La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
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La famille BERNADA habite Moulis, au hameau du Mayne qui s’appelait à l’époque le Mayne de Bernada, et qui regroupe la demeure du propriétaire et les masures du personnel. Le nom de famille est très certainement issu du toponyme Bernada, ce qui prouve qu'on est bien là dans le berceau de la famille. Tout près de là est construite l’ « Oustau neu », ce qui signifie la " maison neuve " en patois, au début du XVIIème siècle. D'après les actes paroissiaux les plus anciens, il semble même que Loustauneu (écrit en un seul mot) soit carrément un village puisque d'autres familles y habitent.
C'est donc à l’ Oustau neu que vit le couple formé par Bertrand BERNADA 2388 et son épouse Marie CASTAING 2389 . Si je n'ai pas leur date de mariage, c'est qu'elle est antérieure au plus ancien registre de Moulis qui remonte quand même jusqu'en 1609 ! Par contre, je sais qu'ils ont au moins 3 enfants :
Louÿs BERNADA 1194 grandit et a la chance de pouvoir apprendre à lire, à écrire, à compter, et à faire des études plus poussées encore. Il devient alors avocat à la cour souveraine du Parlement de Bordeaux, et prend le titre de Maître. Cette cour de justice est la 4ème de France par rang d'ancienneté (derrière Paris et Toulouse, à égalité avec Grenoble) : fondée en 1462 par le roi Louis XI, elle existera jusqu'à la Révolution française en 1790. Cette cour rend la justice au nom du roi, et son ressort s'étend sur l'ensemble de la Guyenne (Bordeaux, Libourne, Bazas, Casteljaloux, Nérac, Agen, Condom, Mont-de-Marsan, Dax), du Limousin (Limoges), du Périgord (Périgueux, Sarlat), et de la Saintonge (Saintes, St-Jean-d'Angély).
Maître Louÿs BERNADA 1194 devient propriétaire de Loustauneu et y vit au quotidien. Pour effectuer les tâches domestiques, il est aidé successivement par plusieurs personnes. D'abord, il prend pour valet un Jean dont on ne connaît pas le nom de famille, mais qu'on surnomme "Périgord". Ce sobriquet lui vient-il de sa région natale ? En tout cas, le valet remplit parfaitement bien ses fonctions à la plus grande satisfaction de l'avocat. Mais le 1er mars 1660, Périgord passe la soirée devant la maison de Jean LONG, dit "Pitoh", dans le village de Poujeaux. Cette maison se trouve être également une taverne, ce qui explique que Périgord boit quelques verres avec des amis. Des amis, ou simplement des compagnons d'un soir, car à la nuit tombée, "certains personnages" s'en prennent à lui et l'assomment à coups de barre ! Les blessures occasionnées sont suffisamment graves pour qu'il décède le lendemain.
Après l'enterrement de Périgord, Maître Louÿs BERNADA 1194 prend un nouveau valet nommé Arnaut ARNAUT (ça ne s'invente pas !). Et comme on ne sait pas comment appeler ce zélé serviteur, on lui donne le surnom de "Pistolet" ! Côté vie privée, on se rend compte que Louÿs est plutôt un chaud lapin... Il se marie d'abord à une jeune femme de bonne famille, Damoiselle Marie de GUICHANER, avec qui il vit dans sa maison de Loustauneu. Mais celle-ci décède subitement le 26 novembre 1662. La cause de la mort n'est pas précisée, mais elle n'a pu recevoir que le sacrement de l'extrême-onction : son décès a été si rapide que le prêtre n'a pas pu lui donner les sacrements de pénitence et d'Eucharistie. J'imagine donc qu'elle a eu un accident, plus qu'une maladie. Le lendemain, le corps de la défunte est transporté à Bordeaux pour être enseveli dans l'Eglise de la Grande Observance de Saint-François.
Une fois veuf, l'avocat batifolle et fricotte avec sa servante, Françoise CASTAIGNET, qui finit par lui donner une enfant bâtarde : la petite Jeanne BERNADA naît le 2 mars 1663 à Moulis. L'archiprêtre de cette paroisse, DUCORNET, n'est pas content du tout de cette situation : il réunit la sage-femme qui a accompagné l'accouchement et 5 autres témoins dans la maison de la jeune mère. Il demande à toutes ces personnes de désigner le père, et ce sous serment. Si l'avocat comptait étouffer discrètement l'affaire, il a raté son coup ! L'archiprêtre écrit donc sur l'acte de naissance que l'enfant est "des oeuvres du dit Sieur Bernada et non d'autre".
Cela aurait pu lui servir de leçon. Mais voilà que 13 ans plus tard, Louÿs BERNADA 1194 faute une nouvelle fois, mais avec Jeanne LANGLOIS, une jeune femme originaire d’Avensan. C'est pourquoi il a une deuxième fille naturelle, Catherine BERNADA, née le 3 avril 1676 à Moulis.
Je ne sais pas jusqu'où remontent les archives à la mairie de Moulis (1692 aux AD33), mais si possible il faudrait trouver cet acte de naissance de Louÿs BERNADA de 1629 ou environ ! Les naissances de ses filles sont certainement plus faciles à trouver (4 mars 1663, 3 avril 1676, 2 mai 1677, et vers 1680).
Chercher l'acte de mariage de Louis BERNADA et Marie de GUICHANER, avant 1662, en espérant que ce soit à Moulis, et éventuellement les enfants nés de ce lit. Son acte de mariage avec Jeanne de MOUCHERON, avant 1677, serait aussi très intéressant à trouver.
Une Catherine BERNADA, épouse de François RIBEROL, est décédée à Avensan le 30 mars 1754 à 70 ans (voir ce registre, p. 195). Cela la fait naître vers 1684. Est-ce le deuxième fille naturelle de Maître Louÿs ?
De même, une Jeanne BERNADA se marie le 5 mars 1696 à Moulis avec Pey MAURIN, sous les yeux attendris de ses 2 frères Jean et Raymond BERNADA. Est-ce la fille bâtarde de Louis BERNADA ? Une autre Jeanne BERNADA, épouse de François JOFFRE, est morte à Moulis le 19 novembre 1693. Il y a beaucoup de familles BERNADA différentes à Moulis...
Pourrait-on aussi situer le lieu de cette "oustau neu", la fameuse maison des Bernada ?
Grand amoureux des femmes, l’avocat épouse sur le tard, à moins qu’il ne soit veuf, Jeanne de MOUHEROU 1195 , qui est sans doute noble à en juger par la mention "demoyselle" précédant son nom sur les actes. Par ce mariage, il a 5 autres enfants, légitimes cette fois !
Mais Jeanne de MOUHEROU 1195 meurt le 5 février 1691, à la grande tristesse de toute la famille. Son veuf Louÿs BERNADA 1194 , lui, décède le 27 mars 1706 à Moulis à l’âge de 77 ans, chez lui à l’Oustau neu.
Le 28 novembre 1714, sa seconde fille (légitime) Anne BERNADA 597 épouse Sieur Pierre LAMORERE 596 . Avant de rencontrer la belle Anne, ce bourgeois habitait dans le quartier St-Eloi de Bordeaux.
Mais il est en fait originaire de Hagetmau en Chalosse dans les Landes. La Chalosse est la partie sud du département des Landes, entre l' Adour et le Béarn.
La branche LAMORERE vient des Landes : il faudrait trouver la naissance de Pierre LAMORERE à Hagetmau, vers 1694. Mais les archives en ligne ne commencent qu'en 1697...
Par contre, j'ai trouvé à Hagetmau plusieurs actes entre 1697 et 1706, dans lesquels figurent un certain nombre de LAMORERE : un Pierre de LAMOURERE est avocat, un autre est marchand (décédé le 29 mai 1705), un autre est "controlleur", qui sait parfaitement signer son nom. Ce dernier est d'ailleurs cité dans beaucoup d'actes de cette période, en tant que témoin ou simple personne présente, car il est un des rares à savoir signer. Sur certains de ces actes, on lit que les bans de mariage ont été contrôlés par M. de LAMOURERE. Ce Pierre doit donc contrôler que les bans de mariage ne soient pas suivis d'opposition ou d'empêchement, pour le compte du prêtre de l'église. Un Estienne de LAMORERE est aussi marchand. Mais un de ces personnages est-il le père de notre Pierre LAMORERE 596 ? Une autre enquête en cours...
A Hagetmau, on trouve aussi un couple, Jean de LAMORERE (dit Girot) et Guironce de St-CRICQ, qui ont plusieurs enfants de 1699 à 1705. Cette famille-là est une autre piste possible.
Rien d'aussi ancien sur Généanet...
Après son mariage, Pierre LAMORERE 596 quitte la capitale girondine pour venir s'installer à Moulis. Dans son acte de mariage, il est dit "praticien". Ce terme un peu flou peut signifier plusieurs choses. Le "Dictionnaire de l'Académie française" 4ème édition datant de 1762 indique la définition suivante : "Celui qui entend l'ordre & la manière de procéder en Justice, & qui suit le Barreau." En exemple du dictionnaire est citée la phrase : "Ce Procureur est habile Praticien". Cette citation tombe étonnamment juste... Car il est précisé sur l'acte de naissance de son fils aîné, que Pierre exerce en qualité de procureur à l'ordinaire de Castelnau.
Procureur à l'ordinaire de Castelnau. Aujourd'hui, à Castelnau-de-Médoc, il n'y a que des huissiers de justice et des avocats. Y avait-il à Castelnau au XVIIIème siècle une cour de justice, un tribunal d'instance, une cour d'appel ou de Cassation, où ses talents de procureurs pouvaient pleinement s'épanouir ? Il semble bien si l'on en croit ce rapport présenté à M. le Préfet du département de la Gironde par la Commission des monuments historiques sur ses travaux, vers 1843, où on lit : "11I. Rolx.rcl de la Morère, juge de paix à Castelnau, a bien voulu prêter à la Commission un concours dont elle saisit avec empressement cette occasion pour le remercier de nouveau,.. ".
Un index des dossiers de pensions des magistrats et des employés du ministère de la Justice indique également qu'à Castelnau (Gironde), un juge de paix se nommait Jean Baptiste Valérie ROBOREL-LAMORERE ((1814-1856) - BB/25/30 à 51/10 et 54 à 282).
Les 2 documents précédents nous confirment l'existence d'une cour de Justice à Castelnau, mais au XIXème siècle, soit plus de cent ans après l'époque de notre Pierre LAMORERE. Sans doute ses descendants ont suivi son exemple... L'appellation "juge de paix", qui désigne une justice rapide, de proximité, pour régler les procès mineurs, n'existe que depuis la Révolution Française, donc après les événements qui nous intéressent. Mais je n'ai pas trouvé de document concernant notre Pierre LAMORERE personnellement.
Par contre, cet autre document sur les élections de Bordeaux p.30 (Série C Tome IV (3ème partie) 82196, registre C. 4895) indique pour la période 1781-1783 : "Bernard-Christophe Roborel de Lamorère, secrétaire-greffier en chef de l'Université de Bordeaux".
De cette union avec Anne BERNADA 597 naissent 5 enfants, dont justement seul l’aîné survit :
Sieur Pierre LAMORERE 596 décède à Moulis le 12 mars 1735.
Son fils Pierre LAMORERE 298 , qui est donc bourgeois de naissance, ne se marie pas jeune comme les hommes de son âge. En effet, ce vieux garçon reste vivre avec sa mère Anne BERNADA 597 jusqu’au décès de celle-ci à 74 ans, le 21 décembre 1754 dans leur propriété de l'Oustau neu de Moulis.
Chercher dans ce registre de Moulis (1704-1739) les actes de naissance et de décès de Pierre LAMORERE (né en 1719), de Rose et des 2 Marie.
Nous sommes toujours à Moulis, lieu de vie du brassier Jacques DUCASSE 1196 et de son épouse Peyronne RIVIERE 1197 . Ce couple se marie le 25 octobre 1684 dans l'église moulissoise, et s'installe au village de Barreau, qui fait à l'époque partie de la paroisse de St-Genès-de-Meyre, annexe de Moulis (aujourd'hui, Barreau fait partie de la commune d'Avensan). 9 enfants naissent de cette union, tous à Moulis :
Fils de paysans, ce dernier devient lui aussi un modeste ouvrier agricole. Mais c'est dans le village voisin d’Avensan qu'il va trouver l'amour, en la personne de Marie BERNARD 599 . Il n'a d'ailleurs pas tout-à-fait 18 ans quand il l'épouse le 26 février 1724, dans l'église d’Avensan. Le père du jeune marié, Jacques DUCASSE 1196 , décèdera 5 ans plus tard, le 26 novembre 1729.
Les registres en ligne d'Avensan ne remontent que jusqu'en 1737. Quand le registre précédent sera en ligne, trouver le mariage de Jean DUCASSE avec Marie BERNARD le 26 février 1724.
Pour Moulis, le registre de 1696 ne va que jusqu'au 6 mars : je n'ai pas la naissance de Françoise DUCASSE le 24 août 1696.
Mais auparavant, Jean DUCASSE 598 et Marie BERNARD 599 s'installent à Moulis, au lieu de Terrefort, puis à Barreau, paroisse de St-Genès-de-Meyre, et ont 9 enfants :
Le papa Jean DUCASSE 598 décède le 24 février 1759 à Moulis, à l'âge de presque 53 ans.
J'essaie de vérifier toutes ces informations de ce généanaute. Mais je ne trouve pas le décès de Jean DUCASSE à Moulis le 24 février 1759, ni la naissance de son autre fille Marie le 18 janvier 1737...
Mais revenons à Pierre LAMORERE fils 298. Un peu avant le décès de sa mère, il fréquente déjà une jeune femme qui se nomme Marie DUCASSE 299 , qui est peut-être sa servante.
Je n'ai pas encore la preuve qu'il s'agisse bien de Marie DUCASSE née en 1733, et non celle née en 1727, car je n'ai pas encore les actes, à rechercher à Moulis. En effet, il y a un trou dans les registres en ligne entre 1696 et 1737.
Cependant je suis certain que c'est elle, puisque son dernier enfant, Marie LAMORERE, est née en 1776. Cette année-là, Marie née en 1733 avait 43 ans (ce qui est possible), et Marie née en 1727 en aurait eu 49 (un peu tard pour avoir un enfant)
Par contre, on constate que Pierre LAMORERE 298 et Marie DUCASSE 299 ont d'abord 3 enfants ensemble, nés hors mariage ! Ce n’est qu’à 41 ans, le 20 juillet 1758, que Pierre régularise la situation en épousant sa fiancée. En effet, rappelez-vous, ce célibataire endurci restait vivre avec sa mère Anne BERNADA 597 jusqu'au décès de celle-ci en 1754.
Une fois l'union enfin officialisée, la jeune mariée rejoint son époux dans la demeure familiale de Moulis. Pierre rattrape alors le temps perdu et fait, en plus des 2 premières filles maintenant légitimées, 7 autres bébés à Marie, dont seulement 4 survivent :
En parcourant les registres, on s'aperçoit que sur certains actes concernant cette famille, le partonyme est parfois écrit LAMORELE ou LAMORELLE. Comment le son "r" peut-il ainsi se transformer en "l" à l'oreille du curé de Moulis quand il rédige ses actes ? La réponse est simple. Dans le Sud-Ouest, les anciens roulent les "r" avec le bout de la langue, à l'espagnole, et non de manière guturale avec le fond de la langue comme on le prononce habituellement. Ce faisant, le son peut se confondre avec le "l" qui se pronoce aussi avec le bout de la langue !
Pierre LAMORERE 298 décède à Moulis le 7 septembre 1780 à 63 ans. Mais son patronyme demeure, je ne sais pas par quel biais, en tant que nom du château Lamorère. Une voie baptisée "La Morère" existe même à l'entrée de la commune, en venant de Bouqueyran et en allant vers le centre de Moulis, sur la droite. Il faut croire que quelques individus issus de ces deux générations de LAMORERE, à Moulis, ont marqué leur lieu de vie de leur empreinte...
Sa veuve Marie DUCASSE 299 décèdera le 25 messidor an XII, c'est-à-dire le 14 juillet 1804, dans sa maison de l'oustau neu de Moulis à l'âge de 71 ans. Et c'est sa fille, Marie LAMORERE 149 , qui épousera Théodore FLOUS 148 le 23 janvier 1784, également à Moulis.
Merci à Aurélie LOUBANEY pour son coup de pouce sur la famille DUCASSE.
Suite de l'histoire : vers Théodore FLOUS
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