Généalogie de la famille DUCOS - PONTET

La famille du côté d' Yvette GOFFRE

Son grand-père paternel : Jean "Jeantil" GOFFRE

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(raconté par Yvette Goffre)

 

Les années de jeunesse

 

 

Mon grand-père Jean GOFFRE  28  est né le 25 juillet 1864, sous le 2nd Empire, à Avensan. On l’appelle Jeantil (en prononçant le « l »). Enfant, il habite à Léojean (on emploie à l'époque le nom de Crébats-Léujean), un hameau d'Avensan distant du bourg d'environ 5 kilomètres. C'est d'ailleurs cette distance que le petit Jeantil doit parcourir à pieds en sabots, et ce deux fois par jour pour se rendre à l’école.

 

Sa signature : Signature Jean Goffre

 

Devenu grand, son père Arnaud GOFFRE 56 lui apprend le travail de la vigne sur les terres d' Avensan. Dans le Médoc, savoir cultiver la vigne est une seconde nature pour les jeunes gens qui arrivent en âge de travailler. Ce n'est pas la seule chose que lui enseigne son père : Arnaud sait lire et écrire, Jeantil apprend lui aussi le maniement de la plume.

Avec une taille de 1,64 m, Jeantil est brun avec des sourcils noirs. Ses yeux sont qualifiés de "roux" sur sa fiche militaire, ce qui correspond à du marron clair ; son visage est ovale et son front couvert.

Le service militaire

En 1884, alors qu'il a 20 ans, Jeantil est convoqué devant le conseil de révision pour son service militaire. Mais son frère, Pierre GOFFRE, qui a 4 ans de plus que lui, est déjà sous les drapeaux : il est artificier dans le 14ème Régiment d'Artillerie depuis 1881. La durée du service dans l'armée active est de 5 ans depuis 1872, mais le fait d'avoir déjà un frère faisant son service militaire réduit la durée pour le frère plus jeune. La mention "Dispensé, frère au service" qui apparaît sur le registre matricule de Jeantil ne signifie pas qu'il n'a pas fait son service, mais que sa durée a été fortement réduite : il n'a effectué qu'une période d'instruction au 144ème Régiment d'Infanterie du 3 au 28 avril 1888 à Bordeaux. De ce fait, son degré d'instruction militaire est qualifié de "non exercé".

Puis il passe dans la réserve de l'armée active le 1er novembre suivant. Dans la réserve, il accomplit une première période d'exercices du 7 avril au 4 mai 1891, et une seconde du 30 septembre au 27 octobre 1895, toujours dans le même régiment à Bordeaux.

A 34 ans, Jeantil passe dans l'armée territoriale le 1er novembre 1898, et effectue une dernière période d'exercices du 29 octobre au 11 novembre 1900, dans le 140ème Régiment d'Infanterie Territorial. Il passe ensuite dans la réserve de l'armée territoriale le 1er novembre 1904, et sera libéré des obligations militaires le 1er octobre 1910 à 46 ans, à la veille du conflit le plus meurtrier de l'Histoire...

 

La vie de famille

C'est à Castelnau que le jeune homme rencontre Marie MONNEREAU  29 , que l'on appelle Estelle, de 3 ans son aînée. Le petit flirt du début laisse place à une véritable histoire d'amour. Leur mariage a lieu le 8 septembre 1885 à l'église Saint Jacques de Castelnau. Ils passent auparavant un contrat de mariage devant Maître LANDARD, notaire à Castelnau le 3 septembre précédent.

 

Castelnau
Castelnau-de-Médoc - L'église St Jacques
Pour remonter plus loin...

Trouver aux Archives Départementales de Gironde le contrat de mariage de Jean GOFFRE et Marie MONNEREAU chez Maître LANDARD, notaire à Castelnau-de-Médoc, le 3 septembre 1885, pour en savoir un peu plus sur leur niveau de vie. Ce document, côte 3 E 55173, n'est pas accessible en ligne.

 

Côté domicile, Jeantil et Estelle habitent d'abord à Avensan, où ils auront une fille, Marie dite Valentine en 1886. Puis ils s'installent ensuite à Sainte-Hélène, au lieu La Providence, où naîtront leurs 2 fils René (en 1890) et Henri GOFFRE  14 le 24 décembre 1892. Mais la famille ne tarde pas à aller s'installer à Moulis...

 

Chateau Mauvesin
Le château Mauvesin

Régisseur à Mauvesin

Pourquoi Moulis ? Simplement parce que Jeantil devient régisseur au château Mauvesin, qui se situe justement à Moulis, près de Bouqueyran. Ce château appartenait à l'origine à Jean de FOIX DE CANDALE (en 1457), Captal de Buch et seigneur de Castelnau, puis à la famille de La RIVIERE. Le nom même de "Mauvesin" provient d'un village de Moulis qui a aujourd'hui disparu. Le château fut vendu à Pierre LEBLANC, conseiller au Parlement de Bordeaux, en 1647. Il fut ensuite détruit, puis reconstruit par l'architecte PERRIER, à la demande du dernier marquis de Mauvesin, Louis LEBLANC, en 1853. A la mort de ce dernier en 1881, c'est son cousin le comte de BARITAULT DU CARPIA qui en hérite. Le château est encore aujourd'hui la propriété de cette famille... qui se trouve être une branche cousine de la nôtre ! Voir à ce sujet la page des Origines des BARITAULT.

Je ne sais malheureusement pas en quelle année Jeantil est entré à Mauvesin. En tout cas entre 1894 et 1908... Mais quand ? De plus, il ne fait pas qu'y travailler, il y habite également avec son épouse et ses 3 enfants Valentine, René et Henri. Malheureusement pour la famille, l'aînée Marie GOFFRE dite Valentine décède à 22 ans le 26 mai 1908 de tuberculose pulmonaire. Dans l'acte de décès de sa fille, Jeantil est dit "homme d'affaires" à Mauvesin. Il y travaillera jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite en 1922.

Comme tout le monde, pardon, comme tout Médocain, Jeantil est un grand chasseur devant l'Eternel. Il lui arrive même de partir en Sologne pratiquer la chasse à courre. Le voyage et l'activité se déroulent en compagnie de gens importants comme des préfets, ce qui lui permet en plus de soigner son relationnel.

Pour remonter plus loin...

Pourquoi dis-je que Jeantil est entré à Mauvesin après 1894 ? Jean étant témoin au mariage de son beau-frère Louis "Férreol" MONNEREAU en 1894 à Castelnau, il est dit habitant de Ste-Hélène. Il est donc devenu régisseur à Mauvesin après cette date.

Si des archives existent au château Mauvesin, il serait intéressant d'y trouver la date d'entrée de Jean GOFFRE, entre 1894 et 1908, et des infos plus précises sur les fonctions qu'il y occupait.

Sur ce lien on trouve le livre "Bordeaux et ses vins : classés par ordre de mérite" 9ème édition datée de 1922 (ici une transcription de ce livre). On y trouve des informations intéressantes sur les chateaux, y compris ceux du Médoc, et sur leurs propriétaires.

L'installation à Bouqueyran

C'est donc à 58 ans que Jeantil part à la retraite : avec son épouse Estelle, il quitte alors le château de Mauvesin. Ils restent cependant dans la commune de Moulis, mais à un petit kilomètre seulement du château où Jeantil a fait sa carrière : ils achètent le Château Lacour situé dans le village de Bouqueyran, à Louis BECHAT qui avait déjà réussi à classer le domaine en "Cru bourgeois supérieur".

Chateau Lacour1    
Le château Lacour à Bouqueyran, étiquette de vin de 1908

 

Au même moment, leur dernier fils Henri emménage avec sa femme et ses 2 premiers enfants à Barreau, commune d' Avensan. Quant à René, il est déjà parti vivre à Castelnau avec son épouse et son fils André.

 

Une santé fragile

Jeantil porte par contre plutôt mal son surnom, car gentil, il ne l'est guère. Quand son fils Henri attrape la fièvre typhoïde qui l'empêche de travaille rà Barreau, il se trouve du même coup en manque d'argent. Le problème de santé se double alors pour lui d'un problème financier. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, son père refuse de lui apporter son aide. La générosité de Jeantil atteint ses limites quand il s'agit d'argent, même pour ses propres enfants...

Du reste, Jeantil a lui aussi beaucoup de problèmes de santé. Asthmatique, il doit passer 13 ans de sa vie sans se coucher, car sitôt qu’il s’allonge, il s’étouffe. Puis à 67 ans, en 1931, il est admis à la Maison de Santé de Tivoli, à Bordeaux, pour se faire opérer de la prostate. Mais en raison de son asthme, le chirurgien doit se résoudre à l'opérer sans anesthésie... Cette intervention se déroule dans les souffrances qu'on imagine. Après l'opération, son état de santé s'améliore et il peut quitter Tivoli.

 

Tivoli
La Maison de Santé de Tivoli, à Bordeaux

 

Mais des complications surviennent quelques années après : à 74 ans, il se fait de nouveau opérer de la mastoïdite (l’os de l’oreille était infecté), toujours sans anesthésie, au marteau et au burin ! Dans ces conditions extrêmes, Jeantil fait une congestion cérébrale et meurt 8 jours après, le 25 octobre 1938, à Castelnau. L'acte de décès précise qu'il est mort "avenue de la Gare", sans doute près de la maison de son fils René qu'il venait visiter.

Pour remonter plus loin...

Du moins je suppose que Jeantil venait voir son fils René, car je ne sais pas son lieu exact d'habitation (à part que c'est à Castelnau). Il y habitait en 1938, date à laquelle il va déclarer le décès de son père à la mairie de Castelnau. Mais comme Jeantil habite à Bouqueyran, le fait qu'il décède à Castelnau me fait pencher vers cette hypothèse, qui reste à vérifier.

 

Vers sa femme        Marie "Estelle" MONNEREAU