La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
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Jean dit Alcide PONTET 24 est né le 29 octobre 1871 à 3 heures du matin, au village de Villeneuve, commune de Sainte-Hélène. Ce prénom rare Alcide provient du grec "alke" qui signifie confiant dans sa force, issu du nom du général athénien Alkibiadês ou Alcibiade, élève de Socrate vivant entre 450 et 404 avant J.C., qui se distingua pendant la guerre du Péloponnèse face à Sparte. Je n'ai pourtant pas l'explication du choix de son surnom par ses parents ou ses amis. A l'image du fameux général, les Alcide sont censés être volontaires, conquérants, courageux et énergiques, voire sévères. Sans doute était-ce des traits de son caractère ?
Alcide va à l'école du village et apprend à lire, à écrire et à compter. Il grandit avec ses 2 soeurs : Marie, son aînée qui a 3 ans de plus que lui (née en 1868), et Jeanne, la petite dernière qui en a 4 de moins (née en 1875).
Arrivé en âge de travailler, Alcide déménage pour aller vivre à Listrac où il devient vigneron au Château Lestage. Ce formidable domaine s'étend sur 120 hectares, dont 42 de vignobles. Situé sur la croupe nommée le Puy de Menjon (graves pyrénéennes sur socle calcaire) qui s'élève à 43 mètres de hauteur, Lestage se trouve au point culminant du Médoc.
Si le vignoble date de la période romaine, le château est beaucoup plus récent : il n'a été construit qu'en 1870. Son nom provient de la famille qui est fut propriétaire au XVème siècle, la famille LESTAGE. Mais à l'époque où Alcide y travaille, le domaine est la propriété de la famille SAINT GUIRONS.
Alcide n'est pas allé très loin dans l'armée active. Son registre militaire nous informe qu'à son incorporation en 1891, où son numéro matricule est le 3253, il est affecté aux services auxiliaires par le Conseil de révision en raison de sa taille. En effet, le jeune homme de vingt ans ne mesure que 1,52 m, ce qui ne lui permet pas de faire son service actif comme ses camarades. En effet, l'article 27 de la loi de 1889 fixe à 1,54 m la taille minimale réglementaire des jeunes gens admis dans le service armé.
Il pourrait cependant être employé à des tâches subalternes. Mais le Conseil préfère l'ajourner en 1892, puis une nouvelle fois l'année suivante comme le permet le fameux article 27. Alcide passe finalement dans la réserve de l'armée active le 1er novembre 1895. Il semble donc n'avoir jamais fait son service militaire !
C'est le 1er novembre 1905 qu'il passe dans l'armée territoriale (à 34 ans), et le 1er octobre 1911 dans la réserve de l'armée territoriale (à 40 ans).
Mais il est rappelé à l'activité le 1er mars 1915, au 139ème Régiment Territorial d'Infanterie. En effet, la Guerre de 1914 menace de durer, et finalement les Etats-majors français décident de mobiliser tous les hommes en âge de se battre, quelle que soit leur taille. Il a alors 44 ans.
Alcide ne reste que 20 jours dans ce régiment, où il est affecté à la manutention dans les gares de ravitaillement (à Ancerville dans la Meuse pour le 3ème Bataillon). Il charge et décharge les trains de caisses pleines de vivres, effectue des travaux de garde des trains, ou bien de nettoiement. Puis il passe au 138ème Régiment Territorial d'Infanterie le 21 mars 1915. Je n'ai malheureusement pas le détail des opérations qu'il a dû livrer dans ce régiment avec ses frères d'armes.
J'ai trouvé le Journal des Marches et Opérations (JMO) pour le 139ème (page 61), mais seulement pour le 3ème Bataillon. En a-t-il fait partie ou non, je l'ignore...
Dans la liste des JMO, il n'y a pas le 138ème Territorial.
Ici le lien pour le 144ème RI (p. 19). Mais n'est-ce pas le 144 Régiment Territorial dans lequel il est affecté ? Ce n'est pas marqué sur son registre militaire... En tout cas, il n'y a pas non plus de 144ème Territorial dans la liste des JMO.
Pendant la guerre, les hommes étant partis sur le front, une pénuerie de main d'oeuvre agricole se fait cruellement sentir dans les champs. Les femmes sont alors appelées pour ces travaux agricoles, où elles ne ménagent pas leur peine. Mais il s'avère que cet effectif n'est pas suffisant et en 1917, le ministre de la guerre, le Maréchal Hubert LYAUTEY, décide de mettre des soldats dans le service de main d'oeuvre agricole. Ces soldats, ainsi "détachés", ne sont plus mobilisés comme militaires au front, mais comme ouvriers agricoles dans les champs.
C'est dans ce cadre qu' Alcide devient détaché agricole catégorie B. L'Armée a sans doute jugé qu'il était finalement plus utile à travailler la vigne qu'à tenir un fusil ! La catégorie B concerne les ouvriers agricoles que l'on affecte à une exploitation ; la catégorie A désigne les propriétaires exploitants qui sont renvoyés dans leur propre domaine. Alcide, alors simple ouvrier, est affecté au Château Lestage à Listrac à partir du 10 juin 1917.
Le 9 juillet 1917, il passe au 144ème Régiment Territorial d'Infanterie, mais pour peu de temps. En effet, sa date de libération du service militaire est le 1er octobre 1917, mais en raison de la Grande Guerre, il passe un an de plus sous les drapeaux : il n'est définitivement libéré des obligations militaires que le 19 décembre 1918.
Après la guerre, Alcide continue de travailler au Château Lestage, où ses talents d'ouvrier agricole peuvent s'exprimer totalement. Je ne sais pas si c'est à Lestage ou à Castelnau qu’il rencontre celle qui sera son épouse, Ma BOUSCARRUT 25, et qui vit dans cette deuxième commune. Toujours est-il qu'ils se marient le 15 novembre 1894, à Castelnau, mais vont emménager à Berniquet juste après leur mariage (recensement 1896), puis après à Lestage (recensement 1901-1911). Sa belle-mère, Marie DISSAN 51 , rejoint leur foyer à Lestage entre 1901 et 1906, d'après les listes de recensement de Listrac, où elle voit grandir ses 3 petits-fils.
Puis, gravissant les échelons de la hiérarchie, Alcide décroche le poste de régisseur du château Lestage, entre 1911 et 1919. La première année correspond à la plus récente du recensement de Listrac où il est dit cultivateur, et la seconde est celle du mariage de son fils René, où il est dit régisseur.
Existe-t-il des archives au château Lestage, qui puissent nous renseigner sur la carrière d'Alcide ? Il serait intéressant d'avoir plus de précision.
Le 22 juillet 1928, la Société d'Agriculture de la Gironde décerne des prix aux agriculteurs les plus méritants à Castelnau. A cette occasion, elle remet un diplôme de médaille d'argent à Maurice REGNIER, propriétaire du château Lestage. Mais les "bras droits" régissant les propriétés agricoles ainsi mises à l'honneur ne sont pas oubliés, et Alcide reçoit lui aussi une médaille d'argent pour son remarquable travail d'homme d'affaires chez REGNIER. Son épouse Ma est également récompensée : elle se voit décerner un diplôme de médaille d'argent pour ses 38 ans de service à Lestage ! Toutes ces précisions viennent d'un article de "La Petite Gironde" paru le 25 juillet 1928.
En plus de son travail à Lestage, Alcide veut acheter des parcelles de vigne pour faire son propre vin. Travailler pour les autres, c'est bien, mais travailler pour soi, c'est mieux ! Ainsi, le 27 septembre 1924, il achète 2 parcelles à Listrac, au lieu de Capdehaut. Ces parcelles sont les 2ème et 3ème lots des immeubles dépendant d'une succession RAYMOND, vendue par licitation, c'est-à-dire par vente aux enchère : le bien en nature qui ne peut pas être divisé entre les héritiers est vendu, et le revenu de cette vente est réparti entre les héritiers. Alcide paie donc la somme de 310 francs pour cette première acquisition.
Le deuxième achat d' Alcide nous concerne encore plus directement, car les vendeurs sont Paul dit Charles DUCOS 8 et Louise ROSSIGNOL 9 , nos ancêtres de la branche DUCOS ! Ils ne sauront jamais qu'un jour de 1961, le mariage du petit-fils de l'un avec l'arrière-petite-fille de l'autre les unirait dans une seule et même famille ! Car pour l'instant, nous sommes le 15 mars 1925, et Alcide achète aux époux DUCOS 8 petites parcelles de vigne perdue à Cantegric, d'une contenance totale de 45 ares et 47 règes en tout, ainsi qu'une parcelle de 8 règes au lieu-dit Bredera (près de Lestage) à Listrac. Le montant de cet achat est de 1 000 francs.
Le 13 février 1927, c'est à Michel Henri CHATELLIN qu' Alcide achète une parcelle d'acacias d'une superficie de 14 ares au lieu de Pingard à Listrac, pour un prix de 500 francs. La même année le 8 avril, Jean Elie RICHEBON lui vend une pièce de terre en friche de 10 ares 30 centiares, au lieu de Codres à Listrac également, près du chemin de Peyrelebade. Prix : 350 francs. Ce même RICHEBON cède aussi à Alcide 4 autres parcelles, le 20 avril 1927 :
L'ensemble de ces biens est estimé au prix de 649 francs. Si certaines parcelles seront vendues par la suite, celles situées à Codres resteront dans la famille plus longtemps. Nous allons bientôt voir pourquoi...
La flèvre acheteuse de notre ancêtre ne s'arrête pas là. Alcide n'est plus seulement régisseur, il devient un véritable homme d'affaires ! Le 14 septembre 1928, il achète à Marguerite Julia COUNAUD, veuve de Jean Auguste LAGUNE, demeurant à l'ancien bourg de Cussac, un corps d'immeubles justement situé à Codres, derrière l'église de Listrac. Le nom du lieu de Codres est celui des cercles en châtaigner qui servent à maintenir les barriques ; en clair, ce lieu était celui où officiaient les tonneliers de Listrac.
Ce corps d'immeubles comprend 2 maisons contiguës et un hangar, avec un jardin d'une superficie de 203 m² côté sud, et une cour de 481 m² côté nord. Au nord de la propriété se trouve le chemin de Codres, et à l'est la maison de BIBAN. La vente se fait au prix de 3 000 francs.
Le but de cet achat est simple à deviner. Alcide est logé au château Lestage car il y travaille, mais l'âge de la retraite approche. Quand il l'atteindra à 60 ans en 1931, lui et son épouse Ma devront habiter ailleurs pour passer leurs vieux jours. Ce sera donc la propriété de Codres à Listrac, mais il n'est pas question d'une retraite oisive. Fort de toute une vie d'expérience dans le domaine de la viticulture et de l'organisation des métiers de la vigne, Alcide a pour ambition de produire lui-même son vin. Pour cela, il va exploiter les vignes qu'il a déjà achetées, et aussi celles à venir !
Car Alcide continue d'agrandir ses possessions. Le 10 janvier 1932, Emma RAYMOND, veuve de Jean BERNINET de Listrac, vend 24 lots aux enchères par l'intermédiaire de son notaire. Lors de la vente, on allume successivement des bougies dont le feu dure environ une minute. Le prétendant dont l'enchère n'est pas couverte par une autre pendant le feu en cours et pendant 2 autres feux consécutifs allumés et éteints après le premier, verra l'adjudication prononcée en sa faveur (à l'extinction des feux). Le 21ème lot a ainsi été adjugé à Alcide moyennant le prix de 375 francs : il s'agit d'une pièce de terre de 20 ares au lieu du Pouch à Listrac. Les autres lots n'ont pas trouvé preneur !
Le 14 mai de la même année, c'est à Jean Marie Georges DUBOSC qu' Alcide achète pour 1 000 francs une pièce de terre en friche, de 28 ares et 24 centiares, au lieu de Pesquetey (ou Codres) à Listrac. Puis le 1er juin, c'est de nouveau Marguerite Julia COUNAUD qui lui vend un autre corps de bâtiments en ruine à Codres, qui comprend une remise, une écurie, un hangar, un cuvier, un chai avec une cour, situé un peu en amont sur le chemin de Codres qui mène vers la propriété. Cet achat au prix de 1 200 francs va permettre à Alcide de fabriquer son vin. Il possède ainsi environ 1 hectare 40 ares de vigne, soit 14 000 m², et les lieux et matériels nécessaires à la vinification et à la commercialisation du "Crû de Côdres" !
Produire en son nom propre est une fierté pour Alcide, mais malheureusement cette période ne dure que 5 ans à peine. Alcide arrive à l’âge de 64 ans quand il décède chez lui à Codres, le 27 février 1936.
Vers sa femme Marie "Ma" BOUSCARRUT