La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
Explications sur les différents calendriers utilisés dans l'Histoire.
Convertir une date du calendrier républicain vers le calendrier grégorien
Pour situer une date dans l'Histoire.
Quelques mots sur l'origine des noms de famille.
Qu'est-ce que c'est ?
Se repérer dans l'espace :
Dans le temps :
Dans les branches :
Le patronyme FLOUS provient de « flou » qui signifie « fleur » en gascon. Le mot est lui-même dérivé du latin "flos" ou "floris".
Notre branche des FLOUS est une famille de bourgeois, négociants en vin, habitant la ville de Saint-Macaire, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux. Cette ville fut créée par Macaire d'ESPETVEN, un moine d'origine grecque mais qui fit une carrière dans l'administration à Rome, au tout début du Vème siècle. Puis il vint dans le Sud-Ouest de la France pour fonder la ville de Saint-Macaire, où il mourut vers 430.
Mais remettons-nous dans le contexte de l'époque qui nous intéresse : depuis qu' Aliénor d'Aquitaine a épousé Henri II Plantagenêt, qui devient roi d'Angleterre en 1154, la Guyenne, future Aquitaine, est passée sous domination anglaise. Le roi d'Angleterre autorise la commercialisation du vin de Bordeaux sur son royaume, et Saint-Macaire se trouvant à la limite de la Guyenne anglaise, on bloque tous les vins arrivant du Languedoc par la Garonne pour les empêcher d'aller plus loin et de concurrencer les vins de Bordeaux. Les vins produits à Saint-Macaire partent donc vers l'Angleterre exempts de toutes taxes.
Grâce à Jean sans terre en 1216, la cité devient commune libre : elle peut construire des portes, des remparts, et a le droit de s'administrer elle-même. En 1227, les villes de Saint-Macaire, La Réole, Agen, Port Sainte-Marie et le Mas-d’Agenais signent un traité d’assistance et d’entraide mutuelle. Ce traité doit garantir la liberté de circulation des marchands, et doit permettre de règler à l’amiable les éventuels litiges survenant entre eux.
Pour gérer la commune, à chaque 1er mai, 6 nouveaux jurats sont élus parmi le conseil des quarante prud’hommes. Ils doivent prêter serment de fidélité au roi, à ville de Saint-Macaire et à la commune. L'équivalent du jurat, aujourd'hui, serait le conseiller municipal. Le meilleur d’entre eux accède un jour au poste de maire.
Pour être jurat, il faut être de « bonnes vie et mœurs, bourgeois de la ville, marchand et non exerçant un travail mécanique ». Un jurat doit donc être un bourgeois, c'est-à-dire un habitant du bourg, et un marchand, dans le sens de négociant en vin. Cette règle exclue les travailleurs manuels, artisans, commerçants de détail et manœuvriers, et réserve la place seulement à une élite.
Les FLOUS qui nous intéressent seront jurats de Saint-Macaire de père en fils sur plusieurs générations, pendant presque 2 siècles, de 1537 à 1716.
Les registres de St-Macaire sont en ligne jusqu'en 1540, et c'est très bien ! Mais ils sont à cette période très peu lisibles en terme de graphologie, d'abbréviations, et de plus en latin ! En outre, ils ne recensent que les naissances, pas de mariage ni de décès avant 1596. Par-dessus tout ça, les problèmes de lecture sont aggravés par la piètre numérisation, bien trop claire, qui en a été faite et qui aurait mérité d'être réalisée avec plus de contraste... De plus, ils ne sont plus mis en ligne sinon par la recherche avancée en remplaçant le R1 par R2 jusqu'à R6.
Il ressort de mes recherches que beaucoup de famille FLOUS différentes vivent déjà à St-Macaire en ce XVIème siècle. Dans ce grand puzzle dont il manque nombre de pièces, il est difficile de déterminer lesquels de ces personnages sont nos ancêtres. Suivant les actes, je n'ai pas déchiffré les mêmes noms pour les mêmes personnages ; aussi je donne tous les déchiffrages que j'ai pu en faire, aussi approximatifs qu'ils soient ! J'ai trouvé notamment :
La piste à suivre semble bien être celle des parents de Bernard, à savoir Guilhem FLOUS et Peyronne de GALLETRY.
Le plus ancien connu de la lignée se nomme Guilhem FLOUS 9472 . Il devient jurat de Saint-Macaire en 1537, alors que nous sommes sous le règne de François Ier. Je n'ai pas le nom de son épouse, mais avec elle, Guillaume aura ces 2 enfants :
Ce dernier deviendra aussi l’un des principaux marchands et bourgeois de la cité de Saint-Macaire.
Mais il faut aussi compter avec la famille GALLATRY ou GALLETRY, qui est une autre famille bourgeoise de la ville. Les premières traces de cette famille sont celles de Jamet de GALLETRY 9474 (décédé le 2 juin 1562) et de ... sa femme ! Sur l'acte de naissance de leur fille Peyronne, tout en latin bien sûr, le nom de sa mère s'y trouve, mais impossible de le déchiffrer. Quoi qu'il en soit, ils ont au moins ces 2 enfants :
Vers 1565, Guilhem FLOUS 4736 épouse Peyronne de GALLETRY 4737 dans l'église de Saint-Macaire.
Je n'ai aucun acte concernant Guilhem FLOUS 9472, étant né avant 1540. Comme il n'y a pas les registres de mariage et de décès avant 1596, je ne peux rien trouver sur lui.
Pour son fils Guillaume FLOUS 4736, je ne trouve pas sa naissance dans le premier registre : il est donc né avant 1540. Je ne peux pas non plus trouver son mariage vers 1565 avec Peyronne de GALLETRY, car les registres en ligne manquent entre 1547 et 1573.
Sans les mariages, je ne peux pas trouver celui de Jaunet ou Menaut de GALLETRY et d' Ashalide de St-MEXANT, vers 1545 également.
"Le meilleur d'entre les jurats devient maire de la ville" : chercher si un Flous a été un jour maire de St-Macaire.
Le 21 juin 1565, Guilhem FLOUS 4736 fait construire une maison à Saint-Macaire par Bertrand GIRAUDEAU, un maçon de Langon, à côté d’une autre maison qu’il possède déjà. Elle se situe derrière la porte de Benauge, à l’angle de la rue de l’Eglise et de la rue de l’Aulède.
Guilhem fournit au maçon tout le matériel et les matériaux nécessaires au chantier (échafaudage, chaux, sable, eau,…) et met à sa disposition une chambre meublée. GIRAUDEAU fournit la pierre qui provient de la carrière de Passe-Bas, au Pian-sur-Garonne. Le chantier doit durer 4 mois, et coûte à Guilhem 180 francs bordelais, une barrique de vin, 3 boisseaux de blé et froment, un boisseau de seigle et un quart de lard. Le maçon réalise d'abord le croquis de la future maison, reproduit ci-contre, avant de se lancer dans les travaux proprement dits.
Six mois plus tard, le 13 janvier 1566, Guillem engage le maçon de Saint-Macaire Pierre LAMBERT pour un surhaussement de la façade de sa nouvelle maison sur la rue de l’Eglise. Il semble que ce qui était prévu par le premier contrat ne soit pas entièrement réalisé ; GIRAUDEAU n’a sans doute pas pu faire ce qui était convenu, ce qui peut expliquer que Guillem ait préféré changer d’entrepreneur. Cette maison est devenue aujourd’hui la « Maison de Pays », abritant le Syndicat d’Initiative de Saint-Macaire. Elle porte la date de 1565. Sur le côté gauche de la maison, on voit une gargouille dont le rôle est de rejetter les eaux usées. En l'absence de tout-à-l'égout, cette pratique est à l'origine de l'expression : « garder le haut du pavé ». Il fallait effectivement faire attention à ce qui pouvait tomber de ces gargouilles pour ne pas se retrouver trempé par la chute des eaux usées !
Le tome 13 des Archives Historiques de la Gironde (édité en 1874) comporte un document très intéressant issu des archives municipales de Saint-Macaire. Il s'agit d'une délibération des jurats de cette ville (n° XCIV, pages 189 à 191), datée du 26 décembre 1587. Pour resituer le contexte, nous sommes pendant les guerres de religion, opposant les catholiques aux protestants. Le roi de France Henri III, catholique, n'a pas d'enfant : son successeur légitime est alors Henri de NAVARRE, chef du parti protestant (portrait ci-contre). Le parti catholique veut écarter ce huguenot de la succession, et par l'édit de Nemours en 1585, le roi interdit le culte protestant et déchoit Henri de NAVARRE de ses droits. Ce dernier, appuyé par son cousin Henri Ier de BOURBON Prince de Condé, part en guerre contre les armées royales en Guyenne. A la bataille de Coutras le 20 octobre 1587, Henri de NAVARRE écrase le duc de JOYEUSE qui commande l'armée royale, ce dernier étant même tué.
C'est dans ces circonstances que se réunissent les 29 jurats de Saint-Macaire dans le château royal de la ville, en ce 26 décembre 1587. Parmi eux, on retrouve Guillem FLOUS 4736 , François RUFZ, Asdrubal de FERRON (écuyer, capitaine du château, sieur de Carbonieux et de Tardes), Jehan DEBEDAT (procureur du roi), Vidal GALETRY, Pierre BARITAULT 4738, Jehan de BORN, Jehannot FLOUS et d'autres notables. L'objet de la réunion : lesdits RUFZ et de BORN sont montés à Bordeaux prévenir que Henri de NAVARRE et ses armées allaient attaquer la ville de Saint-Macaire et tuer ses habitants comme ceux des environs. La ville étant pauvre et sans soldat pour la défendre, les deux Macariens ont demandé un certain nombre de soldats bordelais pour contrer l'attaque. Bordeaux leur a proposé les services du capitaine RUBRIC, qui conduit une compagnie "de gens de pied", et dont la ville devra payer les services. Les jurats, à l'issue de leur réunion, prennent une autre décision : ils engagent 50 soldats qui seront commandés par le capitaine MORE, un Macarien de naissance. Pour payer ce petit corps d'armée, la poudre et les armes nécessaires, les jurats décident de lever un impôt sur l'ensemble des habitants de la ville.
Cette décision est sans doute motivée par deux choses. D'abord, la peur de livrer la ville à des mercenaires, dont on n'a aucune garantie sur leur comportement pendant et après la bataille. Ensuite, le fait que cela reviendra moins cher de se débrouiller tout seul, que de payer cette troupe de mercenaires. Il reste que de ce document ressort une énorme contradiction. D'abord, il est dit que la ville est "dénuée d'hommes d'armes pour la défendre", mais ensuite, ils trouvent 50 soldats ("gens de bien cogneus", je traduis par : des gens qu'on connaît, des macariens) et en plus un capitaine, lui aussi de Saint-Macaire ("fils d'icelle"). Comme quoi, quand on veut, on peut !
Je n'ai par contre pas trouvé de trace de la suite des événements à Saint-Macaire. L'Histoire se joue ailleurs... En 1588, Henri de LORRAINE duc de Guise, chef de la Ligue qui combat pour le parti catholique, remporte d'importantes victoires sur les protestants, mais son ambition personnelle menace le roi Henri III dont il devient un rival. Le roi fait alors assassiner le duc de Guise, puis s'allie avec Henri de NAVARRE pour renverser la Ligue alors maîtresse de Paris, et reprendre la capitale. Un an et demi après cette réunion, le 1er août 1589, le roi Henri III est assassiné à son tour à Saint-Cloud par le moine Jacques CLEMENT, et Henri de NAVARRE devient le nouveau roi de France sous le nom de Henri IV. La ville de Saint-Macaire semble alors être bien loin des préoccupations du nouveau roi...
Mais reprenons le cours de notre filiation. Côté vie privée, Guillem FLOUS 4736 et son épouse Peyronne de GALLETRY 4737 ont peut-être 4 enfants :
Je n'ai pas trouvé la naissance de Naudine dans le registre 1574-1578 . Je n'ai donc pas la certitude que Naudine soit soeur de Bernard FLOUS.
Le dernier de leurs enfants, Bernard 2368 , grandit et devient lui aussi jurat en 1632. Auparavant, il épouse à 19 ans une jeune fille du même âge que lui, issue d'une illustre famille, Contour BARITAUT 2369 le 5 juillet 1608, à Saint-Macaire. L'ascendance de la mariée est relatée dans Les origines des Baritault. Le couple a 9 enfants, dont beaucoup ont pour parrains et marraines des membres de la famille BARITAULT :
Une sœur de Bernard, on ne sait pas encore laquelle, se marie également avec Jean de BARITAULT, un des frères de Contour, pour consolider durablement l’alliance entre ces deux grandes familles.
Bien qu'ayant eu le temps de faire 9 enfants, Contour BARITAUT 2369 meurt assez jeune vers 1627, à l'âge de 37 ans, très certainement à cause de la peste qui sévit dans la région. Bernard FLOUS 2368 , lui, décèdera en 1653 de la peste également, à 65 ans.
Car la peste fait des ravages dans le sud-ouest en cette première partie de XVIIème siècle. Elle commence à toucher les environs de Saint-Macaire dans les années 1629 à 1631. L'origine de cette vague de peste serait toulousaine : une famille bordelaise serait revenue de Toulouse avec des vêtements infectés, et la maladie aurait progressé à Bordeaux, puis de là dans toutes les villes situées dans la vallée de la Garonne.
Je ne trouve pas l'acte de décès de Bernard FLOUS à St-Macaire vers 1653 sur le registre en ligne 1629-1653. Les dernières pages sont plutôt mal numérisées (trop claires), mais quand même déchiffrables, et je ne trouve rien sur Bernard FLOUS... Le registre suivant commence en octobre 1656, et rien non plus...
J'ai cherché le décès de Contour BARITAULT vers 1627 dans ce registre 1614-1629 de St-Macaire. Le registre de 1614-1629 ne contient que les naissances et les mariages, et pas les décès. Le 1er registre de décès commence en 1629 (p.25); si elle est bien morte avant, on n'aura pas l'acte.
Le fils de Bernard et Contour, François FLOUS 1184 est donc lui aussi un bourgeois de Saint-Macaire, ville dont il est jurat en 1661. Il semble déjà avoir la trentaine quand il épouse Antoinette dite Toinette DESBATS, avec qui il a 4 enfants :
Mais malheureusement, la jeune mère Toinette DESBATS décède assez jeune, en tout cas avant 1671.
Son veuf paraît beaucoup aimer le prénom "Antoinette", celui de sa défunte épouse... Est-ce pour lui un critère de sélection ?! Car le 7 février 1671, à 45 ans passés, notre François FLOUS 1184 se marie en secondes noces Antoinette BORDENAVE 1185 , qui elle n'a que 25 ans. Elle est née en 1644 à Saint-Michel de Bordeaux, fille de Jean BORDENAVE 2370 (docteur en médecine) et de Marie DESTIGNOL 2371 .
A St-Macaire, je cherche dans les registres le 1er mariage de François FLOUS avec Antoinette DESBATS (avant 1659), et le décès d' Antoinette DESBATS après 1659. Je ne trouve pas ce mariage dans le registre 1655-1671 entre 1655 et 1659. Pas au Pian-sur-Garonne ni à St-Pierre d'Aurillac. Je ne trouve pas non plus le décès d'Antoinette entre 1659 et 1671, avec un nombre important de pages illisibles car numérisées trop clairement, sans aucun contraste. Les outils mis à la disposition des lecteurs pour forcer le contraste ne parviennent pas à rendre quoi que ce soit de lisible.
Je n'ai pas trouvé l'acte de naissance d'Antoinette BORDENAVE vers 1644 à Bordeaux, paroisse St-Michel, car les registres des Archives municipales de Bordeaux sont en ligne mais de façon parcellaire. Ce registre 1643-1644 est le seul des naissances de cette période, et l'acte ne s'y trouve pas.
François et sa nouvelle femme Antoinette font 10 enfants à Saint-Macaire :
François FLOUS 1184 décède à 71 ans le 29 mai 1696. Par contre, sa seconde femme Antoinette BORDENAVE 1185 n'a que 57 ans quand elle disparaît 5 ans plus tard, le 2 novembre 1701. Il seront tous les deux inhumés dans l'église des Cordeliers à Saint-Macaire.
Le parrain de la petite Véronique FLOUS mérite qu'on y prête attention. Il s'agit de Pierre d'ESTIGNOL de LANCRE, parent au second degré de l'enfant, ce qui en droit canon signifie qu'il faut compter 2 degrés au-dessus de chacun (Véronique et Pierre son parrain) pour trouver leur ancêtre commun. Selon le prêtre, ils seraient donc cousins germains. En réalité, je leur trouve un 3ème degré et non un 2ème :
La lignée de Pierre d'ESTIGNOL de LANCRE a été recherchée par ce généanaute. Pierre de SPENS d'ESTIGNOLS de LANCRE (sans autre précision sur son épouse et ses enfants) est fils d'Etienne de SPENS d'ESTIGNOLS de LANCRE (que je noterai SEL par la suite) seigneur de Thil, de Loubens, de Tirran, de Bussac et d'autres places, Conseiller du roi au parlement de Bordeaux en 1654, et de Jeanne BARITAULT, elle-même petite-fille de Pierre de BARITAULT et de Marie COUSIN, nos sosas 4738 et 4739 ! Effectivement, on retrouve bien Etienne SEL dans la page Les origines des BARITAULT. Mais dans une branche colatérale, et non dans notre ascendance.
Pour ceux que le sujet intéresse, ce site présente une généalogie historique très complète sur cette famille. Les SPENS sont des nobles issus de familles normandes parties avec Guillaume Le Conquérant et installés pendant des siècles en Ecosse. En 1450, Patrick de SPENS est envoyé en France par Jacques II d'Ecosse, et joue un grand rôle dans la mort de Charles le Téméraire, ennemi de Louis XI roi de France. En retour, le roi fait marier Patrick à dame Jeanne de SAULT d'ESTIGNOLS, fille d'une très puissante famille. Ses descendants les barons de SPENS d'ESTIGNOLS sont tous versés dans la chose militaire, toujours proches du pouvoir. Une branche cadette vient s'installer à Bordeaux : Pierre de SPENS d'ESTIGNOLS est écuyer, avocat au parlement de Bordeaux, conseiller du Roi et haut seigneur. Son fils Christophe, qui suit le même chemin, épouse Marie de ROSTEGUY de LANCRE, et reçoit pour ses enfants le nom SPENS d'ESTIGNOLS de LANCRE. Le Pierre parrain de Véronique FLOUS est l'arrière-petit-fils de ce Christophe.
Nos ancêtres FLOUS, que nous avons vus ci-dessus, vivent à Saint-Macaire. Mais une deuxième dynastie FLOUS vient se greffer à notre arbre. Je ne connais pas le lien entre ces deux branches, car nous sommes dans une époque où les actes paroissiaux sont plutôt avares en informations. Ces FLOUS sont peut-être cousins de la branche FLOUS dont nous avons parlé en haut de page, mais je n'en ai pas encore la preuve. Ce qui différencie cette dynastie FLOUS de l'autre, c'est que celle-ci ne reste pas sur Saint-Macaire : nous verrons plus loin que la famille déménagera dans la paroisse voisine de Saint-Pierre-d'Aurillac.
Je remercie une nouvelle fois Thierry Wangermez et Paulette Seguin pour leur aide dans cette branche. Les informations données ici sont issues en très grande partie d'actes notariés qu'ils m'ont communiqués (testaments, contrats de mariage), plus détaillés que les actes paroissiaux mais très difficiles à déchiffrer !
Le couple le plus ancien trouvé est celui formé par Naudinet FLOUS 18976 et son épouse Marguerite DAUBIN 18977 . Ils sont bourgeois et vivent dans la ville de Saint-Macaire à la charnière entre le XVème et le XVIème siècle. Parmi leurs enfants sont cités :
Menaut FLOUS 9488 , lui aussi bourgeois de Saint-Macaire, fait un premier mariage, en 1547 (enfin une date !) avec une jeune femme du nom de Guiraude de la ROCQUE 9489 . Ils passent d'abord un contrat de mariage devant le notaire Maître BOYSSE le 25 août 1547. De cette première union sortent au moins 3 enfants :
Mais Guiraude de la ROCQUE 9489 vient malheureusement à décéder jeune avant 1580. Notre Menaut FLOUS 9488 ainsi veuf doit se trouver une seconde épouse. Il va alors se marier avec Pellegrie MARC à une date encore inconnue, et avec laquelle il va avoir des jumelles :
A la fin de sa vie et malade, Menaut FLOUS 9488 fait établir un testament le 7 novembre 1580, peu après le décès de sa première épouse. Dans ce testament, il nomme ses fils Jehannot et Arnaud pour héritiers universels, son frère Peys FLOUS et son cousin le cordonnier Jean DAUBIN pour exécuteurs testamentaires, et sa fille Jehannette héritière particulière. Il donne à cette dernière 50 écus de dot et 2 vignes à Sainte-Croix-du-Mont. Menaut donne à son autre fille Izabeau 100 écus et une terre à Saint-Macaire. Il lègue enfin 10 écus à son petit-fils Menaut RUFZ, qui a 3 ans et qui est aussi son filleul.
Cinq ans plus tard, Menaut FLOUS 9488 ajoute le 21 novembre 1585 un codicille à son testament, alors qu'ils s'est remarié. Par cet acte, il donne l'usufruit de tous ses biens à sa nouvelle femme Pellegrie MARC, et 20 écus de plus à son fils Arnaud pour "précépot" : il semble que le partage des biens entre les 2 frères lors du testament ait été à l'avantage de Jehannot, et qu'il faut ré-équilibrer la balance. Mais surtout, depuis le testament, la petite Izabeau est née : son père lui lègue 50 écus de dot quand elle se mariera ainsi qu'une pièce de vigne avec la maison à la Vivade. Rien de ce qui a été écrit lors du testament n'est changé : Menaut FLOUS 9488 peut alors mourir tranquille.
Jehannet ou Jehannot FLOUS 4744 est bien sûr un bourgeois, mais il fait surtout partie de l'armée : il sert sous le grade de capitaine. Il va lui aussi faire 2 mariages. D'abord en 1581 avec Catherine GALLETRY, un nom que nous connaissons déjà... Dans la première branche FLOUS, notre ancêtre Guilhem FLOUS 4736 a épousé une Peyronne de GALLETRY 4737 . Il s'agit bien de la même famille, car Catherine GALLETRY est la fille de Menauld, frère de Peyronne de GALLETRY. Ici, Jehannet FLOUS 4744 et Catherine GALLETRY ont 3 enfants dont des jumeaux :
Mais la jeune mère de famille décède après cette dernière naissance. Jehannet FLOUS 4744 se retrouve dans la même situation que son père dix ans auparavant : veuf et en quête d'une nouvelle alliance. Il se remarie alors avec Marguerite de BOESSE, de BOYSSE ou de BOISSE 4745 , toujours à Saint-Macaire. Cette jeune femme est elle aussi issue d'une grande famille, puisque parmi ses 2 frères, Johannet de BOYSSE et Geoffret de BOYSSE, le second est avocat à la cour du Parlement de Bordeaux.
Avec sa seconde femme, Jehannet FLOUS 4744 a 4 autres bambins :
Jehannet FLOUS 4744 décède avant 1613, date du mariage de sa fille Suzanne. Sa deuxième épouse Marguerite de BOISSE est décédée après.
C'est donc bien cet Estienne FLOUS 2372 qui va nous intéresser. Nous ne connaissons qu'un seul mariage de ce jeune bourgeois, mais je pense qu'il a dû se marier avant car il aurait eu son premier enfant à l'âge de 38 ans... Il n'y a pourtant rien d'autre dans les registres ; sans doute cet éventuel premier mariage a-t-il eu lieu ailleurs qu'à Saint-Macaire ? Son mariage connu est celui avec Françoise CASTANDET 2373 le 16 septembre 1634, toujours à Saint-Macaire. Ils ont au moins 4 ou 5 enfants :
Je fais une pause ici, car tous les éléments ci-dessus n'ont pas été évidents à mettre en place. Ils sont souvent le fruit de déductions et de recoupements de divers actes. Tout d'abord le testament d'Estienne FLOUS en 1669 cite sa femme Françoise CASTANDET, et ses enfants Marguerite, Marsalle et Etienne. Il donne aussi le nom de son exécuteur testamentaire, Jean LAMOUSSET, qui est son cousin (dixit l'acte). Jean LAMOUSSET est le fils d'un autre Jean LAMOUSSET et d'Izabeau FLOUS, et dans le contrat de mariage de ses parents, retenu par Maître RUFZ le 7 février 1604, on lit que les parents d'Izabeau sont Menaut FLOUS et Pellegrie MARC. Le grand-père de notre Estienne FLOUS 2372 est donc Menaut FLOUS.
En établissant la généalogie de ce Menaut FLOUS, on constate ses 2 mariages, et surtout que ses 2 fils Jehannot et Arnaud ont tous les deux un enfant nommé Estienne. L'un, fils d'Arnaud FLOUS et de Naudine BEYRIES, est né en 1594 ; l'autre, fils de Jehannot FLOUS et Marguerite de BOISSE, est né en 1597. Alors, comment déterminer lequel des deux est notre ancêtre ? En analysant les parrains et marraines des enfants des 2 Estiennes, on remarque certains noms. Estienne fils d'Arnaud a un fils aussi nommé Arnaud, né en 1625 dont le parrain est Arnaud FLOUS, et une fille, Marie, née en 1630, dont la marraine est Naudine BEYRIES. Il est courant de nommer parrain ou marraine un des grands-parents du nouveau-né. Tout laisse supposer que Estienne FLOUS, époux de Jeanne DUPIN et père des 2 enfants que je viens de citer, est le fils d'Arnaud FLOUS et de Naudine BEYRIES.
Un autre Estienne FLOUS, mari de Françoise DELUX, a aussi un fils François né en 1643, dont la marraine est aussi Naudine BEYRIES. On remarque autre chose : Estienne FLOUS et Jeanne DUPIN ont des enfants de 1625 à 1639, et plus rien après. Estienne FLOUS et Françoise DELUX ont des enfants à partir de 1643. Là encore, on peut déduire qu'il s'agit du même Estienne FLOUS qui a fait 2 mariages, d'abord avec Jeanne DUPIN, ensuite avec Françoise DELUX.
Donc, si cet Estienne FLOUS est le fils d'Arnaud FLOUS et de Naudine BEYRIES, c'est celui qui est né en 1594. Celui né en 1597 et marié avec Françoise CASTANDET serait donc l'autre, fils de Jehannot FLOUS et Marguerite de BOISSE, notre ancêtre. Le parrain de Marie, fille aînée de cet Estienne FLOUS et Françoise CASTANDET, née en 1635, s'appelle Geoffre BOISSE... Cela confirme la théorie.
Ensuite, le testament de Menaut FLOUS en 1580 confirme que Jehannot et Arnaud sont bien ses fils à lui et à Guiraude de la ROCQUE. Mais on trouve un autre Jehannot FLOUS époux de Catherine GALLETRY dans les registres. Qui est-il par rapport au nôtre ? Ce couple a des jumeaux nés en 1585 ; le parrain de l'un d'eux (François) est François RUFZ, le mari de Jehannette FLOUS et beau-frère de Jehannot. Sa marraine est Pellegrie MARC, marâtre de Jehannot. La dernière fille du couple, Marie, née en 1587, se marie en 1606, et son témoin est sa marâtre Marguerite de BOISSE. Cela prouve que Jehannot s'est lui aussi marié 2 fois, d'abord avec Catherine GALLETRY, ensuite avec Marguerite de BOISSE.
Les frères de Marguerite de BOISSE de BOISSE sont cités dans le contrat de mariage de Suzanne FLOUS avec Jehan CHAILLON en 1613.
Pour finir, le contrat de mariage de Menaut FLOUS et Guiraude de la ROCQUE, établi le 25 août 1547 par le notaire BOYSSE, indique que les parents du futur marié sont Naudinet FLOUS et Marguerite DAUBIN.
Estienne FLOUS 1186 est en réalité le personnage-charnière de cette branche. C'est lui qui décide de quitter sa ville natale de Saint-Macaire pour aller s'établir dans la paroisse voisine de Saint-Pierre-d'Aurillac. Il y exploite une propriété bordée par le chemin de Massac : on donne alors à Etienne le surnom de "Massac" ! Comme en témoigne son acte de décès, il est dit "Sieur Flous de Massac". Aujourd'hui, le nom de ce chemin a changé : il s'appelle tout simplement le chemin Flous ! Le ruisseau qui le longe porte également le même nom.
Dans le registre des naissances de Saint-Pierre d’Aurillac, à la date du 25 avril 1675, le curé a consigné les gardes de l'église qui ont été élus pour l'année 1676. Parmi eux, Sieur Etienne FLOUS 1186 était jusque là un de ceux qui remplissaient cette fonction. Mais à cette date, ledit prêtre nomme en son lieu et place Antoine LABAU garde de l’église. Une sorte de passation de pouvoir...
Quel est le rôle d'un "garde de l'église" ? J'en ai trouvé deux possibles. Il peut s'agir d'un garde au sens physique du terme, celui qui possède la clé du bâtiment, qui est en charge de contrôler son accès et de l'entretenir. Mais il y a un second sens qui a ma préférence. Le roi ou un grand seigneur local a le devoir de prendre certaines églises sous sa protection ; il accorde alors à ces églises des droits et des privilèges, et ce depuis le Moyen-Age. Mais il y a en réalité plusieurs Estienne FLOUS qui vivent à la même période entre St-Pierre d'Aurillac et St-Macaire (voir la liste ci-dessous). Comment savoir si le garde de l'église en question nommé Estienne FLOUS est bien notre ancêtre ?
Où trouver la naissance d'Etienne FLOUS 1186 ? Il serait né vers 1642 puisque décédé en 1707 à 65 ans. A St-Pierre-d'Aurillac, les registres de naissance ne commencent qu'à partir de 1651. A St-Macaire, dans cette période, j'ai trouvé beaucoup d'Estienne FLOUS mais juste 2 en tant que nouveau-nés :
Le Etienne FLOUS né en 1637 et fils d'autre Etienne FLOUS pourrait être notre FLOUS de Massac... Mais il faudrait pouvoir le prouver. La difficulté est qu'entre St-Macaire et St-Pierre d'Aurillac, on trouve des actes dans l'une des deux paroisses, qui concernent des gens qui habitent dans l'autre !
Estienne "Massac" FLOUS 1186 fait un premier mariage avec Barthélémie DULUC, et s'installe à Saint-Pierre-d'Aurillac. Ensemble, ils y ont 2 enfants :
Mais le décès précipité de la pauvre Barthélémie DULUC va chambouler le destin de la famille. Massac va devoir trouver une nouvelle épouse...
Pour cette branche, nous allons nous déplacer (légèrement) vers la paroisse du Pian-sur-Garonne. Cette paroisse est limitrophe de celle de Saint-Macaire, située sur sa frontière nord-est. J'ai trouvé 2 versions différentes sur l'origine de cette dénomination de "pian".
Quelle que soit la véritable explication, les deux pouvant être cumulées, il est une réalité indéniable : à l'époque de nos ancêtres, la paroisse de Notre-Dame de Pian-sur-Garonne s'étend jusqu'à la place des Tilleuls de Saint-Macaire. C'est dire si les liens sont très proches, pour ne pas dire entremêlés, entre le Pian et Saint-Macaire. Nous allons voir ici un exemple de porosité entre ces deux paroisses.
Elie ou Helies LABARRIÈRE 2374 est, comme les membres de la famille FLOUS, un bourgeois de Saint-Macaire, mais vivant dans la paroisse Notre-Dame de Pian-sur-Garonne. Je ne connais pas les parents d' Elie, mais un de ses frères porte le curieux nom de Gachies LABARRIÈRE. Né vers 1619, Gachies décède à 68 ans le 20 janvier 1687.
Avant 1655, Helies épouse Peyronne MAURIAC 2375 , née vers 1630, fille et cohéritière de Jean MAURIAC 4750 . L’autre cohéritier est Jean CANTAULE, fils de Bernard CANTAULE de Saint-Macaire.
Je n'ai pas le mariage d'Helies LABARRIÈRE avec Peyronne MAURIAC. Ce généanaute a estimé la naissance de Peyronne MAURIAC en 1630. N'ayant pas le nom de ses parents, j'ai quand même cherché les couples possibles à St-Macaire :
Voir aussi dans quelles archives on pourrait en savoir plus sur ce fameux héritage de Jean MAURIAC... La famille a forcément un lien avec l'écrivain François MAURIAC dont la lignée agnatique a pour origine Castets-en-Dorthe, située aussi dans le Langonnais.
Je ne trouve pas dans les registres de St-Pierre d'Aurillac le décès de Hélies LABARRIERE, dans les registres de 1687 (année du décès de son frère Gachies où il était présent) jusqu'à 1730.
Helies LABARRIÈRE 2374 et Peyronne MAURIAC 2375 ont 10 enfants tous nés au village du Pian-sur-Garonne :
A Saint-Macaire, il faut trouver la mariage de Elie LABARRIERE et Peyronne MAURIAC avant 1655, et peut-être leurs naissances à tous les deux. Il manque les années 1654 à 1655, mais avant je ne trouve pas ce mariage à St-Macaire. Pourtant, je trouve 3 mariages de 3 Estienne FLOUS différents (un le 16 septembre 1634 avec Françoise CONSTANDE, un autre que je n'ai pas relevé, et un le 6 février 1652 avec Izabeau MANAUT). J'ai cherché à St-Pierre d'Aurillac, mais le registre ne comporte que les naissances et pas les mariages. J'ai aussi cherché au Pian-sur-Garonne, mais là aussi le registre ne contient que les naissances. C'est pourtant là qu'on trouve des LABARRIERE et des MAURIAC : nos ancêtres s'y trouvent sans doute, mais on ne pourra pas les débusquer puisque Elie LABARRIERE et Peyronne MAURIAC sont nés avant 1635, et que les registres ne remontent pas avant 1643. Sauf évidemment à trouver des actes notariés.
La prolifique maman, Peyronne MAURIAC 2375 , décède le 29 mai 1705 au Pian-sur-Garonne ; elle a environ 75 ans.
Les LABARRIERE sont du Pian-sur-Garonne ; les FLOUS de Massac sont, eux, de Saint-Pierre d’Aurillac. Comme vous avez pu le voir sur la carte, ces deux communes sont voisines, les terres des uns et des autres sont mittoyennes. Cette proximité géographique va favoriser le rapprochement entre les deux familles.
Sieur Estienne "Massac" FLOUS 1186 , alors veuf, épouse en secondes noces Marie LABARRIERE 1187 le 18 avril 1681, au Pian-sur-Garonne puisque la jeune mariée y est née. Mais après leur mariage, les jeunes époux s'établissent chez Massac à Saint-Pierre d’Aurillac. C'est dans cette propriété qu'ils vont faire 4 enfants :
Etienne Massac FLOUS 1186 a 65 ans quand il meurt le 8 décembre 1707 à Saint-Macaire. Je pense que Marie LABARRIERE 1187 est, elle, décédée de mort subite le 1er avril 1709, à Saint-Pierre d’Aurillac, à l'âge de 48 ans. Je n'en ai pas la certitude, car son acte de décès ne mentionne pas le nom de son mari.
A St-Pierre d'Aurillac, je n'ai pas les naissances de Marguerite (1683) et Arnaud (1684) FLOUS, car il y a un trou entre 1681 et 1689.
Pour le décès de Marie LABARRIERE, je ne suis pas certain qu'il s'agisse bien de la nôtre, vu qu'il n'y a aucun autre nom cité dans l'acte. C'était un nom courant, et j'ai trouvé plein d'actes de décès concernant une Marie LABARRIERE, entre 1689 et 1730. Mais cet acte est celui qui se rapproche le plus de notre ancêtre, même si il y a un écart de 8 ans entre l'âge donné dans l'acte (40 ans en 1709, elle serait donc née en 1669) et sa date de naissance réelle (1661).
C'est ici que la jonction des FLOUS de Saint-Macaire avec les FLOUS de Massac va s'opérer. Nous avons vu que Charles FLOUS 592 est né en 1678 à Saint-Macaire, dont il est maintenant l'un des jurats. Et nous venons de voir que la jeune Jeanne FLOUS 593 a vu le jour en 1685 dans la propriété de son père Massac à Saint-Pierre d’Aurillac.
Il n'est pas possible de déterminer si les deux jeunes gens se sont rencontrés dans l'une ou dans l'autre paroisse. Se sont-ils plus au premier regard ? Ont-ils décidé eux-mêmes de se marier ensemble, ou bien a-t-on décidé pour eux ? La question est bien posée, dans ces familles bourgeoises ou le capital et le prestige l'emportent sur les sentiments : ont-ils seulement eu le choix ?
En tout cas, le résultat est là : le 1er août 1709, Charles FLOUS 592 épouse Jeanne FLOUS (de Massac) 593 dans l'église de Saint-Pierre d’Aurillac. Il a alors 30 ans, et elle 23. Le jeune couple va ainsi pouvoir reprendre la propriété de Massac, laissée sans maîtres depuis les décès de Massac et de sa femme. Charles et Jeanne ont 5 fils nés dans ladite propriété :
J'ai cherché tous les enfants de Charles FLOUS dans les registres de St-Pierre d'Aurillac, et je ne trouve pas celui de Pierre Joseph. Pourtant, il y a un laps de temps assez grand entre 1714 et 1722, assez pour qu'il naisse dans cette période. Alors où chercher ? J'ai bien sûr pensé aux registres de Saint-Macaire, et à celles du Pian-sur-Garonne : rien non plus. Alors où est né ce Pierre Joseph ?
Le couple fait tourner la propriété de Massac sans faillir pendant 46 ans. Mais un jour, Charles FLOUS 592 tombe malade et finit par succomber à cette infection le 16 janvier 1755, à l'âge de 77 ans. Son acte de décès indique qu'il est mort de maladie mais sans pour autant préciser laquelle. Son épouse Jeanne FLOUS 593 quitte ce monde 13 ans après, le 1er avril 1768 à 83 ans. Les deux sont enterrés à Saint-Pierre d’Aurillac.
Leur fils Menaut FLOUS 296 grandit et comme ses ancêtres, devient jurat de la ville de Saint-Macaire en 1754.
La branche CHAUMETTE est originaire de Langon. La ville de Langon est avant tout un port sur la rive gauche de la Garonne, vis-à-vis de Saint-Macaire, idéalement située entre Agen et Bordeaux. Placée sur un territoire de Graves, elle peut ainsi exporter son vin et de l'eau-de-vie par voie fluviale, tout comme les vins blancs du Sauternais, et concurrencer par la même occasion le commerce du vin bordelais.
Les plus anciens représentants connus de cette branche sont Bernard CHAUMETTE 1188 et son épouse Claire DURIBAUT 1189 , un couple de bourgeois marchands établis dans cette ville.
C'est d'ailleurs certainement là que sont nés leurs enfants, Pierre CHAUMETTE 594 et Charles CHAUMETTE, même si je n'en ai aucune preuve pour l'instant.
Il faut trouver la naissance de Pierre CHAUMETTE, vers 1696 ou avant, à Langon. Si possible, le mariage de ses parents. Les registres de Langon ne commencent qu'à partir de 1737...
D'après le site "Amitiés Généalogiques Bordelaises", Bernard CHAUMETTE et sa femme auraient établi un testament en 1726, testament dont je n'ai pas pu lire le contenu, ce site ayant décidé depuis le début de l'année 2013 de faire payer les informations fournies gracieusement par les bénévoles, refusant le principe de la généalogie libre. Le terme "Amitiés" ne devrait-il pas évoquer le partage, plutôt que le commerce ? Si nous faisions tous comme cela, nous régresserions...
Pierre CHAUMETTE 594 devient lui aussi bourgeois, potier d'étain et marchand à Langon. Son frère suit également le même chemin ; ce dernier aurait également fait un testament avec sa femme Jeanne BAPPEL, une première fois en 1737, et une seconde en 1753. Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas beaucoup d'informations à fournir !
Leur père Bernard CHAUMETTE 1188 est inhumé le 6 avril 1732 à Langon.
Cette information sur le décès de Bernard CHAUMETTE est issue de l'inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 pour la Gironde, série E suppl. 1969, registre GG 8, In 4e, 168 feuillets.
Dans ce même document, on apprend qu'un autre Pierre CHAUMETTE, fils de Bernard, est ancien lieutenant, et qu'il a été inhumé le 11 mars 1724.
Il faudrait retrouver ces 2 décès dans les registres.
Restons à Langon, car c'est là que Jean LANDE 2380 (prononcez : Landé) travaille en tant que notaire royal. Avec son épouse Jeanne RODIER 2381 , ils ont un fils nommé François LANDE 1190 , né vers 1640. Une fois celui-ci devenu grand, il sera bourgeois à Langon et maître apothicaire, c'est-à-dire l'ancêtre du pharmacien. Si son commerce se situe bien à Langon, il monte régulièrement à Bordeaux pour ses affaires, sans doute pour s'approvisionner en produits. Mais en plus d'y trouver les ingrédients pour ses remèdes et ses potions médicinales, c'est aussi à Bordeaux qu'il va trouver l'amour...
La branche CONSTANS (ou COUSTANT suivant les actes) nous ramène à Bordeaux, au milieu du XVIIème siècle. Elle commence par une personnalité reconnue dans son métier, ou devrais-je dire dans son art : il s'agit de Pierre COUSTANS 2382 qui est maître potier d'étain. Ce métier consiste à fabriquer, sur un tour, de la vaisselle et autres contenants, non plus comme avant le XIVème siècle en terre ou en bois, mais en étain.
En effet, pour remplir les caisses du royaume, Louis XIV ordonne que ses sujets lui remettent leurs vaisselles faites en or et en argent, pour les faire fondre. L'étain étant un métal moins coûteux, cette profession prend à cette époque un essor très important. Elle conservera une grande place dans la société jusqu'à la Révolution française, période où les ustensiles seront progressivement remplacés par de la faïence et de la porcelaine.
Il est aussi dit "maître pintier" dans certains actes. "Maître" veut dire qu'il s'entoure d'apprentis qu'il forme pour assurer la relève et transmettre son précieux savoir. "Pintier" signifie qu'il est spécialisé dans la fabrication de récipients de mesure pour les liquides. En effet, la pinte est l'unité de mesure "étalon" des volumes de liquide, avant l'entrée en vigueur du système métrique ; elle équivaut à près d'un litre. Pour les soiffards qui me lisent, la chopine équivaut à la moitié d'une pinte, alors que la velte en vaut 8 ! A votre santé...
Le poinçon dont le maître marque ses créations est de forme circulaire : on trouve au centre une hermine coiffée d'une couronne de comte flanquée de 4 étoiles. Dans la partie supérieure est inscrit "P. COUSTANT", et dans la partie inférieure se trouvent 2 palmes.
Au-dessus on peut voir le poinçon de qualité du métal, précisant l'affinage de l'alliage par ces mots : "ESTAIN-RA-FINE" (étain raffiné). Encore au-dessus, le poinçon de contrôle en forme de croix donne d'autres indications :
Tous ces poinçons peuvent avoir des variantes suivant les pièces produites.
Pierre COUSTANS 2382 et son épouse Catherine LUPIEN 2383 tiennent donc une boutique dans laquelle ils vendent leur production. Ce couple de bourgeois ont au moins 6 enfants nés à Bordeaux :
Si j'ai trouvé les naissances des 4 derniers enfants, dans les registres des Archives municipales de Bordeaux, il n'en va pas de même pour celle de Pierre COUSTANT le fils aîné. Il est pourtant cité dans une lettre du 11 octobre 1701 signée Catherine LUPIEN et rapportée par Bernard VENOT : Catherine LUPIEN y écrit que sa belle-fille Anne LANDE est veuve de feu Pierre COUSTANT son fils aîné. Sur l'acte de mariage de sa soeur Marguerite, il est dit habitant de la paroisse St-Michel. Je n'ai rien trouvé avant 1702, mais j'en ai trouvé un le 6 août 1715 : pas de nom de sa femme ni de ses parents, sauf son âge de 63 ans le faisant naître en 1652. Ca collerait, mais la date de la lettre ne correspond alors pas... Je n'ai pas trouvé sa naissance dans ce registre après le 24 novembre 1650 (page 251) .
Quant à Catherine CONSTANT, elle est enterrée le 1er février 1699, veuve de Gabriel PONCET. Ce Gabriel est cité comme témoin et beau-frère de Marguerite COUSTANS à son mariage en 1676, donc cette Catherine fait bien partie de la fratrie. Catherine et Gabriel ont eu des enfants, dont la première est née en 1664, nous dit cette généanaute. Ils sont donc mariés avant 1663, ce qui la fait naître avant 1643. Je la cherche dans ce registre page 600 en remontant.
Je n'ai pas le décès de Maître Pierre COUSTANT 2382 , mais il est mort avant 1676 au mariage de sa fille Marguerite. Après cette disparition, sa veuve Catherine LUPIEN 2383 tient la boutique avec son fils Antoine, et sans doute Pierre l'aîné avant sa mort. Les successeurs continuent d'apposer le poinçon de feu leur père sur la production, avec l'aval de leur mère, comme ils en ont le droit d'après les statuts des potiers d'étain.
Dans l'ouvrage de Yannick Chassin du Guerny, "Documents généalogiques sur les potiers d'étain de Guyenne", la page 79/319 nous dit que Pierre COUSTANS, le père, est "mort en charge l'année 1660". Malheureusement, les AM Bordeaux ne donnent les décès à Ste-Colombe qu'à partir de 1668. Je ne peux donc pas vérifier cette date.
L'apothicaire François LANDE 1190 se rend très régulièrement dans la ville de Bordeaux, peut-être chaque semaine, pour acquérir les produits qui servent à la fabrication de ses mixtures, et aussi pour s'approvisionner en bocaux, fioles et autres contenants pour y placer ses produits. Parfois, il a besoin de pots en étain... Il va alors chez COUSTANT, le potier d'étain le plus renommé dans la capitale girondine. François s'intéresse de près à la vaste gamme de récipients, mais aussi à la fille du potier, la jolie Marguerite...
Par un beau matin de printemps, le 9 juin 1676, François LANDE 1190 qui a 36 ans épouse la jeune bordelaise de 17 ans, Marguerite COUSTANT 1191 à la paroisse de Sainte-Colombe à Bordeaux. Les deux frères de la mariée, Pierre et Antoine COUSTANT, tous deux bourgeois et potiers d'étain comme leur papa, sont témoins au mariage.
Il faut trouver l'acte de naissance de François LANDE, vers 1640, à Langon, et le mariage de ses parents. Pas en ligne avant 1737.
Aussi la naissance de Marguerite COUSTANT, vers 1659 à Bordeaux, paroisse Ste-Colombe : il n'y a que les mariages et les décès sur le site des Archives Bordeaux Métropole. Chercher paroisse St-André. Je n'ai pas non plus trouvé le mariage de ses parents dans les tables paroissiales (chercher ailleurs qu'à Ste-Colombe).
Je n'ai pas le décès de Pierre COUSTANT, ni celui de sa fille Marguerite COUSTANT, ni de Jean LANDE, ni de François LANDE, ni de Jeanne RODIO dans les tables paroissiales de St-Colombe. Mais j'ai le décès de Hélène CONSTANT le 20 janvier 1695, de Catherine CONSTANT le 1er février 1699, Jeanne COUSTANT le 21 mars 1733. Peut-être à Langon ?
A Langon, j'ai trouvé un décès de Marie COUSTANT le 29 mai 1748 âgée de 72 ans (donc née vers 1676), femme de Sieur Joseph LUCBERT, marchand de Langon.
La paroisse Sainte-Colombe a aujourd'hui disparu à Bordeaux, avec l'église du même nom où est née Marguerite. L'ouvrage "Souvenirs bordelais - L'ancienne paroisse Sainte-Colombe" de Théodore Ricaud nous indique qu'au XVIIème, elle couvrait une étendue limitée par la rue Neuve à l'est, par le Peugue au nord, la rue Coffey (impasse Maucouyade) à l'ouest, et par la paroisse Saint-Eloy au sud. Mais Léo DROUYN dessine l'emplacement de la première église Sainte-Colombe un peu plus vers l'est, sur ce qui est aujourd'hui la rue Sainte-Colombe, entre la place Fernand Lafargue (ancienne "place du Marché") et la rue Neuve. J'ai reproduit son emplacement sur le plan ci-dessus, avec les rues actuelles.
Cependant, un terrible événement se produit en 1427 : un tremblement de terre dont l'épicentre est situé en Catalogne secoue Bordeaux et détruit entre autres cette église Sainte-Colombe ! C'est en 1525 seulement que l'on décide de la reconstruire, mais avec une petite modification. Cette seconde église, légèrement déplacée et agrandie, est alors bâtie rue Buhan (ancienne rue ?). Elle doit cependant attendre 1742 pour être consacrée ! Malheureusement, sous la Révolution, un nouveau découpage des paroisses aboutit à sa destruction... Celle-ci dura jusqu'en 1854 ! Seule une des clés de voûte de cette église subsiste aujourd'hui, visible sur un pan de mur au n°4 de la rue Buhan, à Bordeaux.
Après son mariage, François LANDE 1190 ne retournera pas à Langon. Il va s'installer à Bordeaux avec son épouse Marguerite CONSTANT 1191 , et ensemble ils auront 4 enfants :
Trouver la naissance d'Anne LANDE, après 1677, à Bordeaux, paroisse Ste-Colombe, et peut-être son frère et sa soeur. Mais la paroisse Ste-Colombe ne comprend que des mariages et des décès : les naissances sont à chercher dans la paroisse St-André, une des 3 seules paroisses de Bordeaux habilitées à célébrer les baptêmes, avec St-Seurin et Ste-Croix. On trouve 3 Anne LANDE :
Mais aucune n'a pour mère une COUSTANT ; or on a dans l'acte de naissance de Bernard CHAUMETTE en 1718, la marraine est Marie COUSTANT "grand'tante", ce qui signifie que sa grand-mère, la mère d'Anne LANDE, est la soeur de Marie COUSTANT, et donc qu'elle porte ce nom. De plus, aucune des trois n'a de soeur appelée Jeanne. Faut-il chercher la naissance d'Anne LANDE dans une autre paroisse de Bordeaux que celle de St-André ?
Comment la rencontre entre Pierre CHAUMETTE 594 et Anne LANDE 595 a-t-elle pu se produire ? Certainement comme cela : Pierre est venu de Langon à Bordeaux pour ses affaires, car il est lui aussi potier d'étain. Il semble déjà être en relation avec les potiers d'étain de la famille LANDE. Ces voyages répétés à Bordeaux lui permettent de rencontrer la fille du potier d'étain bordelais, Anne LANDE 595 , et les sentiments finissent par prendre le dessus...
Alors que l'idée d'un mariage se précise, les deux amoureux concluent un contrat de mariage le 2 avril 1716 devant Maître BOLLE, notaire à Bordeaux. Pierre CHAUMETTE 594 s'est déjà installé dans la capitale girondine, habitant dans la rue Sainte-Colombe, pour y exercer son métier de marchand. Anne LANDE 595 habite la même rue, ce qui simplifie beaucoup de choses. Cependant, à 39 ans, la jeune fille a déjà perdu ses deux parents. Par ce contrat de mariage, le père du futur époux, Bernard CHAUMETTE 1188 , lui donne 5 000 livres en avancement d'hoirie en attendant sa future succession. Quant à la future épouse, qui a déjà hérité de ses défunts parents, elle se constitue une dot très importante de 10 000 livres, avec des biens immeubles à Toulenne, Langon et Saint-Pey, plus divers biens meubles, effets et ustensiles. Le contrat prévoit également la somme de 1 000 livres en bagues et joyaux pour la jeune femme.
Deux semaines et demi plus tard, le 20 avril 1716, c'est le grand jour ! Pierre CHAUMETTE 594 épouse Anne LANDE 595 , dans une chapelle domestique appartenant au Sieur BALAN, un autre bourgeois bordelais, dans la paroisse de Talence. Puis le couple s'installe à Bordeaux, toujours dans la paroisse Sainte-Colombe où naissent leurs 6 enfants :
Je ne trouve malheureusement pas le décès de Pierre CHAUMETTE 594 ni celui d' Anne LANDE 595 . Suivant le contrat de mariage, à la mort du premier des deux époux, l'autre touche la somme de 1 000 livres
Je n'ai pas trouvé le décès de Pierre CHAUMETTE, entre 1728 et 1778, ni à Bordeaux Ste-Colombe, ni à Langon. Alors où est-il allé mourir ?
Par contre, à Langon, il semble y avoir un autre Pierre CHAUMETTE : marié à Marie BARDON, ils ont plusieurs enfants : Jean CHAUMETTE (né le 27 août 1755 et mort à 18 ans le 20 mars 1774), Jeanne (née le 7 mars 1758), Marie (née le 1er août 1761), Jeanne (née le 3 septembre 1774). Un sieur Charles CHAUMETTE, époux de demoiselle Jeanne BAPEL est mort à 82 ans le 27 juin 1767. Il y a aussi un mariage de Catherine CHAUMETTE, fille de Bernard CHAUMETTE bourgeois et de Anne DUPIN, le 30 avril 1774 (ce Bernard n'est pas notre ancêtre Sosa 1188).
On constate que Bernard et Pierre CHAUMETTE, les deux frères de Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 , ont quitté Bordeaux où ils sont nés pour aller vivre dans la ville de naissance de leur père, à Langon. Je ne connais pas la raison de ce changement de lieu de vie, la cause de ce retour aux sources, mais ils ne sont pas les seuls à faire le voyage. En octobre 1740, Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 elle-même part de Sainte-Colombe pour venir s'installer dans la paroisse Notre-Dame du Pian-sur-Garonne, dans la juridiction de Saint-Macaire. Mais dans son cas, j'en connais la raison ! Elle vient simplement se rapprocher de son fiancé, Menaut FLOUS 296 .
Trois mois après ce déménagement, le 14 janvier 1741, Menaut FLOUS 296 épouse Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 au Pian-sur-Garonne, où le jeune marié de 28 ans vit dans la propriété de Massac.
Mais c'est à Saint-Macaire que le jeune couple s'installe finalement, dans la paroisse de Saint-Martin. J'ignore de fait qui est resté à Massac pour tenir les rênes de la propriété, certainement l'un de ses frères. Menaut FLOUS 296 , qui est bourgeois et jurat de cette ville, et Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 ont 13 enfants tous nés à Saint-Macaire, mais peu ont survécu :
A Saint-Macaire, on note que Menaut FLOUS est dit "ancien jurat" en 1756, sur l'acte de naissance de sa fille Jeanne. Il y a une raison bien précise à celà : Menaut est tombé en démence ! Il est en proie à un déclin des fonctions cognitives, avec une altération de la pensée et du jugement qui rend sa vie sociale et familiale très compliquée. Jeanne Angélique prend alors la difficile décision de se séparer de lui. Avec ses enfants, elle part vivre quelques temps rue Permentade, quartier Saint-Michel à Bordeaux.
Il faut savoir que Jeanne LANDE, la tante de Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 , possède un bourdieu au lieu de Cantegric à Listrac, attenant à la propriété de Lestage. Le nom Cantegric signifie "le grillon qui chante".
Ce bourdieu est en fait une propriété viticole (avec une maison, un jardin, un verger, une basse-cour et des vignes) qui s'appelle le Domaine de Grange. Le 27 février 1771, ce domaine est racheté par le négociant Tobie CLARKE pour 94 000 livres, qui fait construire un château en lieu et place, en 1818.
De cette maison de Cantegric ne reste aujourd'hui que quelques pierres, à l'angle de l'entrée principale du Château Clarke, aujourd'hui propriété de la famille ROTHSCHILD.
Mais pour l'instant, nous sommes le 15 septembre 1765 et Jeanne LANDE, restée célibataire et sans enfant, décède ce jour à Bordeaux. Dans son testament, elle écarte de sa succession ses neveux Bernard et Pierre CHAUMETTE, avec qui elle ne doit pas être en très bons termes, au profit de sa nièce. C'est donc Jeanne Angélique CHAUMETTE 297 qui hérite du bourdieu de Cantegric, et avec deux de ses enfants, Théodore et Jeanne (celle née en 1744), elle part s'y installer.
Je n'ai pas le décès de Ménaut FLOUS, sans doute à St-Macaire et après 1759 (J'ai parcouru les registres de la paroisse de St Sauveur sans rien trouver ; mais j'ai trouvé le décès de sa fille Marie en 1761 dans les registres de la paroisse de St-Martin, par contre son décès à lui ne s'y trouve pas, jusqu'en 1770). Il semble qu'il ne soit pas mort à St-Macaire. Aurait-il été conduit dans un hôpital psychiatrique (de l'époque) dans une autre ville où il serait mort ? J'ai bien sûr pensé à voir les registres de Cadillac de 1759 jusqu'à l'an XI : rien non plus. Il est mort avant 1784, car indiqué "feu Menaut FLOUS" dans l'acte de mariage de Théodore.
Je n'ai pas non plus le décès de Jeanne-Angélique CHAUMETTE, certainement à Listrac et après 1792 (marraine de Pierre Constant FLOUS à sa naissance). Les registres ne vont que jusqu'en 1791, reprennent pour l'an XII (1804 où elle n'est pas), puis à partir de 1809 où elle n'est pas non plus. Elle est sans doute décédée entre 1793 et 1803, ou bien entre 1805 et 1808. A voir si ces registres passent un jour en ligne...
Le jeune Théodore FLOUS 148 tient d'abord une fonderie à Lestage, et fait commerce des objets qu'il fabrique. Ce fonds de commerce, pour une valeur estimée de 150 livres, appartient à sa mère, mais il est noté dans son contrat de mariage qu'il en héritera, lui et lui seul, au décès de celle-ci.
La propriété voisine de Lestage appartient depuis environ 1730 à la famille MOTMANS, qui ne réside pas sur les lieux, préférant habiter Paris. La demoiselle Thérèse MOTMANS confie alors le domaine à son voisin Théodore FLOUS 148 , qui en devient le régisseur.
C'est le 23 janvier 1784 que Théodore FLOUS 148 épouse Marie LAMORERE 149 à Moulis. Mais c’est à Listrac, au lieu et dans la propriété de Lestage (parfois écrit L'Estage) que les mariés s'installent, 86 ans avant que le célèbre château éponyme ne soit construit. Le jeune couple élève ses 4 enfants :
Théodore FLOUS et Marie LAMORERE ont peut-être eu d'autres enfants après 1792. Mais les registres de Listrac manquent entre 1793 et 1803, ou bien entre 1805 et 1808. Continuer les recherches quand ils seront en ligne.
Lors de la Révolution Française, en 1791, des mesures sont prises contre les nobles qui quittent le pays pour échapper à colère du peuple. Des décrets rendent tout seigneur émigré passible de la confiscation de ses biens, considérés alors comme biens nationaux au même titre que ceux du clergé. En 1793, une loi précise les modalités de la vente de ces biens nationaux « de deuxième origine ». Cela va donner une idée à Théodore FLOUS qui convoite depuis quelques temps déjà la propriété de Lestage.
Le 29 vendémiaire de l’an III (20 octobre 1794), Théodore, qui a de grandes difficultés financières pour maintenir le domaine, écrit une lettre à la municipalité, où il déclare être sans nouvelles des propriétaires qui se soucient apparemment peu du domaine. Il se plaint également de ne pas pouvoir assumer sa gestion de Lestage s’il n’obtient pas d’aide financière. Le lendemain, la municipalité envoie une lettre au directoire du district, qui dénonce les héritiers MOTMANS comme émigrés. Les administrateurs demandent alors qu’un inventaire de leurs biens soit dressé, ce que réalise la municipalité : le 9 frimaire (29 novembre), le directoire du district confisque le domaine de Lestage au profit de la Nation et vend le mobilier. Théodore veut acquérir la propriété, mais ne dispose pas des moyens suffisants. L’adjudication de la ferme a lieu le 21 floréal (10 mai 1795), et c’est Michel BEDEL qui remporte les enchères pour 15 400 livres et qui se rend adjudicataire du domaine pour 3 ans. Lestage sera plus tard la propriété d’Armand SAINT-GUIRONS que sa famille conservera sur plusieurs générations. *1
Le recensement de Listrac pour l'année 1820, trouvé sur le site des Archives Départementales de la Gironde, nous indique que Théodore FLOUS 148 et sa femme vivent sous le même toit qu'un autre couple, Jean MAUREAU et son épouse, au bourg de Listrac qui compte à l'époque 64 maisons. Le foyer est aussi composé d'un enfant, une fille, sans aucun détail sur son identité.
Théodore décède à 86 ans le 22 juin 1834, et son épouse Marie le 26 novembre 1842 à l'âge de 84 ans. Le plus étonnant est que leurs actes de décès précisent qu'ils sont morts chez eux... à Lestage ! Ils sont sans doute revenus dans leur ancienne demeure, du temps où Théodore, sa soeur et sa mère tenaient la boutique de fonderie.
Son fils Jean FLOUS 74 devient ensuite tonnelier à Listrac, au lieu de Lestage. Il est aussi listé dans le recensement de 1820, également au bourg de Listrac, avec sa femme et ses enfants, un garçon (que je n'ai pas encore identifié) et une fille (Catherine FLOUS 37) .
De leur côté, le vigneron journalier Jacques RICHEBON 300 (né vers 1711) et sa femme Marie MARTIN 301 (née vers 1723) viennent de Cars, paroisse située juste à l'ouest de Blaye. Puis ils passent l'estuaire de la Gironde pour aller dans le Médoc, et s'installent au bourg de Listrac au milieu du XVIIIème siècle. Mais vers 1757, ils déménagent de nouveau pour aller s'installer au village de Berniquet, puis au lieu de Peyrebade vers 1761, les deux lieux faisant partie de la paroisse de Listrac. Ils forment une famille de 10 ou 11 enfants :
On peut noter qu'à plusieurs reprises, on trouve le nom Richebon écrit "Réchibon", y compris dans les signatures des intéressés au bas de certains actes. Jacques RICHEBON 300 et Marie MARTIN 301 s'établissent enfin au lieu de Cantegric, aussi situé à Listrac. C'est là que Marie meurt le 27 juin 1783 à environ 60 ans, suivie de Jacques le 6 mai 1787 à l'âge de 76 ans.
A Listrac, je ne trouve pas de naissance d'enfants RICHEBON, ni le mariage de Jacques RICHEBON et Marie MARTIN, avant 1756 à Listrac, ni à Moulis. Je n'ai pas non plus trouvé à Listrac la naissance de Marguerite (1741), ni André (1742). Il y a bien le mariage d'un Jacques RICHEBON et d'une Magdeleine MARTIN à Cartelègue près de Blaye, le 6 février 1747, mais c'est un autre couple. Pas de trace de Jeanne (1747) et Thomas.
Je ne trouve pas la naissance de Pierre RICHEBON, vers 1758, à Listrac. ni à Moulis. Il est né ailleurs, avec ses frères et soeurs que je ne trouve pas, et c'est sans doute le lieu de mariage de ses parents. Rien à St-Laurent, ni à Cussac, ni à Lamarque, ni à Arcins, ni à Brach, ni à Castelnau. Essayer à Cars ?
Du côté de Moulis et d' Avensan, deux familles entrent dans la danse. En premier lieu, à Moulis, Jean FAURES 604 et son épouse Jeanne LISSANDRE 605 ont pour fils Jean FAURES 302 qui devient brassier et vigneron. Jeanne LISSANDRE 605 est née vers 1668 ; elle décèdera le 22 juillet 1748 à Moulis à près de 80 ans.
Non loin de là, à Avensan, Philippe AMBROY 606 et sa femme Marguerite GUICHET 607 ont pour fille Marguerite AMBROY 303 . Je n'ai absolument aucun détail les concernant à me mettre sous la dent.
J'ai trouvé à Avensan le décès de Pierre GUICHET, le 9 janvier 1764, au lieu-dit La Castera. Il était bouvier au Château Citran. Il est mort de maladie à environ 75 ans (donc né vers 1689). Est-il le père de Marguerite GUICHET (Sosa 607) ? Je n'en sais encore rien, mais si c'était le cas, il serait notre ancêtre Sosa 1214.
Quand le jeune Jean FAURES 302 rencontre la belle Marguerite AMBROY 303 , commence alors une histoire d'amour qui connaît l'apothéose lors d'un mariage qui a lieu le 14 février 1747, dans la paroisse d' Avensan. Je leur connais 4 enfants, les deux premiers nés à Moulis (au lieu dit la Mouline de Sentout), et les deux derniers nés à Listrac (au lieu de Lestage) :
Mais c'est bien l'aînée de ces deux filles qui intéresse le jeune Pierre RICHEBON 150 ... A tel point que le 31 janvier 1778, il épouse Marie FAURES 151 dans l'église de Moulis. Lui a tout juste 20 ans, et elle... 7 de plus !
Je n'ai pas trouvé à Listrac, ni à Moulis, ni à Avensan, le décès de Marguerite AMBROY avant 1778. Personne sur Généanet ne semble avoir trouvé son décès. Marguerite AMBROY doit être née à Avensan avant 1727, mais les registres ne sont en ligne qu'à partir de 1737.
Jean FAURE et Jeanne LISSANDRE sont mariés à Moulis le 4 février 1702, selon les Mariages 33 ; mais les registres manquent entre 1696 et 1737. Jeanne LISSANDRE est donc née vers 1668, et mariée après 1688. Les registres de Moulis commencent en 1692 (pas dans l'ordre) mais je n'y trouve rien.
Après leur mariage, Pierre 150 et Marie 151 s’installent à Moulis, au lieu dit le Petit Poujeau, là où naissent leurs 5 enfants :
Mais la famille quitte Moulis pour s'établir à Listrac, au lieu de Cantegric (lieu parfois écrit Cantegrit, ou Cantegris). La petite Catherine 75 devient cultivatrice et aide ses parents à travailler la vigne listracaise. Cependant le papa Pierre RICHEBON 150 décède à l'âge de 55 ans le 9 septembre 1813, seulement 3 ans avant le mariage de sa fille. Son épouse Marie FAURES 151 disparaît 3 ans après lui, le 14 décembre 1816, dans le domicile familial de Cantegric ; elle a alors 65 ans.
En bons voisins, Jean FLOUS 74 le tonnelier et Catherine RICHEBON 75 la viticultrice se connaissent, et peut-être même que l'un fournit à l'autre le contenant pour sa production ! Mais ils vont avoir bien plus en commun : ils se marient à Listrac le 24 février 1816. Quand leur union est officialisée, les jeunes gens s'installent dans la petite maison de Cantegric, où ils ont 4 enfants :
La famille possède dans ce lieu plusieurs pièces de vignes, une maison et un hangar sur un terrain de 30 m². Ces biens seront transmis aux enfants ROSSIGNOL en 1886, comme on le verra plus loin.
Mais à 58 ans, Jean FLOUS 74 tombe gravement malade, et n'a pas les moyens de faire venir un médecin. Il est alors transporté à l’Hôtel-Dieu à Bordeaux. Fondé au XIVème siècle, l'Hôtel-Dieu était administré par l'Eglise, et avait pour but de soigner les pauvres, les orphelins et les pèlerins de passage sur la route de Compostelle : "hôtel" vient de l' "hospitalité" donnée envers les nécessiteux. Aujourd'hui disparu, il se trouvait à l'emplacement de l'actuel Hôpital Saint-André, créé en 1829. Mais le nouvel hôpital a longtemps conservé l'ancien nom d'Hôtel-Dieu. Malheureusement, notre ancêtre y décède le 7 décembre 1844 ; le fait qu'il y soit mort montre la grande pauvreté dans laquelle vivait la famille.
Après la mort de son mari, le 17 janvier 1847, Catherine RICHEBON 75 demande à son notaire de Listrac Maître Louis BONNET de procéder à un partage anticipé de ses biens entre ses 4 enfants. Elle décèdera le 2 avril 1868 dans sa maison de Cantegric.
Mais auparavant, sa fille Catherine FLOUS 37 épousera Pierre ROSSIGNOL 36 , le 11 septembre 1846, à Listrac.
N.B. : Une nouvelle fois, merci à Paulette SEGUIN pour certains de ces renseignements.
*1 Source : "Listrac en Médoc dans le cours de l'histoire - Economie et société au XVIIIe siècle" de Marc Vignau, édité chez l'auteur.
Suite de l'histoire : vers Catherine FLOUS