La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
Explications sur les différents calendriers utilisés dans l'Histoire.
Convertir une date du calendrier républicain vers le calendrier grégorien
Pour situer une date dans l'Histoire.
Quelques mots sur l'origine des noms de famille.
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Dans le temps :
(raconté par Pierre Ducos)
Ma mère Marcelle Victoire Marie GUIBERT 5 est née le 31 janvier 1913 à 8 heures et demie du matin au lieu-dit Nicoleau à St-Ciers-de-Canesse, entre Bourg et Blaye en Gironde. Elle n'a presque pas connu son père Charles GUIBERT 10 qui est parti à la Guerre de 1914, et qui trouva la mort près de Verdun en 1916 alors qu'elle n'avait que 3 ans. Comme près d'un million d'enfants de cette époque, qui ont perdu leurs pères sur les champs de bataille, elle est "adoptée par la Nation". Effectivement, la France adopte les orphelins dont le père a été tué à l'ennemi, s'engage à garantir leur éducation et la protection de leur santé. L'Etat verse donc une somme à sa mère Joséphine PONS 11 pour l'aider à élever l'enfant jusqu'à sa majorité (qui est à l'époque à 21 ans).
Alors qu'elle a 35 ans, Joséphine se remarie avec un viticulteur de 45 ans, Pierre dit "Léopold" CLAIR, le 21 juin 1919 à St-Ciers-de-Canesse. Léopold lui aussi est veuf, et a déjà une fille appelée Denise. La petite Marcelle grandit donc avec cette nouvelle famille au lieu-dit Nicoleau, dans la maison voisine de ses grand-parents Jules GUIBERT 20 et Suzanne LAROCHE 21 . En se remariant, Joséphine perd cependant le bénéfice de sa pension.
Enfant, Marcelle est abonnée à une revue destinée aux jeunes filles de 7 à 15 ans, "Lisette". Le périodique, d'ailleurs sous-titré : "Journal des petites filles", arrive toutes les semaines dans la boîte aux lettres de son domicile de Nicoleau. Depuis sa création en 1921, cet hebdomadaire de 16 pages présente pour 25 centimes des bandes dessinées, des jeux, des patrons à découper, mais surtout des histoires à lire. Nous avons retrouvé 153 exemplaires de "Lisette" dans le grenier, ce qui tend à prouver que Marcelle adorait ce journal quand elle était enfant, et que même devenue adulte, elle y restait profondément attachée puisqu'elle les a gardés. Les numéros vont de 1925 à 1931, elle les lisait donc entre 12 et 18 ans. Elle lit également les bandes dessinées de "Bécassine", ainsi que l'hebdomadaire "La semaine de Suzette". Il faut savoir que le pendant masculin de "Lisette" s'appelle "Pierrot" ; cela a-t-il joué un rôle par la suite ?!
Sur sa carte d'identité, une note de signe particulier apparaît : "Cicatrice ancienne, brûlure côté gauche du cou". En effet, pendant son enfance, sa grand-mère Suzanne LAROCHE 21 qui a trop bu, commet un acte impensable : elle la brûle avec de l'eau bouillante. Je n'ai pas beaucoup de précision sur cet accident, mais on peut imaginer la douleur de la fillette...
A l'adolescence, Marcelle est placée comme domestique chez une riche famille de Lesparre, sur la route de Valeyrac, la famille COUCHARRIERE. C'est son premier contact avec le Médoc, elle qui a toujours vécu de l'autre côté de la "Rivière", comme on dit, sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde. Sa carte d'identité nous renseigne sur sa taille d' 1,65 m, ses cheveux châtains et son nez fort !
Un jour de septembre 1933, elle se rend au village voisin, à St-Seurin-de-Cadourne, pour rendre visite à sa tante Virginie PONS, la soeur de sa mère. Dans ce village, comme cela se fait traditionnellement à la fin des vendanges, on donne un bal. Cette festivité permet à Marcelle de se divertir le temps d'une soirée.
Au son des accordéons, elle rencontre un fringant jeune homme bien mis de sa personne, un certain Amiet DUCOS 4. Avec ses beaux yeux bleus et dans l'ambiance tourbillonnante de la java sous les lampions, le trentenaire ne tarde pas à séduire la jeune fille de 20 ans.
Mais suite à cette rencontre d'un soir, Marcelle tombe enceinte. Elle se rend chez Amiet pour régulariser la situation, chose dont il ne veut pas entendre parler. Ce refus est très mal pris par Joséphine : elle ne peut supporter que Marcelle devienne fille-mère. Devant cette situation qui semble devenir insoluble, Joséphine sombre dans une profonde dépression. Elle décide alors de mettre fin à ses jours en se jetant dans le puits de sa maison, à Villeneuve près de St-Ciers-de-Canesse, le 8 mars 1934.
Après le suicide de sa mère, Marcelle 5 veut obliger Amiet 4 à accepter le mariage. Elle finira par obtenir cette union, qui aura finalement lieu 11 jours après, le 19 mars 1934 à Listrac. Marcelle traverse donc définitivement l’estuaire de la Gironde, en amenant sur une yole (embarcation légère à voile ou à aviron) la grande commode en bois de châtainier ou de noyer, seule chose dont elle a hérité de sa mère, et sur laquelle elle posera un jour le poste de télévision. Elle amène également sa chère collection de "Lisette" de son enfance !
Une yole... ou un bac ? On a retrouvé dans les vieux papiers un article découpé d'un journal, certainement "Sud-Ouest", titré "Le bac Les-Deux-Rives est de retour" (voir ci-contre). Ce bac était un bateau qui transportait des passagers et des voitures pour traverser l'estuaire de la Gironde, entre Blaye et Lamarque. Il avait été réquisitionné par les Allemands en 1940, puis récupéré par les Français en assez piteux état. Marcelle conserve précieusement cet article... Est-ce par ce bac qu'elle est passée de St-Ciers-de-Canesse au Médoc ? Lui rappelle-t-il son enfance heureuse, du temps où sa mère était encore en vie ? Nous n'auront sans doute jamais la réponse.
Toujours est-il que Marcelle vient s’installer à Libardac, dans la propriété familiale, entre les soirées devant le feu de cheminée et la compagnie de ses chats. Le petit Pierre 2 , dit Pierrot, vient rapidement au monde, et met de l'animation dans la maison ! L'ambiance est de toutes façons plutôt agitée, car Amiet 4 et Marcelle 5 se disputent fréquemment...
Un jour d'août 1944, Marcelle se rend à l'épicerie ROPION, qui se trouve à cette époque en face de l'école de Listrac, de l'autre côté de la Grand'route (aujourd'hui la route départementale D1215), pour y faire quelques achats. Devant l'épicerie se tient un groupe plusieurs personnes avec leurs vélos, qui discutent, quand arrive un camion allemand qui se dirige vers Le Verdon.
C'est la fin de la guerre, et les occupants doivent rejoindre la pointe du Médoc, ainsi que Royan de l'autre côté de l'estuaire, pour bloquer tout accès à Bordeaux par la mer aux troupes alliées. Il se dit aussi que les Allemands, sentant le vent tourner, confisquent les vélos et les costumes civils pour pouvoir se fondre dans la population et éviter de se faire tuer par les résistants et les soldats alliés.
En voyant ce camion arriver, le groupe détale en emportant les vélos, y compris Marcelle qui rentre dans l'épicerie avec sa bicyclette. L'épicière la cache au fond de la boutique, derrière un grand rideau. Mais un Allemand entre en tenant une grenade à la main. Il va au fond du magasin et tire brusquement le rideau. Par quel miracle n'a-t-il pas vu Marcelle, ni son vélo ? Car il repart aussitôt sans rien faire ni sans rien dire, avec sa grenade intacte... Cet épisode a donné certainement à Marcelle la plus grande frayeur de sa vie.
Marcelle passera ainsi toute son existence à Libardac. Très pieuse, elle garde toujours près d'elle son missel où ses initiales sont gravées, et se rend à vélo à la messe donnée dans l'église de Listrac le dimanche.
Après la disparition d' Amiet en 1994, Marcelle vivra seule 10 années de plus à Libardac. Mais au début de l'été 2000, elle fait une mauvaise chute dans les escaliers, et se casse le col de fémur. Elle doit subir une opération à la clinique des 4 Pavillons à Lormont, et y rester quelques temps pour se rétablir. Le temps lui paraît long, elle regrette son cadre de vie quotidien et "ses chères habitudes". Après ce séjour forcé, elle peut enfin remarcher et retourne à Libardac pour son plus grand bonheur.
Ce bonheur dure jusqu’en 2004. A ce moment-là, alors âgée de 91 ans, elle commence à contracter la maladie d'Alzheimer. Perdant peu à peu son autonomie, elle oublie même parfois de fermer le robinet de gaz. Cette situation dangereuse décide son fils Pierre 2 à l’emmener alors vivre avec lui à Cenon.
Cette cohabitation dure deux années, avec toutes les difficultés inhérentes à la présence d'une personne atteinte de cette maladie pour ses proches. Le 16 décembre 2006, Marcelle subit une attaque cérébrale dans la maison de son fils, qui appelle les secours. Une ambulance arrive, et la transporte immédiatement à la clinique « Les Cèdres » de Mérignac. Elle y décède à presque 94 ans.
Vers son époux Pierre « Amiet » DUCOS
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