La numérotation Sosa, la recherche des ancêtres,... Quelques bases pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Une présentation de la terre de nos origines, et les grandes ligne de l'histoire de notre famille au fil du temps...
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Marie dite Lucienne JUFORGUES 13 est née le 1er février 1898 à 6 heures du matin, au quartier de La Halle à Margaux. Mais son enfance ne se passe pas dans les meilleures conditions. La petite Lucienne ne s’entend pas avec sa mère Arnaudine 27 , qui a un caractère bien trempé. Du coup, elle-même développe une forte personnalité : mère et fille se retrouvent souvent en conflit.
C'est pourquoi à 9 ans, Lucienne se retrouve placée chez sa marraine, qui est institutrice. Cette dernière en profite pour lui faire faire son ménage.
Puis vers 12-13 ans, elle retourne vivre avec ses parents à Moulis, au lieu de Peyvigneau. Elle travaille au château de Mauvesin (aussi situé dans la commune de Moulis), en tant qu’ouvrière agricole, dont vous pouvez trouver la photo ci-contre. C'est dans ce château qu'elle rencontre un cultivateur y travaillant également, Pierre dit Odoris SILVEYRE.
Celui-ci, fils de Nicolas SILVEYRE et de Jeanne PONTET, a 10 ans de plus qu’elle. En effet, il est né le 28 août 1888 à Listrac (plus précisément à Lestage). Sur le document du recensement de Listrac pour l'année, on constate que le patronyme diffère un peu, car il est écrit SIBEYRE.
Par sa fiche matricule, on apprend qu' Odoris a eu des démélés avec la justice. En effet, le 21 mai 1908, le Tribunal Correctionnel de Bordeaux le condamne à 3 mois de prison avec sursis et à 100 francs d'amende "pour coups". On n'a pas plus de détails sur cette affaire, mais cela n'empêche pas Lucienne de se marier avec Odoris à Moulis, le 15 janvier 1914. Elle n'a que 15 ans et 3 mois, lui en a 26.
Le jeune couple a très envie de mouvement : trois mois après ce mariage, le 9 avril, Odoris SILVEYRE et Lucienne JUFORGUES déménagent pour s'installer à Cantenac. Puis le 18 juin, ils reviennent habiter à Moulis. Ils habitent aussi un temps dans une petite maison de la propriété du château Lacour à Bouqueyran (voir le croquis ci-dessous).
Mais la Première guerre mondiale oblige Odoris à partir pour le front. Il est mobilisé le 3 août 1914 pour être incorporé au 49ème Régiment d’Infanterie en tant que simple soldat. Il est dans la 5ème compagnie, à la section des mitrailleurs, sous l'autorité du lieutenant CARRERE. Son premier combat sera celui de Charleroi, en Belgique. Lors de cette terrible bataille, brutalement frontale, l’armée française est totalement défaite par les Allemands. Comme presque tous ses compagnons d'arme, Odoris meurt pour la France, tué à l’ennemi le 23 août 1914 vers 16 heures, à Gozée-Namur en Wallonie, dans la province du Hainaut. Il fait partie des 896 hommes qui sont tombés sur les 3299 soldats du régiment présents au matin. Sa dépouille est inhumée par les soins des autorités allemandes dans le cimetière des soldats français de Gozée.
Mais pour la pauvre Lucienne qui n’a jamais eu de nouvelles, Odoris est porté disparu… Il n’aura pas eu d’enfant. La loi du 3 décembre 1915 impose que la disparition d'un soldat, remontant à plus de 2 ans et sans acte régulier de décès, soit considéré comme un "décès constant". La transcription du décès du soldat Pierre SILVEYRE dans les registres de Moulis a finalement lieu le 14 mai 1921, presque 7 ans après qu'il ne soit tombé "pour la France".
De son côté, Lucienne travaille sur la voie ferrée, pour vérifier la bonne tenue des rails. Les hommes étant partis à la guerre, ce sont les femmes qui devaient effectuer ce travail. Mais sa mère, qui décidément cumule les gentillesses, lui prend tout son salaire ! Ce point délicat est une nouvelle cause de friction entre les deux femmes, et dégrade encore un peu plus leur relation.
On comprend alors que Lucienne préfère quitter le Médoc pour aller travailler chez Maurice GUILHEM, au domaine Laborie à St-Jean d'Illac (dans le lieu dit Boulac), à l'ouest de Bordeaux. La jeune veuve y effectue tous les travaux agricoles comme les semailles, le labour, le fauchage et la moisson. Du domaine, elle part aussi livrer le lait à Bordeaux cours Victor Hugo (elle disait « sur les fossés »). Cette expression est dûe au fait qu'au XIIIème siècle, les Bordelais ont construit une enceinte fortifiée autour de la ville, composée d'une double muraille et de son fossé. Le tracé du fossé passait sur l'actuel cours Victor Hugo.
Puis vers la fin de la Grande Guerre, Lucienne, qui a 20 ans en 1918, revient à Listrac rejoindre ses parents qui vivent à Lestage. Elle travaille alors au château Lestage où elle rencontre le vigneron René PONTET 12 . Ce dernier, qui rentre tout juste de la guerre, retourne à son vrai métier en travaillant également au château Lestage, où oeuvre déjà son père Alcide.
Nul doute qu'à un moment donné, Lucienne a demandé à René s'il connaissait un certain Odoris pour savoir ce qu'était devenu son mari. Mais René a certainement dû lui dire qu'il ne le connaissait pas, et pour cause : il a été incorporé en 1916 alors qu' Odoris est mort en 1914. Le jeune homme de 21 ans lui raconte les horreurs de la guerre, les habitudes des poilus dans les tranchées, les grandes peurs et les petites joies du quotidien. La personnalité de René d'une part, et son parcours d'homme pendant la guerre d'autre part, finissent alors de séduire la jeune veuve...
La séduction joue tellement bien son rôle que le 14 novembre 1919, Lucienne se remarie donc avec René à Listrac. La décision n'a pourtant pas été facile pour le jeune homme : sa mère, Ma BOUSCARRUT 25, ne voulait pas de cette union parce que Lucienne était veuve. Mais René a lui aussi du caractère et sait parfaitement ce qu'il veut. Bien que les deux jeunes gens n'aient fait aucun contrat de mariage, le mariage eut quand même lieu, et heureusement pour nous ! D'ailleurs Ma était, malgré son opinion, bien présente à la cérémonie.
Onze mois plus tard, Lucienne et René ont un fils unique, Pierre Henri PONTET, dit Riri 6 qui naît le 28 octobre 1920 dans leur domicile au château Lestage. Ils décident alors de s'installer définitivement à Codres, lieu-dit situé également à Listrac. dans la maison achetée par Ma.
En 1931, Lucienne et son mari, qui ont respectivement 33 et 34 ans, commencent à travailler chez le propriétaire Henri BIBIAN. Ils vont lui être fidèles pendant de nombreuses années. En effet, après 35 ans de bons et loyaux services, Lucienne reçoit en 1966 le diplôme de médaille de Vermeil, qui est une médaille d’honneur du travail agricole.
Mais Lucienne doit de nouveau surmonter une terrible épreuve : son second époux disparaît en 1948. Veuve pour la seconde fois à 50 ans, la courageuse femme passe le reste de sa vie à Codres, où elle vit désormais seule dans la petite maison accollée à celle de son fils Henri, de sa bru Yvette et de ses 2 petites-filles.
Un brevet de pension de veuve nous indique en 1958, qu'elle touche la somme de 848 francs (on parle en anciens francs) par trimestre ! Cette pension est due au veuvage de son premier mari disparu à la guerre de 1914-1918.
Elle y décède à l’âge de 91 ans, le 16 juillet 1989.
Vers son fils Pierre "Henri" PONTET
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