est principalement celui du propriétaire, et s'affiche au-dessus de la porte d'entrée. La maison est indissociable de la terre, qui est le principal moyen de subsistance de la famille. Protéger la maison, c'est assurer l'avenir et pérenniser le capital de la famille.
Mais c'est la totalité de la propriété (maison et dépendances) qui est transmise à un seul héritier (garçon ou fille) ; à son mariage, celui-ci devient le maître de maison, garant de l'héritage des ancêtres. Son conjoint (ou sa conjointe) est le plus souvent le cadet (ou la cadette) d'une autre famille, et devient ainsi maître (ou maîtresse) adventice de la maison (après avoir apporté une dot aux parents de l'héritier).
Quant aux autres frères et soeurs, les cadets qui n'héritent pas, ils doivent épouser l'héritier d'une autre famille, ou partir faire leur vie ailleurs... C'est le cas de notre Pierre de LANDABURU 858 , qui quitte Undurein pour venir à Saint-Palais y exercer son métier de charpentier, et pour y trouver femme. Appelé Donapaleu en basque, ce village de Saint-Palais en Basse-Navarre est situé à mi-chemin entre Biarritz et Pau, et doit son nom à Saint-Pelage, qui est un otage martyrisé à Cordoue, dans le sud de l' Espagne, en 926. Etape essentielle sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, il est traversé par la Bidouze, cours d'eau affluent de l' Adour.
Les registres d'Undurein ne me donnent que le décès de 2 filles dites "cadettes de LANDABURU", sans doute des tantes de notre Pierre de LANDABURU 858 :
A Espès-Undurein (Pyrénées-Atlantiques), je n'aurai pas la naissance de Pierre de LANDABURU et de son frère Joannès (ses frères et soeurs) avant 1720. Les registres d'Espès et d'Undurein sont regroupés dans un même volume, mais ceux d'Undurein (qui nous concernent) ne remontent qu'en 1731 (p.312), ceux d'Espès allant jusqu'en 1693...
Pierre de LANDABURU 858 rencontre une jeune fille prénommée Jeanne 859 , mais dont le nom de famille varie étrangement suivant les actes. Sur son acte de mariage, elle est "fille cadette de la maison de SAUBATENA". Sur l'acte de naissance de son fils aîné, elle est "Jeanne de PEYREBLANQUE, maîtresse de la Maison de Jeantiquet à Saint-Palais". Sur celui de sa fille Marie, elle s'appelle "Jeanne de CHAUBAT, maîtresse propriétaire de la Maison de Jeantiquet". Enfin, sur l'acte de naissance de son dernier enfant, elle est simplement dite "Jeanne JEANTIQUET".
Reprenons plus en amont l'ascendance de cette jeune fille pour essayer d'y voir un peu plus clair. Il semble qu'au départ, vers la fin du XVIIème siècle, un certain Saubat ou Jobatena DE PEIREBLANQUE 3436 soit maître propriétaire de la maison de Saubat, Chaubat, Saubatena ou Chabatena. Il faut bien sûr rapprocher les différentes formes de ce nom, car Saubat, Saubatena, Chaubat et Jobatena désignent une seule et même maison. Ce partonyme signifie bien évidemment "pierre blanche". Saubat décède le 19 septembre 1725, laissant derrière lui plusieurs enfants dont probablement celui ci-dessous :
Pierre DE PEIREBLANQUE 1718 et sa femme Marie 1719 ont certainement plusieurs enfants, mais je ne trouve ni leur mariage, ni la naissance de notre ancêtre. Ont-ils fait tout ça dans une commune voisine ? Je n'ai que 3 ou 4 enfants dans ma besace :
Mais Marie 1719 décède le 4 mai 1751, puis son mari Pierre 1718 meurt à son tour le 15 septembre 1757. Leur fille Jeanne SAUBAT DE PEIREBLANQUE 859 hérite donc de Jeantiquet, et choisit de s'y installer. Mais alors, que devient la maison de Saubat ? Eh bien, elle est mise en location ! La famille CHRISTY y a un enfant né dans ses murs en 1757. Vingt ans plus tard, la maison est occupée par Charles EL'HORIBURU qui en devient le métayer. Mais pour notre famille, la suite de l'histoire se passe dorénavant à Jeantiquet...
Pour retracer l'histoire des CHAUBAT, PEYREBLANQUE et JEANTIQUET à St-Palais, je me suis arraché quelques cheveux ! Bien que les registres soient bien fournis, les actes ne sont pas très bavards et il a été difficile de faire les liens entre les familles, les patronymes et les noms des maisons. Car ces 3 noms que je viens de citer peuvent à la fois être des noms de personnes et des noms de maisons dont les propriétaires ont d'autres noms de famille ! La méthode que j'ai utilisée est la suivante : en parcourant l'ensemble des registres, j'ai noté les personnages et les maisons sur une feuille A4, chacun entouré dans les cases avec les années correspondant aux actes, comme pour faire un arbre généalogique, mais totalement décousu puisqu'au départ je n'ai pas les liens entre les individus. Une fois les registres parcourus et ma feuille bien remplie, j'ai cherché les liens qui peuvent exister entre les personnages avec les indices récoltés. Pour la plupart, je n'ai pas pu les relier à notre famille. Mais pour quelques autres, les liens se sont révélés par déduction et ressemblance. C'est cette lecture de ma petite feuille A4 que je vous propose dans ce récit. Il faudra sans doute l'affiner avec des actes notariés pour préciser, ou corriger, certaines données.
Il existe une maison Saubatena à St-Jean-Pied-de-Port, mais je ne sais pas s'il y a un lien avec la nôtre.
Le mariage du charpentier Pierre de LANDABURU 858 et de Jeanne CHAUBAT-SAUBATENA-PEYREBLANQUE de JEANTIQUET 859 (rayez les mentions inutiles, si vous les connaissez !) a donc lieu le 11 février 1738, à l'église Saint Paul du village. Par ce mariage, Pierre devient donc maître adventice de la maison de "Jeantiquet", c'est-à-dire qu'il n'en est pas le propriétaire mais qu'il est le conjoint de la propriétaire. Ils ont 6 enfants tous nés dans cette maison :
Je ne trouve pas le décès de Jeanne CHAUBAT-PEIREBLANQUE-JEANTIQUET entre 1748 et 1819 à St-Palais. Je n'ai pas non plus sa naissance, qui doit remonter avant 1718, année au-delà de laquelle les registres n'existent pas.
Le village de Labatut, où vit Adrien FAYET 428, ne se trouve qu'à 35 kilomètres au nord de Saint-Palais, où grandit la jeune Marie LANDABURU 429 . Les deux jeunes gens se rencontrent, et projettent de se marier. C'est certainement un mariage d'amour, mais il y a un paramètre à ne pas négliger, c'est que c'est Marie qui est choisie par le clan pour être l'héritière de la maison de "Jeantiquet". Ses 3 frères aînés ont certainement préféré tenter leur chance dans les grandes villes, ou partir à l'étranger (beaucoup de Basques sont partis en Amérique du Sud ou au Canada), ce qui fait que le choix des parents s'est porté sur une des filles pour transmettre l'héritage familial. Le mariage a ainsi lieu le 7 juin 1768 à Saint-Palais, et le couple s'installe dans la maison "Jeantiquet". Seulement trois fils leur viennent au monde :
Le père de Marie, le charpentier Pierre de LANDABURU 858 , décèdera le 12 août 1773 dans cette fameuse maison. Son petit-fils Pierre FAYET 214 , suit ses traces ainsi que celles de son père en devenant lui aussi charpentier.
Quant à Marie LANDABURU ou LARRABURU 429 , elle est déjà veuve d' Adrien FAYET 428 quand elle meurt en plein hiver le 2 janvier 1815, chez elle dans sa maison de "Jeantiquet" à Saint-Palais, à l'âge de 68 ans.
Lien vers les AD64. Je ne trouve pas le décès d'Adrien FAYET à St-Palais, entre 1777 (naissance de son dernier enfant) et 1815 (décès de sa femme). Rien dans les TD à partir de 1792, ni dans les registres de décès. Est-il mort ailleurs ?
Gallica a des documents intitulés : "Revue de Béarn, Navarre et Lannes : partie historique de la Revue des Basses-Pyrénées et des Landes". Mais je n'ai rien trouvé nous concernant.
Non loin de là, à 7 km vers le nord, le petit village de Arbouet (formant aujourd'hui la commune d' Arbouet-Sussaute) abrite une autre famille basque : le laboureur Jean IRATCHETO 430 (né vers 1724) et sa femme Marie COUIGNOUA 431 . Ils sont maitre et maîtresse avantice de la maison d' Iratcheto. C'est là que naissent leurs 3 enfants :
Je suis très embêté de ne pas pouvoir remonter plus loin des IRATCHETO. Je cherche désespérément l'acte de mariage de Jean IRATCHETO et de Marie COUIGNOUA, et leurs naissances à tous les deux. J'ai cherché le mariage à Arbouet-Sussaute, et éventuellement les frères et soeurs d'Anne avant 1760, et je n'ai rien trouvé. Il faut dire qu'il y a des trous dans certaines années : entre 1754 et 1757, entre 1759 et 1763, ainsi que l'année 1768. Mais d'après les actes des 3 enfants que je possède, les COUIGNOUA viennent d'Aroue en Soule, aujourd'hui commune d' Aroue-Ithorots-Olhaïby, à une petite dizaine de kilomètres à l'est de St-Palais. J'y ai donc cherché ce mariage dans le registre d'Aroue mais je ne l'ai pas trouvé non plus, ni la naissance de Marie COUGNOUA. En essayant de trouver la naissance de Jean IRATCHETO à Arbouet, malgré le fait que les actes de cette période à Arbouet soient très difficiles à déchiffrer, je n'ai rien trouvé, pas plus que la naissance d'autres frères et soeurs, entre 1713 et 1724. A part trouver des actes chez les notaires de St-Palais, Arbouet et Aroue, je suis dans une impasse.
Par contre, dans les registres d'Arbouet, j'ai trouvé plusieurs personnages de la famille Iratcheto, mais dont je ne peux pas dire qui ils sont les uns par rapport aux autres. D'abord, le 26 juillet 1741, des jumelles, Louise et Catherine de CHAPAT ont pour marraines Johannes et Catherine d'IRATCHET, dont la première est maîtresse de ladite maison d'Iratchet. Ensuite, le 16 mai 1742 décède une certaine Gratianne d'IRATCHETO à l'âge de 19 ans. Le 20 novembre 1753, on assiste au mariage du laboureur Jean DIRATCHETO et de la couturière Isabelle DESCUTARY. Le 22 janvier 1756, un Pierre DIRATCHETO décède âgé de 5 jours. Le 28 mai 1762, c'est le décès de Catherine de CAMUS du lieu de Sussaute, qui est maîtresse d'Iratcheto du lieu d'Arbouet. Enfin, le 15 juin 1767 est né Martin IRATCHETO, fils de Jean IRATCHETO Sr de la maison du même nom, et de Catherine d'AGUERRE ; ce Martin est le cousin de notre Anne IRATCHETO (sosa 215).
J'ai trouvé à Arbouet le mariage d'un Joannes DIRACHETO avec Catherine CAMUS le 2 septembre 1721. Ils ont eu une fille, Gratianne, née le 20 février 1723. Sont-ils les parents et la soeur de notre Jean d'IRATCHETO 430 ?
J'ai aussi trouvé un Jean YRATCHETO décédé à Arbouet le 17 mai 1771 à l'âge de 80 ans (donc né vers 1691). Ce n'est pas l'époux d'Isabelle DESCUTARY, sinon il se serait marié à 62 ans... Qui est-il ? Peut-être le père de notre Jean IRATCHETO 430 ?
Un autre Jean IRATCHETO s'installe à Domezain (aujourd'hui Domezain-Berraute), et décède le 18 novembre 1823 à 65 ans, "dans la maison d'arrêt" de Saint-Palais ! Il est vrai que dans le département des Pyrénées-Atlantiques, 5 prisons étaient en service au XIXème siècle : Bayonne, Oloron, Orthez, Pau et Saint-Palais. Alors, qu'a-t-il bien pu faire pour se retrouver dans cette prison, et par quel événement y a-t-il trouvé la mort ?
Notre Jean IRATCHETO 430 décède le 8 mai 1784, dans sa maison d'Iratcheto à Arbouet, à environ 60 ans. Marie COUIGNOUA 431 reste maîtresse adventice de la maison d'Iratcheto, et décède pour sa part après 1788 (année de mariage de leur fils Jean).
Leur fille Anne IRATCHETO 215 épouse un charpentier d' Arbouet, Bernard BENICHE, né vers 1769 et qui est alors métayer de Chentou. Ils ont ensemble 3 filles faciles à différencier :
Vers 1798, Bernard BENICHE et Anne IRATCHETO 215 deviennent maître et maîtresse de la maison de Bidart, à Arbouet. Mais ils profiteront peu de cette jolie situation familiale, car Bernard BENICHE ou MINICHE, décèdera malheureusement quelques années plus tard, le 18 brumaire an X (9 novembre 1801) à Saint-Palais.
Pour faire vivre ses 3 filles, Anne IRATCHETO 215 vient s'installer à Saint-Palais et elle y devient journalière et ménagère. C'est également à Saint-Palais qu'elle fait la rencontre de Pierre FAYET 214 . Treize ans après le décès de son premier mari, Anne IRATCHETO 215 épouse Pierre FAYET 214 le 15 octobre 1814. C'est un mariage tardif puisque Pierre a alors 37 ans, et Anne 43 ! A cet âge relativement avancé, ils n'auront d'ailleurs pas d'enfants au cours de leur union... Euh, quoi ? Comment ça ? Nos ancêtres n'ont pas eu d'enfants ?!!! Comme on dit dans Kaamelott : "Qu'est-ce à dire que ceci ?".
Il est une chose qu'il faut savoir, c'est que 9 ans avant ce mariage, Anne IRATCHETO 215 a donné naissance à une petite fille, Anne 107 . Cette enfant voit le jour le 22 frimaire An XIV de la République, soit le 13 décembre 1805, dans la maison de "Dupuy" à Saint-Palais. C'est elle qui deviendra plus tard la maman de Marie-Anne CANTAGREL 53 . En effet, alors veuve depuis 4 ans, Anne IRATCHETO 215 avait eu une liaison. La difficulté qui se présente à moi, c'est que sur l'acte de naissance d' Anne 107 , le nom du père n'est pas cité...
Le véritable père d'Anne est inconnu sur son acte de naissance. De cette situation peuvent découler 2 théories :
Pour ma part, je privilégierais la seconde hypothèse, puisque la première ne mène à rien. Ce choix est conforté par le fait que sur l'acte de mariage d'Anne 107 avec Jean CANTAGREL, elle est bien dite "fille légitime et majeure de sieur pierre faget, charpentier, et d'anne Iratcheto son épouse".
A Aroue, chercher la naissance de Marie COUIGNOUA avant 1753.
Je ne trouve pas le mariage de Bernard MINICHE et Anne IRATCHETO avant 1801, ni à St-Palais ni à Arbouet, bien qu'ils soient tous les deux nés à Arbouet, et que c'est là qu'ils ont eu leurs enfants.
Pierre FAYET 214 a donc "reconnu" la petite Anne 107 comme étant sa fille, elle s'appelle désormais Anne FAYET 107. Le père (réel ou d'adoption) disparaît dans sa maison de "Jeantiquet" le 30 avril 1848, à l'âge de 70 ans. Celui qui ira déclarer ce décès à la mairie du village n'est autre que son voisin immédiat et gendre, un certain Jean CANTAGREL 106. La veuve de Pierre, Anne IRATCHETO 215 , décède 3 ans plus tard le 14 août 1851, également à "Jeantiquet". Elle avait 79 ans.
C'est donc dans le Pays basque, à Saint-Palais, que Jean CANTAGREL 106 rencontre Anne FAYET 107 . Sur certains actes, elle s'appelle Anne (qui est son nom de baptême), et sur d'autres elle se prénomme Lucine (sans doute son prénom usuel). Mais tout se recoupe pour dire qu'il s'agit bien d'une même et unique personne. Elle est ménagère de profession, alors que Jean est cordonnier.
Les deux amoureux s'épousent le 14 janvier 1832, à Saint-Palais. Les parents du mariés ne peuvent pas faire le déplacement pour la cérémonie, mais donnent procuration au charpentier de Saint-Palais, pour porter leur consentement. Le père d' Anne est aussi absent, mais son notaire rédige un acte pour formuler son accord ; seule la mère de l'épouse est là... Il était d'ailleurs bien temps qu'ils se marient, car leur fille Marie-Anne CANTAGREL 53 naît 5 mois plus tard, le 10 juin 1832 ! Ils s'installent alors dans la maison de "Jeantiquet", à Saint-Palais, dont Anne Lucine FAYET 107 est l'héritière.
Ils ont en fait 8 enfants :
Malheureusement, la maman Lucine FAGET 107 meurt le 13 septembre 1855 à 50 ans, sans doute de maladie, 2 jours avant son fils Pierre. Les enfants qui lui survivent ont alors entre 23 et 5 ans, et Jean CANTAGREL 106 doit les élever seul.
Recherches aux AD64. Trouver où peut être décédé Jean CANTAGREL, après 1855, mais pas à St-Palais (vérifié jusqu'en 1900). Il ne semble pas s'être remarié, en tout cas pas à St-Palais.
Je ne trouve pas l'acte de naissance à St-Palais de Pierre CANTAGREL, né vers 1846, mais dont j'ai l'acte de décès. Où est-il né si ce n'est pas à St-Palais ?
Que devient cette fameuse maison Joantiquet par la suite ? Les occupants de la maison ont changé souvent de nom, et retracer son histoire n'a pas été chose facile...
Dans le recueil de photos anciennes de Jean GARAY, "Images de Basse-Navarre", on trouve page 112 une photo très intéressante concernant "Jouantiquet". Auguste SEGALAS est le propriétaire rentier de la maison. Il n'est pas l'abbé SEGALAS, chef d'institution au collège d'Orthez (Académie de Pau) comme écrit dans le livre, car ce dernier est mort le 4 mai 1851 (Source : Le journal Mémorial des Pyrénées, 37ème année n°108 du 6 mai 1851).
Or ici, notre Auguste SEGALAS lègue sa maison, le jardin et le champ en dépendant, le 12 avril 1861, devant Me GANDERATS, notaire à Saint-Palais, à 3 soeurs Franciscaine de Marie Immaculée. La vente se fait au prix de 3 600 francs, et à la condition expresse que la maison soit affectée à un hôpital pour les malades et les pauvres de la ville. La Congrégation des soeurs de Saint-François d'Assise devient donc propriétaire de "Jouantiquet" et fait réaliser d'importants travaux pour bâtir l'Hospice Sainte-Elizabeth.
Par la suite, le terrain jouxtant l'hospice est aussi racheté, des bâtiments supplémentaires vont sortir de terre et l'oeuvre va prospérer... Car en 1937, l'hospice de Saint-Palais est également devenu orphelinat et clinique ! Aujourd'hui, c'est l'actuelle maison de retraite (EHPAD) Sainte-Elizabeth située au 6 rue Théodore d'Artez.
La recherche de la maison "Jeantiquet" a été une sacrée épopée ! J'ai d'abord personnellement cherché géographiquement cette maison dans Saint-Palais, mais non seulement je ne l'ai pas trouvée, mais personne parmi les gens du cru (personnes âgées rencontrées dans la rue et érudits locaux contactés par téléphone) ne connaissait ce nom, y compris à la mairie ! Le site du le club de généalogie de St-Palais m'avait répondu que leurs relevés sont plus récents que cette période-là, mais qu'ils ont constaté qu'à plusieurs reprise dans l'histoire de Saint-Palais, "il n'était pas rare que les maisons changent de nom au fil de leurs propriétaires successifs".
J'ai donc essayé de continuer la descendance des héritiers de cette maison dans les AD64, pour voir si une mention de changement de nom ou autre est indiquée. Le dernier couple a être maître de Jeantiquet sont Adrien FAYET et Marie LARRABURU. Leur fils Pierre né en 1777 n'est pas indiqué dans les actes comme maître de cette maison, bien qu'il y soit décédé. Je ne trouve pas d'acte de mariage de ses 2 frères, Bernard né en 1770, ou Pierre né en 1771, à St-Palais, ce qui semble indiquer qu'ils se sont mariés ailleurs et ne sont donc pas héritiers de la maison. Dans la génération suivante, Anne Lucine FAYET est la seule enfant du couple Pierre FAYET - Anne IRATCHETO. Les dernières mentions du nom "Jeantiquet" se trouvent dans l'acte de naissance de sa fille Geneviève CANTAGREL en 1850, et dans celui du décès d'Anne en 1855. Dans aucun de ces actes elle n'est dite propriétaire de la maison, mais on peut le supposer de façon très probable.
Sur cette hypothèse, à qui est ensuite passé l'héritage de la maison ? Forcément à un CANTAGREL, fils ou fille de Jean CANTAGREL et d'Anne FAYET. Notre ancêtre Marie-Anne CANTAGREL n'étant pas concernée, j'ai donc cherché les mariages des autres enfants survivants, voir si une des filles se mariant, elle prend le nom de son mari, et le nom de la maison change aussi. Mais il n'y a pas de mariage avec une CANTAGREL à St-Palais dans les registres de 1853 à 1879....
Le site du club généalogie cité plus haut m'a informé que la dernière naissance à Joantiquet date de 1864 : il s'agit de Pierre BOURRUS qui naît le 8 mars de cette année-là, fils du charpentier Arnaud BOURRUS (né en 1785) et de Marie HEUGAS (née en 1840). Je n'ai pas trouvé leurs naissances à St-Palais, ce qui semble dire qu'ils n'ont ni l'un ni l'autre hérité de Jeantiquet. De plus, je n'ai aucun mariage de Pierre BOURRUS entre les années 1883-1893, pour voir si un nom de maison est cité...
Le club de généalogie, encore une fois, m'a aidé en mettant le doigt sur le livre de Jean Garay, qui citait "Joantiquet" comme étant l'hospice de St-Palais. Je tiens donc ici à remercier Annie Sabarots d'Amikuse Généalogie pour son investissement et son aide précieuse. Cela m'a permis de découvrir les actes de vente de la maison aux soeurs Franciscaines, la position de la maison sur le cadastre, et ce qu'elle est devenue par la suite.
Quant à savoir ce que ça peut bien vouloir dire... Un site basque croit déchiffrer "Jean Tiguet" (voir en bas de la page), est-ce le nom du premier propriétaire de cette maison ? "Joan" est bien l'équivalent basque du prénom "Jean", mais veut dire aussi "aller". Par contre, "Tiquet" tout seul ne veut rien dire.
Marie-Anne CANTAGREL 53 va devoir quitter son Pays basque natal. Cette jeune fille doit, comme cela se fait très souvent, être placée comme domestique dans une riche famille bordelaise. Elle délaisse donc Saint-Palais pour se rendre à Bordeaux...
Et c'est dans la capitale girondine qu'elle rencontre Bernard JUSFORGUES 52 , alors employé aux chemins de fer. Ainsi le couple se forme. Ils s'installent rapidement ensemble au 18 rue de la Fusterie à Bordeaux, sans doute dans une chambre de bonne, et à 24 ans chacun, ils ont même un enfant alors qu'ils ne sont pas mariés ! En effet, Pierre Louis JUSFORGUES, cet enfant naturel, est né à Bordeaux le 25 août 1856. Cet enfant a du mourir jeune car on ne le retrouve pas dans les listes de recensement, mais je ne trouve pas trace de son décès ni à Bordeaux, ni à Cenon.
Les listes de recensement de la population aux Archives municipales de Bordeaux indiquent qu'ils n'habitaient pas encore rue de la Fusterie en 1851, mais qu'ils y étaient en 1856, même si l'étage n'est pas précisé. On les retrouve rue Tranchère à Bordeaux en 1866, en compagnie de la maman de Bernard, puis en 1872, mais également en 1881. On ne les trouve plus dans celui de 1886.
Pierre Louis JUFORGUES, le premier enfant, n'est dans aucune liste de recensement. Il a du mourir jeune. J'ai cherché son décès à Bordeaux, mais il n'est pas dans la 1ère ni la 2ème section de 1856 ni 1857. Quant à Cenon, il n'y est pas non plus de 1856 à 1860.
Mais l'arrivée de cet enfant prend de la place, et le couple doit songer à déménager... Où trouver un domicile plus grand qui puisse accueillir une famille de 3 personnes ? Bernard et Marie-Anne trouvent une solution : ils passent sur la rive droite de la Garonne, dans la commune de Cenon-Labastide. C'est là qu'ils se marient le 14 août 1857, sans avoir fait de contrat de mariage mais réunissant à eux deux les départements des Hautes et des Basses-Pyrénées !
Cette commune de Cenon-Labastide est née de la fusion de 2 villages viticoles sur la rive droite de Bordeaux. Depuis déjà le début du XIXème siècle, Bordeaux veut annexer le quartier de Labastide (appartenant alors à Cenon-Labastide) par crainte de voir une partie du commerce bordelais partir s’installer sur la rive droite de la Garonne. Napoléon Ier décide d’ailleurs la construction du Pont de Bordeaux (le Pont de pierre) pour favoriser ce rattachement. Le pont est mis en service en 1822, mais la municipalité de Cenon-Labastide se défend pour maintenir son autonomie.
Sur la rive droite, Bernard et Marie-Anne habitent d'abord 113 route de Paris, en 1858 (année de naissance de leur fils François Comer). Cette route suit aujourd'hui le tracé de la rue de la Benauge et du cours Gambetta. Il ne faut pas la confondre avec la nouvelle route de Bordeaux à Paris, ou avenue de Paris, percée en 1824, qui sera la future avenue Thiers.
Puis en 1861 (année de naissance de leur fille Françoise Marie), on découvre qu'ils demeurent 1 rue Rollande (avenue qui traversait en diagonale le quartier Niel mais qui a disparu depuis).
Enfin, quelques temps plus tard (entre 1861 et 1866), ils élisent domicile au 9 rue Tranchère, qui existe toujours à la Bastide.
A partir de 1856, Bernard devient employé à la "Compagnie de Chemin de Fer d'Orléans", une compagnie privée de chemin de fer, qui sera bien plus tard fusionnée avec les autres compagnies en 1938 pour former la S.N.C.F. On retrouve la mention de sa profession sur l'acte de naissance de son fils François, ainsi que sur l'acte de la succession de son père en 1860 (qui ne consiste qu'en une maison tombant en ruine sur un terrain à Sarniguet d'à peine 1 are et 50 centiares).
La Compagnie fait construire par l'ingénieur DARU et l'architecte PEPIN-LE-HALEUR, la gare d'Orléans sur le quai des Queyries, sur la rive droite de la Garonne, pour former la ligne Orléans-Bordeaux. Cette gare, la plus ancienne des 3 gares de Bordeaux, est inaugurée le 20 septembre 1852. Le voyage pour arriver de Paris ne dure plus que 13 heures et 10 minutes, ce qui est révolutionnaire à l'époque quand on sait que la diligence mettait 45 heures pour faire le trajet !
Pourtant dès 1861, on découvre sur les actes que Bernard devient marchand de charbon, alors que Marie-Anne est ménagère. Sans doute fournit-il le charbon nécessaire à la société de chemin de fer pour alimenter les locomotives. D'employé de la Compagnie, il en devient un fournisseur, ce qui doit payer davantage...
Mais en 1865, la pression des commerçants bordelais finit par payer : l’annexion du quartier de Labastide à Bordeaux est enfin réalisée. La famille JUSFORGUES se retrouve ainsi vivre à Bordeaux, quartier de la Bastide, sans avoir déménagé !
En plus de leur premier fils né avant leur union, le couple a 6 autres enfants qui voient le jour à leur domicile :
Il est à noter qu'avant Bernard, dans tous les actes, le patronyme s'écrivait JUSFORGUES avec un "s" devant le "f", et qu'après lui, pour ses descendants le "s" a disparu ! Lui-même, sachant bien signer son nom, l'écrit "Juforgue", sans "s" nulle part ! Le rencesement de 1866 nous indique que la maman de Bernard, Françoise MAILHOS 105 , alors veuve depuis 1859, a rejoint son fils, sa bru et ses petits-enfants à la Bastide, pour y finir ses jours. Elle décède le 9 février 1869, rue Tranchère, à l'âge de 67 ans.
En 1865, à la naissance de Pierre Isidore, Bernard habite au n°25 de la rue St-Jacques à Bordeaux. En 1870, au décès dudit Pierre Isidore, il habite à nouveau rue Tranchère. Puis, entre 1871 et 1878, la famille déménage pour s’installer dans le village de Maguiche, commune de Pessac. C’est là que l’aînée Françoise Marie se marie. Il doit s'agir d'une "résidence secondaire" qu'ils ont pu acheter, car on constate qu'ils conservent leur habitation rue Tranchère, comme en témoignent les actes de naissance de Jean Richard et Henri.
Mais une catastrophe se produit le 18 février 1879 : Bordeaux est alors inondée par une crue très importante de la Garonne. Pendant 5 jours, des vents violents du nord-ouest, des trombes d’eau et de grêle, ajoutés à une forte marée de pleine lune, submergent les quais des deux rives. A la Bastide, certaines rues ont plus de 1,60 m d’eau, et l’inondation s’étend jusqu’au pied des coteaux de Cenon. L’entreprise de commerce de charbon se retrouve envahie par les eaux, et Bernard ne peut plus continuer son activité professionnelle.
Les listes de recensements montrent qu'ils vivent toujours rue Tranchère en 1881, cependant Bernard est obligé de changer de travail : il devient charetier et transporte des marchandises pour qui a besoin d'un moyen de transport. Pour aider la famille à subvenir à ses besoins, Marie-Anne continue bien évidemment les ménages. Je remarque qu'une de leurs voisines se nomme Marie CANTAGREL, originaire des Basses-Pyrénées, de 3 ans plus jeune que notre Marie-Anne ! Il s'agit bien sûr de sa soeur, qui a épousé François DARNIS, collègue de Bernard et chef d'équipe dans les chemins de fer, né dans le Lot et avec qui elle a fondé une grande famille.
Peut-être est-ce un des voyages qui amène Bernard transporter ses chargements sur les terres du Médoc. Car la décision est bientôt prise : la famille va quitter Bordeaux pour aller s'installer près de Margaux ! Je ne connais pas le pourquoi de ce choix, mais on peut supposer sans trop se tromper que l'attrait du bon vin n'y est pas étranger... Voici donc que sur les routes qui traversent les vignes médocaines, notre Bernard devient camionneur, c'est-à-dire qu'il conduit une charrette tirée par des chevaux.
Bernard et Marie-Anne habitent toujours rue Tranchère en 1884, lors du mariage de leur fille Lucie Ursule. C'est donc entre 1884 et 1886 qu'ils partent s’installer dans le Médoc, dans le village de Ginotte, à Cantenac. Malheureusement, la vie est ainsi faite qu'ils ne vont pas profiter de ce nouveau décor bien longtemps. Car c'est là que Bernard décède le 8 février 1887, à l'âge de 55 ans. Veuve, Marie-Anne part alors s’vivre à Margaux, au quartier de Labèque, où 12 ans plus tard, elle décède à 67 ans, le 28 juillet 1899.
Suite de l'histoire : vers "Jean" Richard JUFORGUES
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