La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
Explications sur les différents calendriers utilisés dans l'Histoire.
Convertir une date du calendrier républicain vers le calendrier grégorien
Pour situer une date dans l'Histoire.
Quelques mots sur l'origine des noms de famille.
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(raconté par Pierre Ducos)
J’ai connu, sur ses vieux jours, mon arrière-grand-mère Françoise dite Louisa LALLEMAGNE 19 . Elle est née dans la commune d’Arcins, le 30 avril 1861. Mais elle grandit à Moulis, au lieu-dit des Graves, avec sa soeur Marie-Jeanne dite Angèle LALLEMAGNE, où elle apprend à lire et à écrire. Sa photo ci-contre n'est pas très flatteuse, mais c'est la seule que je possède !
Louisa lit et parle le français, bien sûr, mais aussi et surtout un autre langage... Il s'agit du patois médocain, qui est une variante du gascon. C'est elle qui m’a appris ce langage. Faisons une brêve explication linguistique concernant ce patois, terme qui dans ma bouche n'a rien de péjoratif puisque c'est celui qui était utilisé par mes ancêtres pour désigner ce parler.
Sous la période romaine, le latin était bien sûr la langue officielle. Mais à côté du latin "classique", utilisé uniformément d'un bout à l'autre de l'Empire (langage véhiculaire), se développa un latin déformé suivant les localités et les régions (langage vernaculaire). Contrairement au latin officiel, employé principalement dans les écrits religieux et administratifs, ce latin "autochtone" était plutôt utilisé à l'oral et au quotidien dans les foyers. En quelques siècles, entre 400 et 600 après J.C., il devint un latin "vulgaire", c'est-à-dire populaire. Ce langage parlé, basé sur le latin, emprunte à la fois du vocabulaire aux langues d'origine parlées avant l'arrivée des Romains, et aux langues amenées par les nouveaux envahisseurs germains. Avec le temps, ce latin se diversifie suivant les zones géographiques, prend aussi des accents différents, et vers les années 800-850, des subdivisions locales se généralisent en un grand nombre de dialectes différents dans toute l' Europe. L'adjectif "roman" permet de clairement distinguer la langue obtenue du latin dont elle est issue. Ces langues romanes deviendront le castillan, le catalan, le portugais, le français, l'italien, le rhétique (région des Alpes entre Rhin et Danube), le sarde (en Sardaigne), le roumain et l'occitan.
Dans le tiers sud de la France, un groupe de langues occitano-romanes se met donc en place, et entre le XIème et XIIIème siècle, ce groupe donne plusieurs langues occitanes : le limousin, l'auvergnat, le vivaro-alpin, le languedocien et le provençal. On a longtemps cru que le gascon, parlé en Gascogne dans le sud-ouest du pays et donc en Médoc, était issu de ce groupe occitano-roman. Mais de récentes recherches ont démontré qu'il n'en est rien. Dans la Revue de linguistique romane de 2002, le professeur Jean-Pierre CHAMBON de la Sorbonne et Yan GREUB du C.N.R.S., démontrent que le gascon est apparu, émancipé du latin, à partir de l'an 600. Or à cette époque, l'occitan, ou langue d'oc, n'existait pas encore... Le troubadour Raimbaut de VAQUEIRAS, qui écrivait des poésies en langue d'oc au XIIIème siècle, qualifiait clairement le gascon de langue étrangère. Même si l'amalgame semble évidente au nom d'une simplification qui méprise la réalité, le patois médocain, variante du gascon comme l'est également le béarnais, n'est donc pas à l'origine un langage occitan ! La proto-langue développée entre les Pyrénées et la Garonne est l'aquitanique, mêlant celle des tribus celtes présentes sur les lieux et celle des voisins Ibères (les Vascons, qui donneront les noms "basque" et "gascon"). Ce n'est qu'au fil des siècles que le gascon évolue au contact de l'occitan voisin, et qu'on assiste à une sorte d'assimilation linguistique a postériori qui fait qu'aujourd'hui, le gascon est considéré comme une variété d'occitan.
Si le sujet est aujourd'hui encore polémique, on peut par contre constater que le gascon médocain est très proche du gascon garonnais et landais. On peut aussi remarquer une légère différence du patois parlé en bas-Médoc par rapport au reste de la presqu'île, notamment sur les inflexions phonétiques. C'est donc cette langue, si riche et si particulière, que parle Louisa à la maison, comme tous les habitants du sud-ouest. Car si à l'école, les enfants parlent et apprennent le français, sitôt rentrés au logis, tout le monde se parle en patois ! Mais l'arrivée de la T.S.F., puis plus tard de la télévision, allait uniformiser le langage parlé dans les foyer, y imposant le français et l'accent parisien des présentateurs dans toutes les régions françaises ! Aujourd'hui, seules les personnes âgées savent encore parler le gascon. Des personnes d'âge mûr peuvent le comprendre pour avoir entendu ce parler dans leur enfance, mais les jeunes générations l'ignorent en très grande majorité. Aquò 's damatge !
Louisa n'a que 16 ans quand elle épouse Pierre ROSSIGNOL 18 , que tout le monde appelle "Louis", le 29 novembre 1877 à Moulis. La veille, le jeune couple passe un contrat de mariage chez Maître Théodore DUPUY, notaire à Listrac. Ce contrat stipule que les époux vivent sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, leurs biens propres acquis avant leur union étant exclus de ladite communauté.
Les parents de Louisa lui donnent à l'occasion de ce mariage, un lit bateau en bois de noyer avec ses couches, couvertures et garnitures, une armoire également en bois de noyer, 6 chaises fines, une petite table en noyer, une petite glace, 6 draps de lit, 6 serviettes et 6 essuie-mains. Le notaire estime l'ensemble à 250 Francs. Du côté ROSSIGNOL, on constate que les parents du marié sont un peu moins riches : ils lui offrent 6 draps de lit, 6 serviettes et 6 essuie-mains, le tout d'une valeur de 60 Francs. Ce qui ne tombe pas dans la communauté, les biens propres à chaque époux, sont les habits, les linges, les bijoux et les charues.
Une fois mariés, Louis ROSSIGNOL 18 et Louisa LALLEMAGNE 19 s'installent d'abord au village de Les Graves, puis dans celui du Maliney, les deux à Moulis, dans ce relatif confort. Le jeune couple a 4 enfants :
Louisa travaille comme ouvrière agricole à Moulis. Elle habite d'abord au Château Chasse-Spleen, au Petit-Poujeau. Cette propriété fut bâtie dès 1720 par un grand bourgeois de Bordeaux, M. GRESSIER. Le nom de Chasse-Spleen est choisi en 1863 par Rosa FERRIERE, alors à la tête de l'exploitation, en souvenir d'une déclaration de Lord George Gordon BYRON. En effet, le célèbre poète romantique britannique, après avoir dégusté ce vin avec M. GRESSIER, aurait dit qu'il n'avait "pas son pareil pour chasser le spleen" !
Louisa habitera ensuite avec sa famille à la « Tamponnette » entre le bourg de Moulis et Bouqueyran. De 1891 à 1911, les recensements indiquent que la famille habite au bourg de Moulis. Louis est vigneron et sabotier, tandis que Louisa s'occupe des enfants qui vont quitter le foyer un à un pour aller vivre leurs vies (tous sauf un, nous le verrons plus bas). Si elle est souvent dite "sans profession" dans les listes de recensement, elle est parfois qualifiée de journalière (1901), comme le sont les enfants arrivés en âge de travailler, dès 14 ou 15 ans. Elle travaille donc parfois, à la journée, pour des tâches ponctuelles dans les vignes de la commune.
Après la mort de son mari en 1915, Louisa doit supporter, comme toutes les veuves, le lourd poids de la solitude. Elle reste cependant vivre à Moulis pendant une bonne vingtaine d'années avec son fils Maurice, le musicien. Comme il n'y a pas de retraite, il faut continuer de travailler, même après 60 ans ! C'est ce qu'elle fait par exemple chez Monsieur DELORS, en 1921.
Mais après le décès de Maurice en 1935, alors qu'elle atteint ses 75 ans et que plus rien ne la retient à Moulis, Louisa décide de déménager pour aller habiter chez sa fille Louise ROSSIGNOL 9 , son petit-fils Amiet DUCOS 4 , la femme de ce dernier, Marcelle GUIBERT 5 , et son arrière-petit-fils Pierre 2, à Libardac dans la commune de Listrac. On lui fait dresser un lit dans la salle au rez-de-chaussée de la maison, alors que les autres chambres sont à l'étage. Elle se rend encore utile en gardant la vache de la famille, et en enseignant le patois au petit Pierrot qui n'a que quelques années.
Cette période dure une douzaine d'années. Car c'est là, dans son domicile de Libardac, que Louisa décède à 88 ans, le 9 janvier 1950. Son voisin, le cultivateur Georges ORNON, grand ami d' Amiet et parrain du petit Pierrot, ira déclarer son décès à la mairie.
Sa sœur Angèle, quant à elle, épouse le 20 novembre 1884 à Moulis, le vigneron moulissois Jean Jules CHEM (né à Bordeaux le 16 juin 1862). Le jeune marié n'a jamais connu son père ; il a donc pris le nom de sa mère, Marie "Marinette" CHEM, qui exerce la profession de vachère à Moulis.
Jean et Angèle s’installent à Margaux et ont 2 filles :
Jean CHEM est d'abord vigneron au Château Duplessis à Moulis, où toute la famille habite (recensement 1891), puis devient homme d'affaires pour le domaine (recensement 1896). Il sera bientôt régisseur du château pour le compte de son propriétaire, Monsieur Gaston PRUNIER, puis de sa fille Marie PRUNIER suite au décès de celui-ci (recensements 1901 à 1911). Après la mort de son époux, Angèle vivra jusqu'à l'âge de 93 ans, puis s'éteindra à Margaux le 3 juillet 1959.
Vers sa fille Louise ROSSIGNOL