Généalogie de la famille DUCOS - PONTET

La famille du côté de Marcelle GUIBERT

Son père : Pierre "Charles" GUIBERT

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Pierre "Charles" GUIBERT(raconté par Pierre Ducos)

 

Les jeunes années

 

Le père de Marcelle, Pierre dit "Charles" GUIBERT  10 , naît le 16 mai 1888 à 10 heures du matin, chez ses parents au village de Lemberts, commune de Comps, où il cultive la vigne.

Je ne lui connais qu'un frère, Pierre Charles dit "Roger" GUIBERT, qui voit le jour 3 ans après lui en 1891.

 

 

Sa signature : Signature Paul Charles Guibert

 

 

Le service militaire

Il fait son service militaire en 1908, incorporé à Libourne avec le numéro matricule 1411. Sur son registre matricule, on lit qu'il mesure 1,72 m, qu'il a les cheveux bruns, les yeux châtains et le front découvert. Son degré d'instruction générale est de 3, ce qui signifie qu'il sait lire, écrire et compter. Il n'a cependant pas obtenu le brevet de l'enseignement primaire (sinon son degré d'instruction générale serait de 4).

On lit aussi sur sa fiche matricule qu'il est exempté en 1909, sans avoir plus de précision sur la cause de cette exemption. Il n'a donc pas fait son service jusqu'au bout, alors que nous sommes à la veille d'un conflit mondial...

 

 

 

Le 12 novembre 1910, Charles, qui a 22 ans, épouse Joséphine Tarcisse Dorothée PONS  11 , qui en a 4 de plus que lui, à St-Ciers-de-Canesse. Ils s'installent au lieu de Nicolau, dans cette même commune, où ils auront 2 filles :

 

 

 

Pour remonter plus loin...

Je ne trouve pas le décès de la soeur aînée, Charlotte Marthe, à Listrac vers 1913. Rien non plus à St-Ciers-de-Canesse, ni à Comps, ni à Gauriac, ni à Villeneuve, ni à Blaye, ni à Bourg, ni à Samonac, ni à Bayon, ni à Lansac, ni à Mombrier, ni à St-Trojan, ni à Teuillac, ni à Plassac, ni à Pugnac, ni à Cars, ni à Prignac-et-Marcamps, ni à St-Laurent-d'Arce, ni à St-André-de-Cubzac, ni à Libourne, ni à Bordeaux. Il n'y a pas d'archives en ligne sur cette période pour Berson. Mais où est-elle donc décédée ? J'ai même essayé St-Seurin-de-Cadourne

Charles GUIBERT
Charles GUIBERT à l'armée - 1914

Départ pour la guerre

Nous sommes à l'aube d'une période terrible qui va bouleverser le destin de la famille. Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. C'est la Première guerre mondiale. Après quelques semaines d'instruction à l'arrière, tous les régiments envoient des hommes seconder les sapeurs dans l'enfer des tranchées, en première ligne.

Charles est de ceux-là. Reconnu apte au service armé en 1914, il devient soldat de 2ème classe au 2ème Régiment du Génie, Compagnie 17/1M, et il est mobilisé le 22 février 1915. Pourquoi est-il mobilisé si tard, alors qu’il est de la classe 1908 ? Le fait qu'il ait été exempté en 1909, à cause d'un problème quelconque, a sans doute retardé son incorporation. On a d'abord incorporé ceux qui étaient aptes et avaient fait leur service militaire. Puis, du fait de l'ampleur du conflit et des pertes humaines, les Etats majors ont dû se résoudre à incorporer tout le monde.

 

Sapeur 1917
Sapeurs-mineurs creusant une mine - Source : "Le Petit Journal Supplément Illustré" du 3 mars 1917

 

Notre ancêtre entre donc dans le Génie, un corps qui maîtrise l'ensemble des techniques d'attaque et de défense militaire. Le rôle de ce régiment est de faciliter la progression des forces françaises et alliées par la contruction de routes, de ponts, de voies ferrées, et par la destruction de champs de mines installés par les Allemands. Il doit aussi entraver le mouvement des forces ennemies en détruisant les infrastructures de transport et en minant les terrains. Pour cela, le Génie doit assurer la création de galerie sous les tranchées ennemies, de façon à les faire exploser par en-dessous (c'est ce que l'on appelle une sape). Dans le Génie, les simples soldats comme Charles ont alors le grade de sapeur-mineur (s/m), et leur intervention est particulièrement risquée.

 

 

Carte générale
Le théâtre des opérations de la Compagnie de Charles - de 1915 à 1916

 

Charles rejoint donc la compagnie 17/1M du 2ème Régiment du Génie au nord d’Arras, dans le Pas-de-Calais, en février 1915. Depuis déjà 2 mois, la Compagnie est employée à la guerre de mine et de sape dans un secteur qui s’étend de Roclincourt à Maison-Blanche. Voici ce qu’on peut lire dans l’historique de la Compagnie : « Par sa ténacité, son ardeur au travail dans un secteur des plus durs, elle prend l’ascendant moral sur l’ennemi ; toutes les attaques de mine réussissent. L’ennemi, démoralisé, fait sauter ses propres tranchées. Ses contre-attaques sont arrêtées. »

 

Arras
Autour d'Arras (Pas-de-Calais) - 1915

 

Le 8 mars, la Compagnie est relevée par les Compagnies 10/1 et 10/3 du 6ème Génie. Elle prend quelques jours de repos, mais entre-temps, les Allemands renforcent leurs propres troupes du Génie. Les 2 unités du 6ème demandent à ce que la 17/1M revienne leur prêter main forte. Charles et ses copains d’armes y retournent donc jusqu’au 22 mars. Cette guerre de mines a coûté la vie à 2 sous-officiers et 13 sapeurs.

Le 28 mars, la Compagnie parcourt 36 kilomètres au sud-ouest d’Arras en camions-autos. En effet, elle rejoint la 45ème Division Algérienne à Doullens, dans la Somme, pour un peu de repos.

 

Autour d'Ypres
Autour d'Ypres (Ieper, en Belgique) - 1915

 

Le 12 avril, elle repart au combat en Belgique, autour d’Ypres. La mission de la Compagnie est de relier plusieurs tranchées séparées de première ligne, en avant de Langemark (aujourd’hui Langemark-Poelkapelle), pour réaliser une seule tranchée continue, ainsi que de créer des boyaux d’accès. Elle doit de plus entretenir les ponts et les passerelles du canal de l’Yser, d’Ypres à Boezinge.

Le 22 avril, les Allemands lancent une attaque par gaz asphyxiants sur tout le secteur. La droite de l’armée belge, la 89ème Division territoriale, la 45ème Division algérienne et la gauche de l’armée anglaise sont touchées. L’ennemi enfonce les lignes et détruit le lieu du cantonnement, la ferme Zwanoff, par un bombardement d’obus incendiaires et de gaz délétère. Les troupes d’infanterie sont faites prisonnières. Celles qui résistent encore se replient sur la rive gauche du canal de l’Yser.
Quand l’armée allemande franchit à son tour le canal à 21h, la Compagnie fait sauter le pont qui avait préalablement été miné. Un pont a été maintenu, qui permet aux troupes françaises de contre-attaquer et de reprendre une partie du terrain perdu.

Le 23 avril, la Compagnie est relevée de la tête de pont par une Compagnie d’infanterie. Elle continue cependant à assurer le passage du canal de l’Yser sous les bombardements d’artillerie et les tirs de mitrailleuses. Elle assiste les troupes d’infanterie pour reprendre le terrain perdu aux Allemands, réorganiser le secteur en 1ère, 2ème et 3ème ligne, et créer des boyaux de communication.

Le 8 juin, une division anglaise prend le secteur, et la Compagnie prend la zone entre Boezinge et Steentraat. Elle tient position jusqu’en septembre, où les Allemands parviennent à franchir le canal sous l’écluse d’Hessast (que je n’arrive pas à situer). La Compagnie fait alors sauter le fourneau ennemi et rétablit l’occupation de l’écluse avec le 2ème bataillon d’Afrique.

 

Une sape
Une sape - Source : "Le Petit Journal Supplément Illustré" du 30 juin 1918

 

La première blessure

Mais en 1915, il est blessé lors d'une attaque allemande dans la Meuse. Charles est alors envoyé en convalescence à Meslay-du-Maine, dans le département de la Mayenne, pour se remettre de ses blessures. Je n'ai malheureusement pas la date exacte (le 13 ... 1915, mais le mois sur la carte postale ci-dessous est illisible), et donc impossible de savoir au cours de quelle campagne il a été blessé.

Voici le texte de sa carte postale, envoyée à ses parents : " Chers parents, aussitôt réception de votre lettre, je m'empresse de vous répondre pour vous faire savoir que je suis toujours en bonne santé, et que j'espère aller vous voir sous peu. Je pense partir à la fin de la semaine, ou au commencement de l'autre, pour Laval passer devant la commission. Je compte bien avoir sept jours de permission. Mais ce sera tout, car les convalescences sont maintenant supprimées. Gabriel doit être arrivé juste au bon moment pour avoir deux mois et heureux pour lui. En attendant le plaisir de vous revoir bientôt, votre fils qui vous embrasse, Charles".

Puis, sa santé s'améliorant, la commission décide que Charles sera de nouveau renvoyé sur le front.

 

Carte postale
Charles GUIBERT à Meslay-du-Maine, 2ème rang du bas, 3ème à droite - 1915
Carte postale
Carte postale de Charles GUIBERT à ses parents Jules et Suzanne - 1915

En novembre, la Compagnie prend un peu de repos à Bergues, dans le département du Nord, et revient en Belgique le 1er décembre. Elle sera relevée le 5 janvier 1916, déplorant la perte de 22 hommes depuis avril. Pour cette mission, la Compagnie est citée à l’ordre de la 87ème division territoriale, et plusieurs citations sont accordées aux sapeurs.

C’est à Bergues que la Compagnie se reconstitue, et s’entraîne aux exercices d’attaque avec la 45ème Division. Puis le 12 mars, elle part dans l’Oise, à Crépy-en-Valois, puis dans la Marne pour rejoindre le 37ème et le 38ème Corps d’Armée. En un mois, les hommes doivent organiser toutes les tranchées de soutien et les centres de résistance situés entre Muizon et la ferme Ventelay, au nord-ouest de Reims.

 

Autour de Reims
Autour de Reims (Marne) - 1916

 

L'enfer de Verdun

Le 26 avril 1916, la Compagnie part près de Verdun, dans la Meuse, se mettre à la disposition de la 37ème Division. Elle doit organiser la 1ère ligne à la Corne du bois d’Avocourt, construire des abris ainsi que des boyaux de communication. Les travaux durent un mois, malgré la fatigue et les privations.

Puis la Compagnie rejoint la 45ème Division à Avocourt, pour aménager la tranchée de 1ère ligne durant la nuit, afin qu'elle soit opérationnelle pour le lendemain. Bien sûr, dans la journée, les tirs de barrage et les violents combats détruisent le travail réalisé, et il faut recommencer la nuit suivante...

 

Verdun
Autour de Verdun (Meuse) - 1916

 

Verdun
Carte en relief des environs de Verdun - Source : "Le Petit Journal" 8 avril 1916 site Gallica

Depuis février 1916, les Allemands cherchent à s'emparer du bois d'Avocourt, de la côte 304 et du Mort-Homme, colline qui domine la vallée de la Meuse sur sa rive gauche (situé à gauche sur la carte ci-dessus). Gagner du terrain sur la rive gauche leur permettrait de soutenir et de seconder leurs opérations sur la rive droite, et ainsi de conquérir Verdun. Pour cela, ils bombardent avec une violente intensité les positions françaises, en première et deuxième lignes. Cet ardent pilonage doit préparer le terrain pour des attaques au sol, mais les tentatives allemandes sont repoussées par les tirs de barrage français.

C’est pourtant à cette occasion que le 15 mai 1916, Charles est de nouveau blessé. Le jeune père de famille reçoit un violent éclat d’obus qui lui ouvre une mauvaise plaie au front. Il est évacué dans l’ambulance 5/3, située à Dugny près de Verdun. Une ambulance, au cours de la Grande Guerre, n'est pas le véhicule médicalisé que l'on connaît aujourd'hui ! C'est un local existant ou un lieu aménagé sous une tente, installé au plus près des combats, dans lequel des médecins et des infirmières prennent en charge des blessés d'urgence. Une fois les premiers soins apportés au soldat, le médecin peut décider de l'envoyer à l'arrière dans les hôpitaux si son état l'exige. L'ambulance numérotée 5/3 signifie : la 5ème ambulance du 3ème Corps d'armée ; chaque corps d'armée en possède 16. Malheureusement pour Charles, il succombe à ses blessures de guerre le 20 mai 1916 à 2h15 du matin. Il n'avait que 28 ans !

 

Dugny
Dugny (Meuse) - Vue générale


Verdun, symbole de l’enlisement du conflit, fait 163 000 tués du côté français, et 143 000 du côté allemand. Mort pour la France, Charles est enterré à la Nécropole Nationale de Dugny-sur-Meuse, dans la tombe 1270 indice A.

Il reçoit la citation n°7 du 19 mai 1916 à l'ordre de la 35ème Division d' Infanterie, ainsi que la Croix de Guerre à titre posthume, et son nom est inscrit sur le monument aux morts de St-Ciers-de-Canesse, place Albert Etié, en Gironde... Un secours immédiat de 150 francs est payé à sa veuve, Joséphine, le 30 juillet 1916.

 

Dugny
Dugny (Meuse) - Le cimetière militaire

 

 

Mort pour la France
Fiche "Mort pour la France" de Charles - Source : site "Mémoire des Hommes" du Ministère de la Défense

 

Pour remonter plus loin...

Il faut trouver l'acte de décès de Pierre GUIBERT, du moins la retranscription, qui en a été faite à St-Ciers-de-Canesse.

 

Héros
La France honore la mémoire de ses héros - Source : Le Petit Journal, 2 novembre 1917

 

 

Vers sa femme        Joséphine PONS